Des Fleurs en hiver au musée Eugène Delacroix

Des fleurs en Hiver, musée Eugène Delacroix

A la fin de l’année 1957, alors âgé de 59 ans, Eugène Delacroix s’installe au 6, rue de Furstenberg dans le 6ème arrondissement, afin de se rapprocher de Saint-Sulpice dont il est chargé de décorer une chapelle (la chapelle des Saints-Anges).
L’artiste, malade, quitte alors la rue Notre-Dame-de-Lorette, où il habitait depuis 1844 mais désormais trop éloignée de l’église et, derrière l’appartement de la rue de Furstenberg, fait construire un atelier donnant sur un jardin privatif.

Grâce à la Société des amis d’Eugène Delacroix créée à l’initiative notamment des peintres Maurice Denis et Paul Signac, en 1932 les lieux son sauvés de la destruction pour fonder plus tard un musée, qui en 1971 devient musée national. Depuis 2004, il est rattaché au Louvre.

L’exposition Des fleurs en hiver visible jusqu’au 18 mars est l’occasion de découvrir ou de redécouvrir l’endroit, dissimulé entre les jolies boutiques d’étoffes d’ameublement de la place.
A l’intérieur, tout est charmant, intime, présenté avec goût.
Mêlées à des pièces de la collection permanente, les œuvres choisies pour l’exposition investissent aussi bien l’appartement que l’atelier de l’artiste.
Aux côtés des aquarelles, pastels et tableaux du peintre sont présentées des œuvres de deux artistes contemporains, Jean-Michel Othoniel, le célèbre auteur de l’entrée de la station de métro Palais-Royal et le céramiste Johan Creten.

L’ensemble est très réussi car leurs œuvres, non directement inspirées de celles de Delacroix, mais unies à elles par leur thème, les complètent merveilleusement en donnant un coup de jeune aux bouquets du peintre romantique, splendides mais aux teintes quelque peu automnales.

Si les spectaculaires guirlandes en boules de verre miroité de Jean-Michel Othoniel ne surprennent pas, en revanche l’on découvre les planches de son Herbier merveilleux (le livre a été édité chez Actes Sud en 2008), composées comme des enluminures du Moyen-Age, où chaque fleur ou plante est accompagnée d’un texte rappelant leur symbolique antique, religieuse ou laïque.
Quant aux sculptures de Johan Creten, Odor di femmina, elles sont parfois explicitement érotiques et toujours aussi flamboyantes que les plus beaux bouquets.

Le parcours est celui d’une visite un peu entre soi, offrant une parenthèse fleurie au milieu de l’hiver, un moment de calme et hors du temps au cœur de l’agitation du quartier Saint-Germain-des-Prés, en un mot une délicieuse et délicate pause romantique.

Des Fleurs en hiver, Delacroix – Othoniel -Creten
Musée national Eugène Delacroix
6 rue de Furstenberg – 75 006 Paris
Métro : Saint-Germain-des-Prés / Mabillon
Bus : 39, 63, 70, 86, 95, 96
TLJ sauf les mardis, de 9h30 à 17h00 (fermeture des caisses à 16h30)
Billet d’entrée à l’exposition : 7€
Billet jumelé Louvre – Delacroix valable toute la journée pour la visite de l’exposition du musée Delacroix et des collections du musée du Louvre : 11 €
Jusqu’au 18 mars 2013

Image : Corbeille de fleurs,Eugène Delacroix, Palais de Lille ©RMN-GP/ René-Gabriel Ojéda

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Les couleurs du ciel. Musée Carnavalet à Paris

Les couleurs du ciel, CarnavaletL’exposition présente quelques cent vingt œuvres, dont quatre-vingt-neuf peintures, des gravures, des esquisses, et même des tapisseries, qui décoraient les édifices religieux parisiens au XVIIème siècle et qui furent dispersées à la Révolution puis envoyées dans les musées de province.

D’une richesse exceptionnelle, elle réunit tous les plus grands peintres français de l’époque, nous faisant remonter par le même occasion l’histoire du Grand Siècle.

Très lisible, le parcours commence par trois salles chronologiques.

Entre 1585 et 1630, les règnes d’Henri IV puis de Marie de Medicis voient la ville prospérer tant sur le plan économique que spirituel, avec le mouvement de la Contre-Réforme catholique, période où s’installent de nouveaux ordres religieux et où sont construits de nombreux édifices. Le style est encore marqué par le maniérisme du XVIème siècle, sous les pinceaux de Quentin Varin et de Georges Lallemant.
Avec le très pieux Louis XIII puis la régence d’Anne d’Autriche, c’est l’âge d’or de la peinture religieuse, sous la domination de Simon Vouet qui, après son séjour en Italie, développe à Paris une peinture monumentale, lyrique, à la palette claire, tandis que Poussin, Champaigne, Le Sueur ou La Hyre imposeront une peinture plus sobre aux compositions solides, mouvement appelé "atticisme parisien".
Enfin, à partir de 1680, avec le règne de Louis XIV qui entreprendra de vastes chantiers comme celui des Invalides et fera de Charles Le Brun son premier peintre, vient le temps du classicisme.

La suite du parcours est organisée en thèmes : les chapelles privées dans les églises, les tapisseries, les Mays de Notre-Dame, l’abbaye du Val-de-Grâce, les Invalides.

