L’exposition, sublime, est en grande partie une découverte.
On connaît le labyrinthe de sculptures et de céramiques, pour certaines monumentales, que Miró a créé pour la Fondation Maeght inaugurée à Saint-Paul en 1964.
Aimé Maeght avec qui il était lié depuis les années 1940 lui avait offert en ce lieu la possibilité de réaliser des œuvres en emprise totale avec la nature.
A Vence, et dans bien d’autres musées d’Europe notamment, se déploie largement l’œuvre peint de Miró, ces grandes toiles constellées de signes, d’étoiles, de taches de couleurs primaires et de traits rappelant la calligraphie, ces tableaux qui sont de larges plages où Miró recrée le monde, où se réunissent, se croisent ou s’entrechoquent tous les éléments de l’univers.
L’exposition à voir au Musée Maillol à Paris jusqu’au 31 juillet permet de compléter cette approche de l’artiste catalan, grâce à la réunion d’une centaine de sculptures issues de la Fondation Maeght. S’y ajoutent 19 céramiques (un aspect fondamental de sa création, entreprise avec Josep Llorens Artigas, à l’époque des premières sculptures) et une immense peinture, non seulement magnifique mais aussi indispensable pour mettre en évidence la cohérence de l’œuvre de Miró.
Dans les différentes disciplines, l’artiste semble toujours se situer à la frontière de l’observateur de la nature et du bâtisseur, de l’abstraction et de la figuration, de la géométrie et du déséquilibre. Face à ses sculptures, l’on se dit qu’il fait partie de ceux qui osent tout, qui ont l’ambition démesurée de créer une sorte de totalité, et trouvent, grâce à leur génie, les moyens plastiques d’y parvenir.
Ce sont des assemblages d’objets hétéroclites, objets manufacturés et reliefs trouvés dans la nature mêlés, couverts de toutes les déclinaisons de patine imaginable, du noir le plus neutre à la couleur la plus éclatante, en passant par toutes sortes de reflets bruns, ocres, ou vert-de-gris. Ils forment des personnages étranges, souvent des femmes, mais aussi des hommes et même parfois les deux à la fois – ce peut-être en tournant autour de la sculpture (quand la mise en espace le permet !) que l’on découvre ces points de vue différents. Ce sont ailleurs des animaux un peu fantastiques, qui peuvent se présenter comme un simple chien ou un oiseau. Les deux mondes, humain et animal aiment à se rencontrer, un oiseau venant alors se poser sur la femme.
Les volumes sont souvent géométriques, alors qu’ici ou là des ex-croissances, des ajouts viennent menacer l’équilibre, mais sans jamais le rompre. La "composition" est toujours solide, même dans ses sculptures les plus étranges ou les plus aériennes.
S’y retrouvent les motifs récurrents de l’univers de Miró, comme les cornes, les croissants de lune, les étoiles, les pieds humains, les disques, les lignes primitives ou préhistoriques. La nature englobe terre et monde stellaire ; et l’homme semble se déployer avec la plus grande évidence dans cette totalité.
Se laissent découvrir, parfois un peu cachés, des incisions, toutes sortes de signes, à la fois évocations d’écritures anciennes et marques ultime d’accomplissement de l’œuvre par l’artiste. Comme pour rappeler qu’une sculpture, comme une peinture, non seulement s’inscrit dans l’Histoire mais aussi raconte une histoire, signée collectivement et individuellement.
Il en va sans doute également de cette démarche lorsque Miró titre ses œuvres Monument dressé en plein océan à la gloire du vent, Oiseau lunaire, L’horloge du vent… Il se fait alors poète au sens littéral, illustrant explicitement le lyrisme et l’onirisme de ses splendides créations.
Miró sculpteur
Musée Maillol
61, rue de Grenelle 75007 PARIS
M° Rue du Bac
TLJ de 10 h 30 à 19 h, le ven. jsq 21 h 30
Jusqu’au 31 juillet 2011
Entrée 11 € (TR 9 €)
Images : Tête de femme et oiseau, Bronze, 1972, 102 x 70 x 44 cm © Successió Miró/Adagp, Paris 2011 Archives Fondation Maeght, Saint Paul Photo Galerie Maeght, Paris Photo Claude Germain
Jeune fille s’évadant, Bronze peint, 1968, 198 x 34,5 x 65 cm avec socle © Successió Miró/Adagp, Paris 2011 Archives Fondation Maeght, Saint Paul Photo Claude Germain
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