Bamboo Blues. Pina Bausch

Bamboo Blues, Pina Bausch au Theâtre de la VillePina Bausch est allée en Inde avec sa troupe pour créer son dernier spectacle, dans le Kerala et à Calcutta. Elle en a ramené ses couleurs, ses parfums, sa musique, dans une pièce dansée inspirée et dénuée de kitch.

Les représentations de Bamboo Blues, montré en primeur au Théâtre de la Ville à Paris selon une tradition établie depuis près de trente ans, se sont achevées mercredi dernier à guichet fermé.

A l’image des splendides voiles blancs parcourus d’une légère brise en fond de scène, du début à sa fin, la soirée est bercée d’une douce beauté. Les robes des femmes, le poli des corps, les chorégraphies en rondeurs et rapprochements créent une sensualité d’ensemble, mise en évidence avec plus de force et toujours beaucoup de simplicité dans certains tableaux, siestes tranquillement balancées sur des rondins de bois ou scène de toilette dans une brume d’eau.

Pina Bausch explore à nouveau les thèmes qui lui sont chers, comme celui des rapports entre les hommes et les femmes, faits d’attraction, d’amour, mais aussi de jeux de domination et de cruauté. Peu de violence pourtant dans Bamboo Blues ; la séduction est elle omniprésente. Elle atteint son apogée lorsqu’apparaît Shantala Shivalingappa, d’une finesse et d’une grâce incroyables, exécutant un solo qui semble renvoyer tous les autres au rang de gestuelles éculées et incarner à elle seule tout le charme et toute la féérie de l’Inde, lumineuse, délicate, magnifiquement "posée".

A réserver : Pina Bausch reviendra l’année prochaine au Théâtre de la Ville, d’abord avec une reprise, Wiesenland, du 7 au 14 janvier, puis avec une création du 19 au 29 janvier 2009.
A lire : Pina Bausch vous appelle par Leonetta Bentivoglio et Francesco Carbone (traduction de Leonor Baldaque, L’Arche, 2007)

Site de Pina Bausch
Site du Théâtre de la Ville

Facebooktwitter

Eldorado. Bouli Lanners

Bouli Lanners, EldoradoL’on se souviendra longtemps de cette terre belge, de ses forêts, de ses rivières, et aussi de son ciel, de ses lumières et de ses nuages aux nuances infinies. Bouli Lanners a, selon son expression, « repoussé les frontières » de son petit pays et a donné à son road movie la splendeur des grands espaces nord-américains avec la subtilité des maîtres flamands. Immédiatement, les dons du réalisateur crèvent l’écran : son sens du graphisme, son goût pour l’étrangeté, son talent pour faire surgir l’inattendu, l’humour, le surréalisme, et soudain l’émotion. Quant à l’acteur, il a non seulement un visage et une corpulence bien à lui mais encore une façon de se mouvoir, de parler et de regarder, bref ce qu’on appelle une présence.
Il n’a pas l’air, comme ça, avec son histoire de revendeur de « belles américaines » qui un soir trouve sous son lit Didier, un voleur à la petite semaine qu’il finit par embarquer dans sa Chevrolet. Les rencontres et les situations cocasses se succèdent ; mine de rien, les personnages se dessinent, une relation se noue, les blessures refont surface, le passé vient retourner les coeurs, à l’image du jardin de la mère de Didier que les deux hommes bêchent dans une magnifique scène. Transmission, humanisme, culpabilité, il y a tout cela dans l‘Eldorado de Bouli Lanners, mais il y a aussi l’élégance d’un cinéaste qui économise les dialogues, choisit soigneusement ses plans et caresse les demi-teintes avec une singulière douceur.

Eldorado. Bouli Lanners
Avec Bouli Lanners, Fabrice Adde, Philippe Nahon
Durée 1 h 15

Facebooktwitter

Espagnolas en París, Différent !

Espagnolas en Paris, Différent !A l’initiative d’un groupe d’amis ibériques auxquels se sont joints professionnels et amateurs de cinéma, les soirées Espagnolas en Passy ont réuni chaque dernier lundi du mois depuis janvier 2008 Espagnols d’origine et d’affinité au Majestic Passy autour de films espagnols inédits. (1)
Lancé au coeur de ce quartier historique de l’immigration espagnole à Paris, le projet se prolonge et s’élargit autour de la manifestation Espagnolas en París, Différent ! qui aura lieu dans trois cinémas parisiens du 19 au 22 juin 2008.

La fête commence jeudi à 20 h au Majestic Passy avec Tristana de Luis Buñuel (1970). Catherine Deneuve y sera accueillie par Juan Luis Buñuel et Laura del Sol.