Au fil de la visite, l’on se laisse porter par le plaisir des yeux comme par l’émotion suscitée par certaines représentations pleines de sensibilité invitant au recueillement : ici, la très baroque Adoration des Mages de Claude Vignon, là l’éblouissante Apparition du nom divin à quatre saints de Simon Vouet, plus loin le touchant Songe d’Elie du "janséniste" Philippe de Champaigne, tableau qui ornait le Réfectoire du Val-de-Grâce.

La dernière salle, consacrée à la toute fin du Grand Siècle, montre le vide laissé par Charles Le Brun et Mignard : ces œuvres de moindre facture laissent à penser qu’avec leur disparition une page faste de l’histoire de la peinture française a alors été tournée.

Les couleurs du ciel
Musée Carnavalet
23, rue de Sévigné – 75003 Paris
Ouvert tous les jours sauf les lundis et jours fériés de 10h à 18h
Jusqu’au 24 février 2013
Entrée : 7€ / 5€

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Canaletto – Guardi, les deux maîtres de Venise

Canaletto, vue de la place Saint MarcCe n’est pas dans les musées français que l’on trouve beaucoup de vedute, ces vues de Venise peintes au XVIIIème siècle qui connurent immédiatement un grand succès, jamais déjugé depuis.

Les Anglais notamment en furent fous, et la collection de la Reine Elizabeth II en est riche. Exceptionnellement, elle a prêté au musée Jacquemart-André quelques uns de ces joyaux. Le reste des œuvres vient d’un peu partout : la National Gallery de Londres, le Musée Thyssen-Bornemisza de Madrid, le Louvre, la Frick Collection de New York, la Galleria Nazionale de Parme, le Szépmúvészeti Múseum de Budapest…

C’est dire si l’exposition visible au musée Jacquemart-André jusqu’au 21 janvier prochain est précieuse. Elle vient en outre compléter à merveille celle, tout aussi belle, organisée au même moment au musée Maillol et consacrée exclusivement au Canaletto. La présentation de plus de vingt-cinq tableaux de différentes époques de la carrière de Giovanni Antonio Canal dit Canaletto (1697-1768), rapprochés d’une vingtaine de Francesco Guardi (1712-1793), ainsi que d’autres vedutisti permet d’apprécier la variété de styles dans le traitement d’un même genre.

A la touche texturée, un peu floutée (et ô combien charmante) de ses débuts Canaletto préfère ensuite un pinceau beaucoup plus net. Mais toujours il manifeste une précision incroyable et un sens de la perspective et de la composition impeccables, tout en privilégiant une palette claire, magnifiant l’architecture vénitienne sous d’immenses cieux aussi changeants que ses verts canaux.

Canaletto-Guardi, Musée Jacquemart-AndréSi Guardi a étudié Canaletto, de quinze ans son aîné, comme le montre l’exposition – il en a réinterprété certains dessins -, il a toutefois adopté son style propre, avec des tons plus sombres, plus chauds, souvent tirant vers le brun. Sa touche est plus rapide, comme davantage dans l’esquisse tout en étant très aboutie. Son traitement de l’architecture est différent aussi : déjà, ce n’est plus la Venise éternelle (et si belle !) du Canaletto, Guardi révélant davantage l’âge et la fragilité de la ville.

Tout en enrichissant l’approche du genre, les autres vedustisti renforcent la suprématie des deux plus célèbres, dont on ne se lasse pas de contempler les œuvres, si évocatrices : ici le souvenir d’une balade ou d’une visite pleine d’émotion, là l’ombre de Proust qui nous renvoie inlassablement au pavé vénitien et, partout, la beauté riche et ancienne, menacée mais toujours vaillante de la Sérénissime qui exerce encore et encore, même par toile interposée, son irrésistible charme.

Musée Jacquemart-André
158 boulevard Haussmann 75008 Paris
TLJ de 10h à 18h y compris le 25 décembre
Tous les lun. et sam. nocturnes jsq 21h, sauf les 24 et 31 déc. (fermeture à 18h)
Nocturnes supplémentaires les 27 et 28 déc. et les 2, 3, 4, 11 et 18 janv.
Entrée 11 € (tarif réduit : 9,5 €)
Jusqu’au 21 janvier 2013

Images :
Canaletto (Antonio Canal, dit), La place Saint Marc vers l’Est, huile sur toile, 140,5 x 204,5 cm, Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid – © Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid
Francesco Guardi, Le Canale di Cannaregio, avec le Palazzo Surian-Bellotto, l’ambassade de France, 49,5 x 77,5 cm, huile sur toile, The Frick Collection, New York – © The Frick Collection

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Edward Hopper au Grand Palais

Hopper, Morning Sun

Edward Hopper (1882-1967) présente le paradoxe d’être aussi célèbre que son oeuvre est peu connue, en tout cas des Français qui n’ont pas eu la chance de voyager aux Etats-Unis.
C’est une raison suffisante pour expliquer le succès de la rétrospective présentée au Grand-Palais, qui est d’ailleurs prolongée jusqu’au 3 février 2013 avec de grandes plages horaires pour permettre au public le plus large de la découvrir.

Présentée selon un plan chronologique, l’exposition répond pleinement aux attentes du spectateur néophyte : elle montre les sources de son travail, les différentes techniques explorées ainsi que son évolution.
Mais malgré les différentes étapes parcourues, ce qui frappe à l’issue de la visite est la grande cohérence de son œuvre. Cohérence des motifs, cohérence de la manière.

