John Singer Sargent (1856-1925) et Joaquin Sorolla (1863-1923) ont tous deux rencontré le succès de leur vivant mais sont peu connus aujourd’hui.
L’exposition se propose – avec succès – de mettre en avant le travail sur la lumière de ces deux artistes du XIX° siècle post-impressionnisme.
Sargent est né à Florence dans une famille américaine aisée ; il a reçu une éducation toute européenne.
Sorolla, né à Valence en Espagne, vient d’un milieu beaucoup plus modeste.
C’est en Espagne précisément que leurs inspirations se sont croisées, où les deux jeunes artistes ont été très impressionnés par la peinture de Velasquez, admiration très visible dans certaines de leurs oeuvres.
Le Petit-Palais , musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris avait donc plus d’un motif pour effectuer un rapprochement, qui n’a effectivement rien d’artificiel, entre les deux peintres.
Le parcours, à la fois chronologique et thématique, est étayé de commentaires simples et opportuns. L’éclairage des oeuvres, parfois naturel, est particulièrement réussi.
D’emblée, l’oeil est surpris avec les premiers tableaux d’intérieurs et portraits de Sargent : Robert Louis Stevenson et sa femme et Le verre de Porto : on est loin de l’académisme de la scène d’intérieur. Sargent peint ces couples appartenant aux classes sociales élevées avec une audacieuse humanité : sur les deux tableaux, chacun des époux regarde de son côté. Une porte ouverte sépare Stevenson de sa femme, curieuse sensation …
Sargent ne manquera d’ailleurs pas de choquer à Paris : le portrait de Virginie Goutreau Madame X, montrant le modèle les épaules nues dans une pose alors considérée provocante, exposé au Salon en 1884 va susciter un scandale qui le conduira à s’expatrier à Londres l’année suivante.
Cet épisode ne lui aura pas porté malchance, bien au contraire : dans la haute société britannique, il deviendra rapidement le portraitiste le plus demandé de son époque.
Dans ses peintures de groupe et portraits d’apparat, le rapprochement, comme pour Sorolla, avec Les Ménines de Velasquez est évident. Mais ses portraits sont aussi caractérisés par patte qui lui est toute personnelle, celle d’une certaine « verticalité ».
Les visages blancs, les vêtements pourpres ressortent des décors sombres, l’équilibre couleurs/composition est très séduisant.
On retrouve ici un contraste qu’on avait admiré plus avant du parcours : après son séjour en Espagne, Sargent, marqué également par la peinture de Goya, a réalisé des tableaux de scènes typiquement hispaniques montrant qu’il a su réinterpréter l’influence des maîtres qui l’ont inspiré : la magnifique Gitane ou encore La danse espagnole mettent en scène un clair/obscur parfaitement apprivoisé.
Plus personnelles sont ses oeuvres tardives : l’aquarelle autorise un coup de pinceau vif, enlevé, qui capte la lumière et rend la transparence. Avec Venise, il se place au niveau de l’eau pour saisir les gondoliers dans un tableau très vivant, magnifiquement coloré de verts et de bleus. Mêmes teintes et beaucoup de naturel avec Femme turque au bord d’une rivière : les vêtements du modèle étendu se fondent avec l’eau et les végétaux qui l’entourent, pour une impression de repos et de symbiose avec la nature est très réussi.
Preuve que John Singer Sargent a su déployer son talent dans des oeuvres de styles extrêmement différents.
Poursuite de la visite des Peintres de la lumière demain en compagnie de Joaquin Sorolla…
Peintres de la lumière. Sargent / Sorolla
Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
Avenue Winston-Churchill – Paris 8ème
Jusqu’au 13 mai 2007
Tlj sauf lundi et jours fériés de 10 h à 18 h
Nocturne le mardi jusqu’à 20 h
Tarif 9 € (TR 4,50 € et 6 €)
Catalogue de l’exposition 49 €, Petit Journal 2 €
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