Elle se poursuit vendredi au Latina dès 16 h 30 avec un cycle de courts et longs métrages sur le thème de l’intolérance et des discriminations. A 19 h, toujours au Latina, projection des Vilains de Xavier Durringer, en présence du cinéaste, de Paco Ibañez, Yves Boisset, Jean-François Stévenin…
La soirée se finira tard avec la Nuit de l’étrange espagnol qui démarre à 22 h.

Samedi, le Reflet Médicis célèbrera la fête de la musique, en salle (Le Silence avant Bach de Pere Portabella, La leyenda del tiempo de Isaki Lacuesta…), puis dans la rue avec un concert à partir de 23 h.
La manifestation se clôturera dimanche 22 au Latina avec la projection à 20 h de Españolas en París de Roberto Bodegas.
Vins et charcuteries, espagnols naturellement, promettent de réchauffer, si besoin est, ces amicales soirées.

Renseignements aux cinémas :
Le Majestic Passy
18 rue de Passy – Paris XVIème
Tel : 08.92.68.48.24
Le Latina
20, rue du Temple – Paris IVème
Tél : 01.42.78.47.86
Le Reflet Médicis
3, Rue Champollion – Paris Vème
Tel : 08 92 68 48 24

(1) Espagnolas en Passy

Facebooktwitter

Un conte de Noël. Arnaud Desplechin

Un conte de noel, Arnaud DesplechinC’est l’histoire d’une famille un peu déjantée, voire carrément folle, en tout cas extrême. Mais une famille à laquelle l’on croit et l’on s’attache immédiatement parce qu’au fond les mécanismes qui l’actionnent, les liens qui la dessinent et les réactions qu’elle provoque chez les individus qui la composent sont un peu les mêmes que dans bien des familles.

Au début, il s’agit bien de cela : des individus, des êtres éminemment singuliers qui se racontent. Mais raconter son histoire ne revient-il pas forcément, à un moment donné, à raconter l’histoire de la famille, ou plus exactement son histoire familliale ? Car une famille a ses moments fondateurs, ceux à partir desquels tout s’organise et à partir desquels chacun se trouve positionné d’une façon qu’il n’a pas nécessairement choisie, jusqu’au jour (qui n’est qu’éventuel), où il souhaite se repositionner. Evidemment, ce jour-là : remue-ménage.

L’épisode qui a structuré la famille d’Abel et Junon est la maladie de leur premier enfant. Seule une greffe de moelle osseuse aurait pu le sauver. La deuxième, Elisabeth, n’était pas compatible. Ils conçoivent alors Henri à cette seule fin, mais en vain : l’aîné meurt à l’âge de six ans.
Elisabeth devient l’aînée, Henri le mal-aimé et un benjamin, Ivan, arrive ensuite.

Aujourd’hui, c’est Junon qui à son tour a besoin d’une greffe.
Au moment de Noël, les enfants flanqués de leurs conjoints et de leurs enfants se réunissent chez Abel et Junon pour la première fois depuis six ans. Tous ont fait le test de compatibilité. Reste à attendre les résultats.
Bien des années ont passé mais bien peu de choses finalement sont passées. Abel et Junon forment un couple toujours aussi amoureux. Les drames et les démons sont eux aussi toujours aussi vifs.
Le conte devient alors un feu d’artifices de souffrances, de cris, de gestes brutaux, de mots durs jetés ou murmurés, mais aussi de mots d’amour, de fraternité, de tendresse. Film bouillonnant de mouvements, de sentiments et de motifs richement explorés, ce Conte de Noël déborde aussi d’une sensibilité et d’une intelligence inouïes, d’un humour frontal et d’une audace souveraine.
Mû par un élan vital hors du commun, il est en même temps parfaitement maîtrisé, accompli, abouti.
Et jamais comme dans ce film chacun de ces merveilleux comédiens ne semble avoir été aussi investi, nourri par un rôle, dirigé avec un tel art.

Un conte de Noël. Arnaud Desplechin
Avec Catherine Deneuve, Jean-Paul Roussillon, Anne Consigny, Mathieu Amalric, Melvil Poupaud, Hippolyte Girardot, Emmanuelle Devos, Chiara Mastroianni
Durée 2 h 30

Facebooktwitter

Wonderful town. Aditya Assarat

Aditya Assarat, Wonderful townC’est un film étrange, beau, troublant. Il garde quelque chose d’impalpable, peut-être à cause de sa fin déconcertante, peut-être à cause du lieu où l’histoire se déroule.
Dans une ville du sud de la Thaïlande, sur cette côte touchée par le tsunami deux ans auparavant, Ton, architecte vient superviser les travaux de construction d’un nouveau complexe hôtelier. Il s’installe dans un hôtel tout simple tenu par Na, une jeune femme réservée et travailleuse.
Une histoire d’amour va se nouer entre ces deux personnages.