Biberonné à la peinture moderne française notamment, avec Degas, Marquet, Vallotton, Pissarro (dont on peut voir de très beaux tableaux), il s’en dégagera ensuite pour trouver sa propre voie.
Malgré tout, les paysages urbains, les scènes d’intérieur et les lieux de spectacles peints par les impressionnistes et leurs suivants constituent des thématiques que l’on retrouvera toujours chez Hopper.

Côté compatriotes, si c’est avec Robert Henri qu’il se forme, sa façon d’appréhender les sujets sera beaucoup moins marquée par le réalisme que celle de son maître et de ses contemporains américains (dont des œuvres sont également exposées).
Avant de connaître le succès, Edward Hopper travaille dans l’illustration à titre alimentaire. Bien qu’il n’en retire aucun plaisir, ce travail, après avoir nourri l’homme, nourrira plus tard l’artiste.

Hopper, Summertime

Quand enfin il peut se consacrer à la peinture, il ne s’empêche pas quelques embardées du côté de l’aquarelle – qu’il abandonnera, car à la peinture sur le motif il préfère la peinture d’atelier – et de celui de la gravure. La visite de l’espace consacré à ce dernier médium est un ravissement. Non seulement parce que ces gravures sont très belles, mais encore parce qu’elles sont éminemment "hopperesques" : compositions ultra-travaillées, géométrie au cordeau, thématiques touchantes, jeux de lumière.

Ces caractéristiques-là se retrouvent bien sûr dans ses tableaux – des moyens et des grands formats – où il fait en outre claquer la couleur avec brio – avec de superbes oppositions froid/chaud – et créé des lumières toutes particulières. Ces lumières-là font beaucoup de "l’ambiance" des tableaux de Hopper : pointe du jour blafard, nuit froide comme livrée à elle-même, insolent soleil d’un jour d’été, lumière matinale ou vespérale n’éclairant du tableau que son mystère.

Et puis bien sûr, il y a les "sujets Hopper" : ses maisons, ses paysages, et surtout ses personnages, vus souvent d’une fenêtre ou d’une vitrine, pris dans leur environnement quotidien au possible (un café, un bureau, une chambre), pour ne pas dire dans leur cadre au sens littéral du terme. Des couples qui s’ennuient à périr et s’ignorent et, plus poignantes encore, des femmes seules qui lisent ou sont plongées dans leurs pensées. Elles sont belles, élégantes, et en même temps tellement sincères, comme désarmées, parfois carrément mélancoliques. On dit qu’elles attendent – elles en ont souvent l’air – mais peut-être certaines n’attendent-elles pas, contemplant simplement à travers une fenêtre ouverte ou sur le pas d’une porte la seule lumière d’un ciel d’été.

Edward Hopper
Grand Palais
3 avenue du Général Eisenhower – Paris 8ème
Entrée : Square Jean Perrin
Jusqu’au 3 février 2013
Horaires :
Jusqu’au 28 janvier : lun. : 10h-20h, mer., jeu., ven. : 10h-22h, sam. et dim. : 9h-22h
Puis du 29 au 31 janvier de 9h à 23h et du 1er au 3 février jour et nuit
Plein tarif : 12 euros, réduit : 8 euros

Images :
Edward Hopper: Morning Sun, 1952. (Crédits photo: © Columbus Museum of Art, Ohio)
Summertime, 1943 – Edward Hopper, Delaware Art Museum, Wilmington, USA / © Bridgeman 2012

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Bohèmes au Grand Palais

Georges de La Tour, La diseuse de bonne aventure

L’exposition riche de quelques deux cents œuvres commence par la représentation des Bohémiens dans l’art depuis la Renaissance, en peinture essentiellement, mais également en sculpture et dans la littérature.
La scénographie, imaginée par le metteur en scène d’opéra Robert Carsen (1), à qui l’on doit également celle de l’exposition l’Impressionnisme et la mode à voir en ce moment au musée d’Orsay, nous fait remonter une galerie tout en longueur couleur tabac, splendidement éclairée, très élégante.

La première œuvre est un petit bijou : un dessin de Léonard de Vinci daté de 1493, dont le titre Un homme trompé par les Tsiganes résume fort bien le propos satirique. Pourtant, à leur arrivée en Italie au XV° siècle, les Bohémiens furent plutôt bien accueillis. Pris pour des Chrétiens chassés d’Egypte, les peintres les mêlaient à des représentations religieuses, à l’image de cette Petite Bohémienne à laquelle Boccaccio Boccaccino a donné la douceur de la Vierge Marie.
Cela étant, rapidement, c’est le côté marginal qui l’emporte dans la perception sociale comme dans l’imaginaire des artistes : roublards, insaisissables, doués de pouvoir de divination, les Gitans, dès le XVIIème siècle donnent lieu à des scènes de genre ou à des portraits de caractère, comme la célèbre Bohémienne de Frans Hals du Louvre, cheveux sans coiffe ni attache, chemise froissée largement ouverte sur la poitrine, yeux noirs au regard de biais, sourire goguenard… séductrice et malicieuse, elle incarne l’image de la liberté. Quant à La Diseuse de bonne aventure de Georges de La Tour, tableau exactement contemporain du précédent mais lui venu du Met de New-York, il souligne ce que symbolisait les Bohémiennes : vol, luxure et pouvoirs magiques… le tout au détriment du jeune homme bien né.

