Jayne Mansfield 1967. Simon Liberati

De ce court roman, on retiendra surtout le premier chapitre, qui décrit dans le détail l’accident de voiture qui a coûté la vie à Jayne Mansfield, actrice américaine déchue des années cinquante : « Une rage qu’aucun signe annonciateur ne laissait prévoir avait coincé sous les zones inférieures du châssis, graisseuses, immondes, le métal étranger, plus fin, féminin, colorié de bleu pâle, sans prendre garde aux froissements, aux déchirures, aux dégâts irréversibles que le contact entre les deux matières infligeait à la plus fragile ».

Ensuite il est difficile de se passionner pour un personnage envers lequel l’auteur ne semble pas éprouver beaucoup d’empathie. C’est en 2011 que le roman a obtenu le prix Fémina, et le lecteur d’aujourd’hui doit imaginer, davantage que ce que le récit nous en dit, comment le « système hollywoodien » a pu mettre à mal nombre d’actrices de l’époque. Certes il nous fait le tableau des conséquences  sur le physique de Jayne : « Son corps énorme par rapport au diamètre de son petit visage, immobile comme un serpent, ondulait vers le sol fourré de la Bentley. Elle portait une robe noire, déchirée sur les côtés… ou plutôt ouverte en bouche de tragédie. Par les ouvertures sortaient ses flancs gonflés comme des seins ou des fesses ».

Mais le côté distant de l’écriture ne nous fait pas vraiment dépasser une vague pitié pour une artiste présentée comme sans talent, davantage victime de sa personnalité psychologique que maltraitée par la production cinématographique d’alors : « L’imposteur, la mythomane qu’une mère rigide et exigeante avait démasquée dès son plus jeune âge trouve dans le star-system le remède à sa faille intime ».

Aussi suivons nous les derniers mois de la vie de l’actrice sans grand enthousiasme, comme si nous ne pouvions croire aux sentiments qu’elle a pu éprouver pour ses proches, amants ou enfants, comme s’il n’y avait, derrière cette « artiste de cabaret mal soignée » qu’elle était devenue, aucune vraie personnalité : « Elle comble les vides, elle remplit son rôle (…) pour cacher son absence d’être ».  Encore aurait-il fallu partir de l’hypothèse que vivait un être sous les images, et ce ne semble pas être le parti de Simon Liberati.

Andreossi

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