Il y a l’étrangeté de ces deux êtres opposés, l’un qui vient de Bangkok et cherche le calme loin de la grosse ville, et elle qui étouffe dans ce coin de campagne pris entre mer et montagne.
Le lien amoureux qui s’ébauche, timide, doux, sensuel contient d’emblée une ambivalence – on y croit et en même temps on ne peut y croire complètement : une menace plane, l’ombre de l’interdit.
Il y a aussi cette drôle de ville, pauvre, éteinte, triste, où les maisons ravagées sont laissées en l’état, comme hantées, taboues, à côté desquelles on préfère construire tout à neuf. Des lieux aux repères incertains, aux zones mal définies, ici route, ici mer, ici campagne, ici édifices, et un peu de tout là et là.
Il y a enfin le plus lourd : le passé. Celui, tragique, du tsunami qui a détruit les lieux et les êtres. Le sujet n’est pas abordé de façon explicite – ici encore, délicatesse – mais plus le film avance, plus ce passé se met à "crier".
Est-il possible de se reconstruire en faisant fi de ce qui fut et de ce que l’on fut ? Les hommes sont-ils comme les maisons : peut-on les réparer ou faut-il les laisser en l’état et recommencer simplement ailleurs ?
Jusqu’où peut aller la fidélité aux parents disparus ? Doit-on occuper la place vide qu’ils ont laissée au point d’en devenir prisonnier ?
A toutes ces questions, Aditya Assarat ne donne pas de réponses claires ; il se contente de les esquisser petit à petit et très subtilement. De son film se dégage de la poésie et de la tristesse, une ambiance singulière et le souvenir d’un moment heureux. En cela, il marque durablement, peut-être autant qu’il nous échappe.

Wonderful town. Aditya Assarat
Avec Anchalee Saisoontorn, Ton Supphasit Kansen, Dul Yaambunying
Durée : 1 h 32

Facebooktwitter

Le premier venu. Jacques Doillon

Le premier venu, Jacques DoillonCosta, garçon vif et inquiet, débarque du train à Abbeville ; Camille, déterminée et énigmatique ne le lâche pas. Bientôt Cyril, jeune flic souriant et tranquille complètera le trio.

Pourquoi Camille s’obstine-t-elle à coller Costa, ce voyou de petit calibre qui lui a visiblement fait du mal pendant la nuit ? Un viol ou quelque chose qui y ressemble, en tout cas qui mérite des excuses. Elles viennent. Mais cela ne suffit pas. Camille veut aimer ce "premier venu"‘. Et pour l’aimer, il faut qu’il soit "beau" ; sinon elle n’est qu’une pauvre fille. Rendre beau ce gars un peu minable : la jeune femme ne manque pas d’ambition. Mais il faut dire qu’il y a matière à rédemption : Costa a abandonné depuis belle lurette sa femme et leur petite fille. Le rétablissement du lien sera donc le cheval de bataille de Camille.

Variations et multiples reflets des sentiments, mouvement incessant de l’adolescence, lumière fine des paysages maritimes du Nord, ce film porte la grâce infinie de la caméra de Jacques Doillon.
Ses dialogues, dignes d’un travail de haute-couture, ont dans la bouche des personnages, y compris ceux des milieux populaires et à l’accent du Nord bien marqué, un naturel confondant.
Ils sont incarnés à la perfection, avec Gérald Thomassin, que le réalisateur retrouve plus de quinze ans après Le petit criminel ; Clémentine Beaugrand, révélation ultra-convaincante ; mais aussi Guillaume Saurrel (le flic amoureux), Gwendoline Godquin (Gwendoline), Jany Garachana (le père)…

Et, cerise sur le gâteau, plus le film avance, plus il adopte le ton de la comédie. L’on se surprend à rire – d’abord discrètement en se demandant si l’on ne commet pas une faute de goût – puis de plus en plus franchement. Qu’il est beau, léger et élégant, ce cinéma-là.

Le premier venu. Jacques Doillon
Avec Gérald Thomassin, Clémentine Beaugrand, Guillaume Saurrel, Gwendoline Godquin, Jany Garachana, François Damiens…
Durée 2 h

Facebooktwitter

A bord du Darjeeling Limited. Wes Anderson

A bord du Darjeeling Limited, Wes AndersonLe Darjeeling Limited est le vieux train bleu turquoise qui emmène trois frangins pour un périple initiatique à travers l’Inde.