Boccaccio Boccaccino, Petite BohémienneFinalement, c’est au XIXème siècle que se produit un glissement – qui fait passer le visiteur vers la seconde partie de l’exposition : la figure de vagabond et d’être libre du Bohémien est alors revendiquée par une génération d’artistes qui prend ses distances avec le parcours académique, quitte à vivre chichement, au moins pour un temps. Cette période, qui voit la naissance de La Bohème, couvre autant la peinture que la littérature. Le commissaire de l’exposition Sylvain Amic et Robert Carsen l’ont mise en espace de façon fort plaisante, pour ne pas dire divertissante, tout en choisissant de s’arrêter aux années 1930.
Le pittoresque d’un poêle à charbon ou de la reconstitution d’un atelier ou d’un café passe agréablement tant les œuvres choisies sont variées et de qualité. Et malgré l’aspect un peu méli-mélo de l’ensemble, la conviction l’emporte : les poètes (Verlaine, Rimbaud, Apollinaire) témoignent directement de la vie de Bohème, Liszt récupère la musique tsigane, Daumier croque de son humour corrosif le sort peu enviable des artistes dans ses gravures de presse, quand les peintres, parfois crevant la misère, souvent réfugiés dans des lieux de mauvaise vie ou des cafés, investissent le Quartier Latin, puis Montmartre bien sûr, et enfin, au début du XXème siècle, Montparnasse. Ils s’appellent Van Gogh, Octave Tassaert, Degas, Lautrec, Picasso, Van Dongen…. depuis, et sans doute pour toujours, la Bohème restera indissociablement liée à Paris.

Degas, Bohèmes au Grand PalaisDe nombreuses références (comme aux célèbres opéras que sont Carmen de Bizet et La Bohème de Puccini) et de nombreux extraits de textes émaillent délicieusement le parcours, offrant autant de vues différentes de ces Bohèmes.

Alors que Balzac, docte et grandiloquent, écrit en 1845 :"Ce mot de bohème vous dit tout. La bohème n’a rien et vit de ce qu’elle a. L’espérance est sa religion, la foi en soi-même est son code, la charité passe pour être son budget. Tous ces jeunes gens sont plus grands que leur malheur, au-dessous de la fortune, mais au-dessus du destin" (Un Prince de la Bohème), un autre Honoré, Daumier, moquait certains de ses représentants : "Le Rapin. Méprise la foule qui rit de ses cheveux graisseux, de sa barbe sale, de ses ongles bleus, de sa chemise noire, de ses habits décolorés et de ses airs de génie : il méprise Raphaël ou Watteau, suivant la mode parmi les rapins de son temps ; il méprise la fortune qu’il ne peut atteindre et l’instruction après laquelle il méprise de courir, il méprise tout et croit que l’univers le regarde…. A trente ans, vous le trouvez Professeur de dessin au collège de Brive-la-Gaillarde." (série Les types, dessin publié dans Charivari en 1836).

Bohèmes
Grand Palais
Galeries nationales – Entrée Clemenceau 75008 Paris
M° lignes 1, 9 et 13 Champs-Elysées Clemenceau ou Franklin-Roosevelt
TLJ sauf le mar. de 10h à 20h, nocturne le mer. jusqu’à 22h
Fermeture le 25 déc. et fermeture à 18 h les 24 et 31 déc.
Entrée 12 euros (TR 8 euros)
Jusqu’au 14 janvier 2013

(1) Au sujet du travail de metteur en scène d’opéra de Robert Carsen, voir Les Contes d’Hoffmann de Jacques Offenbach vus notamment à l’Opéra national de Paris en septembre dernier

Images :
La diseuse de bonne aventure, Georges de la Tour, New York, The Metropolitan Museum of Art © The Metropolitan Museum of Art, Dist. RMN
La petite Bohémienne, Boccaccio Boccaccino, l’Ancien, Florence, Galleria degli Uffizi © Archives Alinari, Florence, DIst. RMN / Nicola Lorusso
Dans un café (L’absinthe), Edgar Degas, Paris, Musée d’Orsay © RMN (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

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Raphaël, les dernières années. Musée du Louvre

Donna Velata, RaphaëlEn une petite centaine d’œuvres, dont plus de la moitié de tableaux, l’exposition du Louvre se concentre sur les dernière partie de la riche carrière de Raphaël (1483-1520), de 1513 à sa mort.
Y sont également montrées des œuvres de ses élèves les plus actifs, Giulio Romano et Gian Francesco Penni. En effet, Raphaël, alors au faîte de son art et de sa célébrité, était à la tête d’un atelier d’une cinquantaine de collaborateurs. S’il se faisait beaucoup aider afin de répondre à ses innombrables commandes, il demeurait toutefois le seul inventeur des œuvres. Et même sur celles qu’il faisait exécuter, il apportait sa touche finale afin de les parfaire. La confrontation des peintures du maître à celle de ses élèves grâce à ce très beau parcours est déterminante sur ce point : aucun d’eux ne l’égala en finesse de touche, en douceur d’expression, en présence du sujet. Les sections consacrées à Romano comme à Penni, si elles réservent de belles surprises, font surtout ressortir, en définitive, la perfection de l’art de Raphaël.

