Suivre la famille Stern pendant douze mois, à travers Paul, quinquagénaire, époux, père, grand-père et fils, tel est l’objet du dernier roman de Jean-Paul Dubois, publié comme ses succès précédents aux Éditions de l’Olivier.
Tout commence au mois de février, lorsque Charles, l’oncle paternel de Paul est incinéré. Dès ce jour, une brique fondamentale de l’édifice familial va se trouver déplacée : Alexandre, le père de Paul, âgé de soixante-dix-huit ans, semble redoubler de vitalité. Héritier de la grande fortune de son frère honni, Alexandre va changer son mode de vie du tout au tout, abandonnant son habituelle austérité pour adopter le « grand-train » : grand appartement, grand bateau, grands voyages, le tout porté par une vie amoureuse flambant neuve.
Qui est Alexandre ? se demande Paul, ne reconnaissant plus son père. Ne nous a-t-il pas menti toute sa vie ?
Ces questions surgissent au moment où Anna, son épouse, s’éloigne de lui en plongeant dans la dépression et où une opportunité professionnelle dans le cinéma lui donne l’occasion de prendre la fuite pour les Etats-Unis pendant plusieurs mois. Là-bas, il tombe raide dingue de Selma, le sosie d’Anna, de trente ans sa cadette…
Le roman, qui se déroule entre la région toulousaine et Hollywood, ne fait pas seulement le récit des difficultés du « vivre ensemble » que pose sans cesse la famille. Il est aussi une réflexion sur les choix que les individus font, ou ne font pas, sur la réussite sociale, le succès, l’opulence matérielle, le monde des apparences, le plaisir, la spiritualité (ou ce qui lui ressemble – au sujet des Etats-Unis : « la pensée désaxée de ce pays, cette espèce de religiosité spongieuse, de verroterie spirituelle… »), et bien sûr la fidélité familiale, les traditions et la stabilité.
Variation sur les valeurs, les illusions, le temps qui passe, les « chocs » de la vie et les réajustements qu’ils nécessitent, il ne fait pas de son narrateur un héros des temps modernes, mais la victime et l’heureux bénéficiaire à la fois de ces arrangements que l’on fait sur l’autel familial : ce que Jean-Paul Dubois nomme « Les accommodements raisonnables ».
Les accommodements raisonnables
Jean-Paul Dubois
Éditions de l’Olivier (août 2008)
261 p., 21 €