12 000 m2 consacrés à la mode et au design : tel est le programme du MUDE, ouvert en 2009 dans les anciens locaux de la Banque nationale d’Outre-mer, en plein cœur du quartier Baixa à Lisbonne.
La réhabilitation des lieux n’étant pas terminée, pas question pour autant d’attendre la fin des travaux pour commencer à montrer ! Deux expositions sont déjà magnifiquement installées, dans des lieux presque encore d’origine.
Au rez-de-chaussée, l’exposition permanente issue de la collection de l’homme d’affaires Francisco Capelo nous entraîne à travers des décennies de mode et de design, des années 1940 à nos jours. Nous y reviendrons.
Au sous-sol, la surprise est de taille : nous voici carrément dans la salle des coffres !
Tout y est : les multiples portes blindées équipées d’énormes verrous à combinaison, une odeur métallique saisissante, de petits bureaux coiffés de lampes de banquier, et bien sûr des coffres à perte de vue.
Inutile de chercher le grisbi toutefois : les coffres sont certes garnis, mais… de toutes sortes de semences !
Cette salle des coffres a été construite en 1964, à l’occasion du centenaire de la Banque nationale d’Outre-mer. Avec ses vestiaires, ses pièces individuelles pour recevoir les clients, son système de ventilation autonome, son plafond en acier sans tain, elle constituait un modèle de sophistication, d’élégance et de sûreté.
Le MUDE veut préserver ce design singulier dans son intégralité – association d’acier, de vert et de lignes années 1960 – et l’ouvre pour la première fois au public, mais pour protéger "un capital dont dépend la survie de l’espèce".
C’est ainsi que sous la lumière blafarde de massifs plafonniers blancs, quelques uns des 3 552 coffres présentent dans leur face vitrée des graines de toutes sortes, fèves, pois chiches, haricots, millas, sésame, maïs, ail blanc et rose, poivre, graines de tomates, fèves de cacao, tournesol, luzerne…
La symbolique est forte ; ce décalage entre l’écrin blindé destiné à protéger les valeurs économiques les plus élevées et quelques poignées de semences légères comme l’air dont la valeur semble nous avoir échappé au fil du siècle dernier, est des plus troublants.
La présentation de l’exposition revendique ce "choc" ; son objet étant de susciter une prise de conscience :
"Considérées comme un dot de mariage dans les temps anciens, les graines étaient utilisées comme monnaie dans le nombreuses transactions. Le processus de domestication des plantes et des animaux représente l’une des innovations majeures de l’histoire de l’Homme, avec de profondes répercussions socio-culturelles.
Aujourd’hui, avec la recherche scientifique pour améliorer les végétaux, le changement climatique et les manipulations génétiques, nous entendons parler de plus en plus de banque de graines, de diversification des systèmes de production, d’appauvrissement génétique, de maintien de la bio-diversité, de l’impact négatif de la nourriture transgénique, de l’agro-écolologie et de l’agriculture urbaine. (…) Dans ce contexte, le MUDE présente 500 variétés de semences plantées au Portugal, offrant une opportunité unique de révéler davantage ce capital culturel et le "design" que la nature nous a légué. L’idée de l’exposition est d’aider le public à prendre conscience, de le sensibiliser à la bio-diversité, à la préservation de ce capital qui est également synonyme d’origine et de naissance par sa capacité à germer et à créer la vie".
Museu do Design e da Moda
MUDE
R. Augusta, 24 – 1100-053 Lisboa PORTUGAL
Tel. + 351 21 888 61 17 / 23
Exposition Sementes, Valor capital à voir jusqu’au 20 mars 2011
Entrée libre
fotografias: Luisa Ferreira | MUDE 2010
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