Après un apprentissage auprès du Pérugin à Pérouse, dont il a appris et ennobli la manière dans le rendu si doux des visages, en 1504 Raffaello Santi part à Florence compléter sa formation, où il admire l’art de ses aînés, Michel-Ange et Léonard de Vinci qui y sont au même moment, et se jure de les égaler.
Mais dès 1508, le pape Jules II fait venir le jeune Raphaël à Rome pour décorer les nouvelles chambres du Palais du Vatican. A la mort de Jules II en 1513, son successeur Jean de Médicis – Léon X – reconduit l’artiste pour poursuivre la décoration du Vatican tant son travail séduit.

Si le pape est son principal mécène, bien d’autres commanditaires se pressent autour de lui, pour des retables et autres panneaux religieux, mais aussi pour des portraits. Conformément à la conception humaniste, Raphaël était un artiste complet qui, loin de limiter son art à la peinture, l’exerçait également dans l’architecture ou encore la tapisserie. L’exposition présente d’ailleurs de magnifiques exemplaires de tapisseries conçues par Raphaël, telles Dieu le Père, l’une des trois réalisées pour le décor du lit d’apparat du pape, venue de Madrid – hélas, dans un espace un peu trop réduit qui ne permet pas toujours d’admirer ces œuvres immenses avec le recul nécessaire.

L’exposition permet de vérifier le propos de Vasari, comparant Raphaël à une éponge : outre l’influence de son maître le Pérugin, celle de Léonard de Vinci est d’autant plus remarquée que l’on a encore frais à l’esprit le souvenir de la fameuse Sainte-Anne, objet d’une éblouissante exposition au Louvre cette année également, dont Raphaël semble s’être grandement inspiré pour un certain nombre de ses Madones. Et, face à ses portraits, comment ne pas penser aussi au Titien : l’on retrouve dans les compositions en buste de trois-quarts devenues classiques et dans le soin rendu au soyeux et à la finesse des étoffes le souvenir du maître vénitien que Raphaël n’a pas dû manquer d’admirer.

Raphaël, Madone à la roseC’est d’ailleurs dans ces deux sections, l’une consacrée aux Vierges et l’autre aux portraits que l’on retrouve les œuvres à la fois les plus belles et les plus touchantes de Raphaël : la Madone à la rose du Prado (partenaire de l’exposition) et surtout l’inoubliable Madone de l’Amour divin du musée Capodimonte à Naples. Outre leur perfection esthétique, ces tableaux véhiculent, à travers l’expression des visages, les mouvements des corps et les couleurs, d’immenses sentiments de tendresse.

Côté portraits, l’on retrouve ceux du Louvre, comme le célèbre Balthazar Castiglione, copié par les plus grands, ou encore le mystérieux Portrait de l’artiste avec un ami auteur, mais l’on découvre aussi, venu de Washington, l’audacieux portrait de trois-quart dos du jeune banquier florentin Bindo Altoviti et surtout la splendide Donna velata, peut-être amante du peintre, conservée à Florence.

De quoi prolonger encore l’immense admiration que l’un des artistes les plus connus, les plus reproduits au monde suscitait déjà de son vivant, au point qu’il fut l’un des rares artistes enterrés au Panthéon à Rome, avec pour épitaphe, signée du cardinal Bembo : "Ci-gît Raphaël, qui durant sa vie fit craindre à la Nature d’être maîtrisée par lui et, lorsqu’il mourut, de mourir avec lui."

Raphaël, les dernières années
Musée du Louvre
De 9 h à 18 h lun., jeu., sam., dim. ; mer. et ven. jusqu’à 21 h 45
Entrée pour l’exposition : 12 euros
Jusqu’au 14 janvier 2013

Images :
Raphaël, Portrait de femme, dit La Donna Velata, vers 1512-1518. Huile sur toile. H. 82 ; l. 60,5 cm. Florence, Galleria Palatina, Palazzo Pitti, inv. Pal. no. 245 © 2012 Photo Scala, Florence – courtesy of the Ministero Beni e Att. Culturali
Raphaël, La Sainte Famille avec le petit saint Jean Baptiste, dite Madone à la rose, vers 1516. Huile sur bois transposée sur toile. H. 103 ; l. 84 cm. Madrid, Museo Nacional del Prado, P-302 © Museo nacional del Prado, Madrid

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Chaïm Soutine. L'ordre du chaos

Soutine à l'Orangerie, Le petit pâtissierQuoi de plus naturel qu’une exposition exclusivement consacrée à Chaïm Soutine (1893-1943) au Musée de l’Orangerie à Paris, où est conservée la plus grande collection d’Europe du célèbre peintre Russe, soit 22 tableaux réunis par le marchand d’art Paul Guillaume ?
Complétée par des prêts de collections publiques et privées, ce sont ici quelques 70 peintures qui sont présentées, au fil d’un parcours clair et net organisé en trois sections.

