Deux bonshommes en costumes gris sur fond de cosmos, deux fauteuils et la lumière pour décor.
Epure et jeux de mots : c’est parti pour 1h30 de saynètes enchaînées, ping-pong verbal dont les joueurs sont François Morel et Jacques Gamblin.
A l’origine du texte, des sketchs radiophoniques que Jean Tardieu commande en 1953 à Rolland Dubillard. Elles sont données quotidiennement sous le nom de Grégoire et Amédée. En 1975, l’auteur les adapte en pièce : voici Les Diablogues.
Ces dialogues mi-cocasses mi-absurdes nous plongent dans des situations qui n’existent que par le verbe, dans un monde qui se révèle par l’exploration du langage.
La densité de certaines scènes confère par moments au spectacle une profondeur prenante, telle celle où les compères essaient de comprendre pourquoi l’un dit "Je ne supporte pas de me promener sous la pluie". Ils déroulent alors les questions comme autant de pelotes, dans une tentative d’avancée un peu désespérée. Le duo, qui a le langage pour seul bagage, prend ainsi quelque reflet touchant.
La conviction et l’engagement des deux comédiens dans cette aventure sont forcément communicatifs, si bien que l’on finit par prendre du plaisir à suivre les joutes verbales, pourtant très datées et assez inégales.
Et l’on rit même parfois, sous l’effet de l’irrésistible talent comique de François Morel à qui cette absurdité sied plutôt bien. Jacques Gamblin, lui, en tout point son opposé – y compris physiquement, petit format sec et nerveux – joue sur le "tragique" des situations. Mais rien de sérieux dans tout cela. La soirée est à conseiller pour découvrir l’auteur si on ne le connaît pas et pour la performance des comédiens. Mais peut-être ne faut-il pas en attendre davantage.
Les Diablogues. Rolland Dubillard
Avec François Morel et Jacques Gamblin
Mise en scène Anne Bourgeois
Théâtre du Rond-Point
A 18 h 30, durée 1 h 30
Jusqu’au 31 décembre 2007