L’idée vient de Francis, l’aîné, joué par Owen Wilson, belle gueule cabossée après un accident de voiture : il veut ressouder les liens de la fratrie, un peu distendus depuis le décès de leur père et surtout retrouver la mère devenue nonne dans un orphelinat himalayen.

Les cadets n’ont qu’à suivre : Jack (Jason Schwartzman, également co-scénariste avec un autre bon copain, Roman Coppola), cabossé lui aussi, mais de l’intérieur, après sa rupture avec sa fiancée magnifique et un rien vénéneuse (Natalie Portman, donc tout à fait magnifique) et Peter (Adrien Brody, le beau Pianiste de Roman Polanski, grand brun efflanqué aux yeux verts en amande) qui ne se dépêtre pas du deuil du papa (signe extérieur : les lunettes à la vue dudit paternel toujours sur le front).
Ces trois là, plus leurs névroses, plus le passé familial, plus leurs encombrants bagages orange, plus leurs pilules plus leurs cigarettes, et même un serpent : cela fait beaucoup dans un seul compartiment…

Tant mieux, car c’est chouette comme tout ; loufoque et potache juste ce qu’il faut. Le comique pince-sans-rire de nos apprentis-spirituels est irrésistible et les douleurs qu’il révèle autant qu’il les cache très attachantes.
Tout le monde ne montera pas à bord du Darjeeling Limited, certains se méfieront du côté "luxe" du road-movie. Les autres se laisseront embarquer avec ravissement face à tant de sympathie et de bonne volonté envers et contre tout, et se laisseront peut-être émouvoir par cette histoire de trois grands gamins qui au bout de l’Inde finissent par devenir grands.

A bord du Darjeeling Limited. Wes Anderson
Avec Owen Wilson, Adrien Brody, Jason Schwartzman, Natalie Portman…
Durée 1 h 47

Facebooktwitter

Dans la vie. Philippe Faucon

Dans la vie, Philippe FauconCela aurait pu être l’histoire de deux familles, l’une juive, l’autre arabe, hostiles l’une à l’autre ou simplement indifférentes. Parce qu‘"ils n’ont pas la même religion, parce qu’ils ne mangent pas comme nous, parce qu’eux et nous n’avons rien en commun" comme le dit au début du film Halima, la mère musulmane de l’infirmière employée chez Esther, une dame juive devenue handicapée.

Le fils d’Esther, neuropsychiatre, est dépassé. Sa mère qui a encore toute sa tête ne supporte pas d’être clouée dans un fauteuil, ne supporte plus ces dames des compagnie qui se succèdent. Elle préfèrerait mourir, elle aimerait la paix.

La jeune infirmière propose l’aide de sa mère Halima, qui d’abord repousse l’idée, puis l’accepte, puis la fait accepter par son mari, puis l’impose au reste de la famille. Puis, enfin, lève haut le front face au voisinage, à la communauté musulmane, dont il se trouve toujours un membre pour lui demander si elle n’a pas honte de travailler pour une juive, de gagner chez elle l’argent de son pèlerinage à la Mecque.

Alors l’histoire devient celle de deux femmes, deux femmes nées sous le même soleil d’Algérie, qui ont ensuite continué leur vie et élevé leurs enfants à Toulon, chacune dans leurs traditions et leur religion.
Toutes deux découvrent cette autre, que l’on croyait trop Autre pour la fréquenter ; toutes deux échangent des souvenirs, deviennent complices, finalement se mettent à s’aimer.

Dans la vie est un film un peu lent, calme comme l’est le débit des protagonistes. Sur fond de tensions communautaires, Philippe Faucon ne propose pas une vision angélique mais donne voix à deux mères que l’expérience a assagies, qui en viennent à considérer davantage ce qui les unit que ce qui les divise.
Le réalisateur a l’ambition discrète. Il n’assène pas, mais en peu de phrases et quelques scènes, il offre un regard qui sonne juste, équilibré et touchant.

Dans la vie. Philippe Faucon
Avec Sabrina Ben Abdallah, Ariane Jacquot, Zohra Mouffok…
Durée 1 h 13

Facebooktwitter

Les 20èmes Rencontres cinémas d'Amérique Latine de Toulouse

Les 20èmes rencontres cinémas d'Amérique Latine de Toulouse Depuis vingt ans désormais, les Rencontres invitent le public à la découverte de la création cinématographique contemporaine, mais aussi à revisiter le patrimoine de l’Amérique Latine à travers les grands réalisateurs qui ont marqué le siècle dernier.