L’introduction, où figurent l’autoportrait de 1918 ainsi que le portrait de Soutine par Modigliani, est dédiée aux portraits des amis et mécènes. Occasion de rappeler à grands traits la carrière de celui qui, en 1913 à l’âge de 20 ans, quitte la Lituanie qui l’a vu naître dans une communauté juive pour rejoindre Paris et les artistes expatriés installés à Montparnasse. Pendant la guerre, son ami Modigliani lui présente son marchand Zborowski qui accepte de le financer : c’est son modeste début de carrière. En 1919, Zborowski l’envoie à Céret dans les Pyrénées Orientales, d’où il rentre trois ans après avec plus de 200 toiles dont de nombreux paysages du Midi. Nous sommes en 1922, Paul Guillaume présente des tableaux de Soutine au docteur Barnes. Séduit, le riche collectionneur américain qui est en train de créer une fondation près de Phidadelphie achète pour plus de 2 000 dollars de tableaux, assurant l’aisance financière du peintre et marquant le véritable lancement de sa carrière.
Parmi les tableaux de cette partie introductive, se trouve le portrait de Madame Castaing. Ce n’est pas un hasard : les époux Marcellin et Madeleine Castaing, rencontrés en 1925, deviendront des amis intimes et de fidèles soutiens après la ruine puis la mort de Zborowski en 1932. Soutine figure aussi dans les collections de Netter, Guillaume, Bing, Doucet. Quant à ses expositions personnelles, nombreuses de son vivant comme posthumes, elles eurent lieu dès 1927 à Paris et dès 1935 aux Etats-Unis.

Soutine à l'Orangerie, Les glaieulsNé dans la misère, rongé par l’angoisse toute sa vie, Chaïm Soutine fut l’auteur d’une peinture certes tourmentée et souvent incomprise, mais qui assurément trouva tôt son public.
La visite au Musée de l’Orangerie prouve que cette séduction ne s’épuise pas. Les trois sections dédiées respectivement aux paysages, aux natures mortes et aux portraits, sobrement et efficacement présentées font le tour des trois grands genres travaillés par l’artiste et qui en tant que tels le rapprochent des maîtres anciens, dont il n’a du reste jamais caché l’inspiration qu’il y trouvait. Voir Rembrandt pour les Boeufs écorchés, Chardin pour le Lièvre pendu, Fouquet pour le Petit pâtissier, Courbet pour les Enfants de chœur.

Dans une nature tourbillonnante, ses arbres sont les plus vivants qui soient. Bavards et mystérieux, ils captent notre attention comme pour se faire écouter. Ses natures mortes qui en séries évoluent vers l’abstraction (souvent mentionné, le rapprochement avec Françis Bacon tient toujours) font de sanglantes carcasses de splendides dépouilles.
Quant aux portraits, parmi les plus bouleversants qui aient jamais été peints, ils imposent la clairvoyance du peintre expressionniste qui, tout en jouant avec la matière et la couleur avec une grande modernité, dans des compositions par ailleurs fort classiques, a montré, dans la mélancolie d’un regard, dans la moue presque tremblante d’une bouche, dans le creux de deux mains vides, toute l’impuissance, l’incompréhension et le désarroi de l’homme face à l’existence.

Chaïm Soutine
L’ordre du chaos
Musée de l’Orangerie
Place de la Concorde – Paris 1er
TLJ sf le mar., de 9 h à 18 h
Entrée 7,5 € (TR 5 €)
Jusqu’au 21 janvier 2013

Images :
Le Petit Pâtissier, 1922-23, huile sur toile 73 x 54 cm, Paris, Musée de l’Orangerie © ADAGP, Paris 2012 © RMN (Musée de l’Orangerie) / Hervé Lewandowski
Les Glaïeuls, vers 1919, huile sur toile 54 x 44,5 cm, Jérusalem (Israël), collection particulière © ADAGP, Paris 2012 © Photo Elie Posner

A lire également sur maglm : l’exposition de 2007 à la Pinacothèque de Paris

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Rêves de Japon : Van Gogh et Hiroshige à la Pinacothèque

Vincent van Gogh, Rêves de JaponLa Pinacothèque de Paris propose jusqu’au 17 mars 2013 deux expositions en parallèle : l’une consacrée à Vincent van Gogh (1853-1890) et l’autre à Hiroshige (1786 -1864). La première présente une trentaine de tableaux du peintre hollandais en s’attachant à montrer l’influence du japonisme dans son oeuvre. La seconde – inédite à Paris, où aucune exposition dédiée à ce maître de l’estampe japonaise n’avait jamais été organisée – expose quelques deux cents œuvres prêtées par le musée de Leyde aux Pays-Bas.

Deux expositions complémentaires en quelque sorte, que l’on peut visiter successivement avec beaucoup de plaisir, mais aussi séparément tant les œuvres exposées sont de premier plan.

Van Gogh a découvert l’art de l‘ukioy-e, littéralement "image du monde flottant" dans les galeries parisiennes au cours des années 1870, essentiellement chez Sigfried Bing du côté de la rue de Provence. L’influence que cet art a eu sur son œuvre – cela est manifeste à la découverte de l’exposition – tient à l’éclaircissement de sa palette et au travail de composition de ses tableaux. Sur ce dernier point, les quelques dessins et gravures présentés sont éloquents, notamment sur le travail sur la profondeur et les perspectives, des caractéristiques forts de la peinture de paysage japonaise.
Le ravissement est à chaque tableau renouvelé : issues de la remarquable collection du musée néerlandais Kröller-Müller à Otterlo, ces oeuvres sont pour la majorité du public une découverte. Couleurs splendides – jaunes et bleus bien sûr, mais aussi de ces verts ! -, ici un champ cultivé, là un carré d’herbes fleuri, plus loin tout un paysage savamment structuré autour d’un chemin et de cyprès… quel calme ! Même ses noueux oliviers ne révèlent pas la tourmente qui hantait van Gogh : tout n’est que lumière, quiétude et harmonie.

Hiroshige à la Pinacotheque de ParisUne sérénité que l’on retrouve en poursuivant avec l’exposition consacrée à Hiroshige, intitulée L’art du voyage. Après la scénographie chatoyante du premier parcours, ici l’ambiance est plus sobre – les estampes souffriraient irrémédiablement d’un excès de lumière – mais l’ensemble présenté est d’une très grande richesse.
Après des vues urbaines d’Edo – l’ancien Tokyo – l’on découvre les étapes du voyage d’Edo à Tokyo par deux routes mythiques (Tokaido par le sud et Kisokaido par le nord). Autant de "prétextes" pour peindre les différentes saisons (ah, cette façon qu’avaient les Japonais de représenter les scènes de neige, quelle poésie !), les rivières, la mer, les montagnes, les arbres… cette immense diversité de paysages qu’offre le Japon. Les détails des personnages sont parfois amusants (tels ces comédiens qui portent de drôles de masques sur leur dos), et la construction des paysages peut être d’une grande audace. Une fois de plus, l’on est frappé par la modernité de l’art ukioy-e, et l’on ne peut s’empêcher de penser que c’est sans doute aussi cette modernité-là qui a tant séduit les peintres impressionnistes lorsqu’ils l’ont découvert, un art si simple (par son économie de moyens) et si riche à la fois.

Van Gogh, Rêves de Japon
Pinacothèque "2" – 8, rue Vignon 75009 Paris
Hiroshige, L’art du voyage
Pinacothèque "1" – 28, place de la Madeleine 75008 Paris
Pinacothèque de Paris
TLJ de 10h30 à 18 h, les mer. et ven. jsq 21 h
Le 25 déc. et le 1er jan., de 14h à 18h30
Billet pour les deux expositions : 17 € (TR 14 €)
Billet pour l’une des expositions ou les collections : 10 € (TR 8 €)
Billet pour les deux expositions + les collections : 22 € (TR 18 €)
Jusqu’au 17 mars 2013

Images :
Vincent van Gogh, Route de campagne en Provence, la nuit / 12-15 mai 1890 (huile sur toile) © Collection Kröller-Müller Museum, Otterlo, The Netherlands
Utagawa Hiroshige, Porte d’entrée du sanctuaire de Sanno à Nagatababa ©Museum Volkenkunde, Leiden / Musée national d’Ethnologie, Leyde

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L'impressionnisme et la mode

La mode et l'impressionnisme à OrsayGuy Cogeval, le président du musée d’Orsay, aime faire vibrer les arts entre eux ; pour preuve, la partie dédiée aux arts décoratifs inaugurée l’an dernier (voir Le nouvel Orsay), pour preuve encore cette exposition présentée depuis fin septembre à Orsay, avant d’aller faire étapes au Metropolitan Museum of Art de New York puis au Art Institute de Chicago, deux institutions co-organisatrices de l’événement avec le musée d’Orsay, auquel participe également Galliera, le Musée de la Mode de la ville de Paris.

Ici, aux chefs d’œuvres de l’impressionnisme et autres admirables tableaux du XIXème français, il associe ce que nous aimons appeler « l’étoffe » au sens large, à savoir robes, costumes, mais aussi souliers, chapeaux, gants et ombrelles… Et, dans la même aventure, tout ce qui à l’époque en faisait la promotion, intéressée ou simplement passionnée : catalogues de modes édités par les grands magasins qui ouvrent au même moment ; revues ; gravures ; photos, mais aussi écrits des artistes qui rendaient compte de leurs temps, Mallarmé, Baudelaire et bien sûr Zola dans le Bonheur des dames. L’on découvre ainsi que c’est dans ce second XIX° siècle que la « mode » a été inventée. Le processus d’élaboration d’une robe, passionnant, nous est expliqué : du dessin général jusqu’à la réalisation sur mesure, en passant par l’adaptation du modèle et le choix du tissu, si les grandes tendances étaient diffusées et suivies (comme le passage de la crinoline à la tournure), chaque robe était alors individualisée, unique.
Des merveilles de finitions, ruchés, galons et broderies, sur de fines toiles de coton pour le jour et la belle saison, sur des soieries unies ou façonnées pour le soir ; des corsages fermés jusqu’aux décolletés réservés au bal et à l’opéra ; des accessoires qui faisaient tout autant le geste et l’allure que la fonction… tout nous est montré, raconté, au fil d’un éblouissant parcours en neuf « tableaux » mis scène par Robert Carsen, le célèbre metteur en scène d’opéra (voir Les contes d’Hoffmann notamment).

Exposition la mode et l'impressionnisme au musee d'OrsayCeci est une lecture de l’exposition : elle pourrait être la seule, on serait déjà ravi. Mais sa profonde originalité vient de ce qu’à la mode elle fait répondre les Impressionnistes, ces grands fous du XIXème qui se sont mis en tête de peindre l’air du temps, la vibration de la lumière, la sensation fugitive et l’émotion de l’instant… Scènes de la vie urbaine croquée sur le vif, attitudes naturelles et spontanées, ils renouvellent la scène de genre et le portrait. Ce faisant, ils rendent aux étoffes leurs mouvements, leurs reflets, leur transparence, qu’il s’agisse d’une modiste chez Degas, d’un costume masculin chez Caillebotte, d’une riche robe chez Renoir et d’une blanche mousseline chez Monet… tout cela vit, prend la lumière éclatante du soleil ou joue avec la fée électricité sous les lambris du soir et, en définitive, montre toute une société – huppée – dans son époque au quotidien.