Ouverture de la manifestation ce soir à la Cinémathèque de Toulouse avec la projection en avant-première de Maré, nossa historia de amor de Lúcia Murat (Brésil, 2007).
A signaler, parmi la large programmation qui s’étendra jusqu’au jusqu’au 6 avril :
– dimanche 30 mars, Limite (Brésil, 1931), film muet de Mário Peixoto, plongée dans les fantasmes et angoisses de trois jeunes gens à la dérive au milieu de l’océan. Sa restauration n’aurait pas été possible sans le travail d’archivistes obstinés et l’implication de Walter Salles (le réalisateur de Carnets de voyage), permettant ainsi sa projection en mai dernier lors du 60ème Festival de Cannes.
– jeudi 3 avril, A pedra do reino de Luis Fernando de Carvalho (Brésil, 2007), film fleuve de 3 h 48 qui raconte les mémoires familiales du vieux clown Quaderna. Petit événement technologique aussi puisqu’il s’agira de la 1ère projection en HD numérique de la ville rose…

Le 5 avril, sept prix seront décernés, dont le Grand Prix Coup de Coeur ; sélection de sept longs-métrages dans laquelle le public toulousain choisira également "son" film avec le Prix du Public Intramuros.

Et comme chaque année depuis 7 ans à Toulouse, mais aussi au Festival International de Donostia-San Sébastian, Cinéma en construction réunira des professionnels pour désigner le projet cinématographique en cours qui recevra une aide pour sa finalisation.
Lors du dernier Festival de Cannes, six films issus de Cinéma en construction étaient ainsi présents dans différentes sections, dont El bano del Papa de Enrique Fernández et César Charlone, en ce moment à l’affiche, El Asaltante de Pablo Fendrik (présenté en avant-première mercredi 2 avril), ou encore Párpados azules de Ernesto Contreras.

Programme complet, sélections et ensemble des manifestations :
20èmes Rencontres cinémas d’Amérique Latine de Toulouse

Et sur les 19èmes Rencontres :
billet du 15 mars 2007
Voir aussi le palmarès

Facebooktwitter

L'Heure d'été. Olivier Assayas

L'Heure d'été, Olivier AssayasIls sont presque riches, jeunes et beaux ; heureux de se retrouver dans la propriété familiale pour fêter les 75 ans de leur mère Hélène.
Avant de repartir très vite pour Pékin, New-York ou Paris.

Le regard d’Hélène – interprétée de façon impressionnante par Edith Scob -, énergique et rêveur, ne s’anime réellement que lorsqu’il s’agit d’évoquer l’oeuvre de son oncle, peintre et collectionneur dont elle a à coeur de perpétuer la mémoire.

Son seul souci désormais : préparer Frédéric, son fils aîné – le seul resté en France, joué par Charles Berling – au règlement de sa succession, avec le désir d’éviter qu’après elle "les choses ne pèsent trop lourd".

Fin du premier tableau. Hélène s’éteint. Ouverture du deuxième : la succession. D’abord, le caveau, la pierre tombale. Puis les souvenirs et les secrets, qui n’ont pas tous "disparus avec elle", contrairement à ce qu’elle avait prédit à son fils.
Et enfin : les choses, les "résidus", ainsi qu’elle les avait nommés au cours de la même conversation, superbe monologue en réalité, qui contenait presque tout le film.

Lucidité de la mère qui a prévu ce que son fils aîné ne voulait voir. Les chemins pris par sa soeur et son frère – Chine, Etats-Unis – le mettront face à la réalité. Ces résidus ne seront pas gardés par la fratrie, pour être ensuite transmis à ses propres enfants : ils seront vendus ou remis à Orsay.

Olivier Assayas traite avec une grâce et une finesse infinies ces sujets qui ne supportent que la délicatesse. Pas de thèse mais une approche subtile des questions de la transmission (dont il apparaît que l’aspect matériel n’est qu’une forme), de la mémoire, de son poids et de sa nécessité. Rien n’est tranché ni souligné et tous les personnages, les trois enfants mais aussi les petits-enfants et la servante de la défunte sont convaincants dans les différentes façons dont chacun aborde la mort, l’après d’un proche.

Grâce à la manière de filmer d’Olivier Assayas, fluide et toujours un peu froide, L’Heure d’été ne suscite jamais le débordement d’émotion mais s’adresse au spectateur dans un murmure qui suffit à le toucher.

L’Heure d’été. Olivier Assayas
Avec Juliette Binoche, Charles Berling, Jérémie Renier, Edith Scob,
Dominique Reymond, Valérie Bonneton, Isabelle Sadoyan…
Durée 1 h 40

Facebooktwitter