Ceux que la mode assomme ne verront dans cette « dramaturgie » que le prétexte à mettre en valeur de magnifiques tableaux, dont beaucoup ont – exceptionnellement – traversé l’Atlantique pour retrouver, pour un temps seulement hélas, leur place toute naturelle, là où sont nés en même temps les deux grands modernismes que furent la peinture impressionniste et… la mode.

L’impressionnisme et la mode
Musée d’Orsay
1 rue de la Légion d’Honneur – Paris 7°
Ouverture de 9h30 à 18h du mar. au dim. et jsq 21h45 le jeu.
Fermeture le lun., les 1er janvier, 1er mai et 25 décembre
Entrée 12 euros (tarif réduit 9 euros)
Jusqu’au 20 janvier 2013

Images :
Pierre-Auguste Renoir, Danse à la ville, 1883, huile sur toile 180 x 90, Paris, Musée d’Orsay c/ RMN (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
Anonyme, Robe de Madame Bartholomé porté dans le tableau d’Albert Bartholomé, 1880, Paris, Musée d’Orsay, don de la galerie Charles et André Bailly, 1991 c/ Musée d’Orsay, dist. RMN / Patrice Schmidt

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Canaletto à Venise, c'est au Musée Maillol

exposition canaletto au musee maillol

Inauguration en beauté de la série d’expositions de la rentrée, avec la présentation au Musée Maillol d’une cinquantaine de peintures du plus célèbre des vedutisti vénitiens du XVIII°, Antonio Canal (1697-1768), dit Canaletto, dont un grand nombre sont présentées en France pour la première fois.
Déjà prisées de son vivant et depuis toujours recherchées, ses vues de Venise ont participé à l’image enchanteresse de la Sérénissime, et lorsque l’on a enfin comme ici le loisir d’en admirer plusieurs dizaines à la fois, l’on comprend pourquoi.

Ce qui séduit au premier regard, c’est l’extraordinaire lumière qui inonde ses tableaux. Canaletto est en cela le digne héritier de ses prédécesseurs de la Renaissance vénitienne, tels Titien puis Véronèse, grands maîtres de la lumière.
Qui a la chance d’être allé à Venise retrouvera sur les tableaux du Canaletto les mouvantes clartés de son ciel et les insaisissables nuances de son Grand Canal, que le peintre a pourtant su si bien rendre, jouant sur toutes les teintes de l’onde, du vert céladon au gris ardoise…

Frappe tout autant l’équilibre des compositions, auquel la rigueur architecturale n’est certainement pas étrangère. Le carnet de dessins de Canaletto, qui le temps de l’exposition a exceptionnellement quitté la Galerie de l’Académie où il est jalousement gardé, montre d’ailleurs l’importance du travail sur l’architecture et la perspective dans la préparation des tableaux. L’un des charmes du soin accordé à l’architecture qui en somme fait jeu égal avec le ciel et l’eau est de souligner déjà d’une certaine manière la fragilité de Venise, dont les vastes mais délicats palais semblent érigés et tenir par une sorte de grâce.

Canaletto, le grand escalierPuis, quand on passe un peu plus de temps face aux peintures, ébloui par la douceur des couleurs, à la fois chaleureuses et délavées, mille détails échappés au premier coup d’œil apparaissent ; ici, un couple qui s’embrasse, là des gondoliers à l’œuvre, plus loin des gens qui échangent quelques mots. Souvent, le peintre emploie dans le registre des détails des couleurs tout autres, comme le noir, mais surtout le rouge vif, qui vient se poser sur le bonnet d’un marinier, la culotte d’un promeneur ou la jupe d’une dame.

Mais cette splendide exposition réserve d’autres surprises. Outre le fameux carnet de dessins, le Musée présente la chambre optique avec laquelle Canaletto travaillait. L’on y découvre aussi un aspect moins connu de l’oeuvre du vidutista : les gravures, qui montrent des endroits moins célèbres de la lagune et soulignent le mouvement des personnages. C’est peut-être en observant ses gravures et leurs lignes sinueuses que l’on perçoit mieux l’aspect vivant des tableaux de Canaletto.
A signaler enfin, une curiosité baptisée "Caprice", où Canaletto a peint une Venise imaginaire : une "vue" du pont du Rialto, mais d’après le projet de Palladio. Un aspect surnaturel inattendu, et que la lumière jaune dans laquelle baigne le tableau renforce.

Canaletto à Venise, c’est au Musée Maillol
Musée Maillol
59-61, rue de Grenelle – Paris 7°
M° rue du Bac, bus 63, 68, 69, 83, 84
TLJ de 10h30 à 19 h, le ven. jsq 21 h 30
Entrée 11 € (TR 9 €)
Jusqu’au 10 février 2012

Images :
Antonio Canal dit Canaletto, L’entrée du Grand Canal vue de la Piazzetta, 1730, huile sur toile, Grande-Bretagne, Knutsford, The Egerton of Tatton Park © NTPL/John Berthell
Antonio Canal dit Canaletto, L’escalier des Géants du Palazzo Ducale, 1755-1756, huile sur toile, Grande-Bretagne, Alnwick, Collection of the Duke of Northumberland ©Collection of the Duke of Northumberland

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