Elles sont belles, intelligentes et mènent grandes carrières dans une entreprise internationale.
L’une est presque arrivée au faîte de sa gloire, avec peut-être un poste en vue à Washington : c’est Christine, interprétée par Kristin Scott Thomas, cynique maniant la glace et le feu pour arriver à ses fins. L’autre, Isabelle, est sa subordonnée, cadre supérieur aussi brillante que jeune, incarnée par Ludivine Sagnier. Entre les deux femmes, le jeu de séduction et de pouvoir fonctionne à merveille, jusqu’à ce que les masques tombent, à l’épreuve du monde impitoyable des affaires. Trahie, blessée, Isabelle ne le supporte pas et s’apprête à commettre le pire.
Histoire de vengeance très finement élaborée, Crime d’amour est un très bon polar à l’ancienne, avec placement d’indices, égarement du spectateur puis méticuleuse reconstitution des faits. Ce que l’on voit dans la seconde partie – certes peut-être un peu lente – est une démonstration de la puissance de l’intelligence au service de la machination. La première partie est, elle, plus riche sur le plan social, où le tableau des relations de travail et financières est brossé avec beaucoup d’efficacité. Les actrices forment un duo redoutable ; excellentes l’une comme l’autre. Si le talent de Kristin Scott Thomas est depuis longtemps établi, Ludivine Sagnier continue d’étonner film après film par la palette de son jeu.
Crime d’amour
Un thriller d’Alain Corneau
Avec Kristin Scott Thomas, Ludivine Sagnier, Patrick Mille
Durée 1 h 44
Sorti le 18 août 2010
Fait certain, je ne suis pas un inconditionnel d’Alain Corneau ! Contrairement à Mag rayonnante d’efficacité lorsqu’il s’agit de présenter une oeuvre, je ne découvrirai évidemment pas crime d’amour avant plusieurs mois.
Pourtant, lorsque l’on parle d’Alain Corneau, je ne songe pas à la viole de gambe, à Amélie Nothomb ou à François Perier et au Police Python fumant d’Yves Montand! D’emblée, je retourne 30 ans en arrière, un soir d’été sur la chaise bancale d’un cinéma plein air, non loin de Bormes les Mimosas. J’ai une douzaine d’années et je suis fasciné par la prestation d’un Depardieu incarnant "Mickey le Dingue", l’un de ses premiers grands rôles (après les Valseuses) et quelques apparitions telles ce résistant flingueur aux basques de Michel Constantin dans la Scoumoune ! Outre qu’il rassemble les "gueules" du cinéma français (Montand, Deneuve, Galabru, Lanvin, Anconina…), dans le CHOIX DES ARMES, Corneau préfigurait à mon sens une rupture. Le tournage aux 4000 de la Courneuve d’où sont originaires Mickey et son pote (Anconina) reléverait aujourd’hui de l’impossible. Et avec le Grand Bazar d’un Zidi (tout aussi visionnaire), l’observateur avisé est à même de mesurer l’ampleur de la décadence urbaine en mois d’une décennie! Mais je m’égare, car en ce début d’aout 2010, Alain Corneau resurgit dans mon univers cinéphile, o combien étriqué ! Il y a ce générique, on croit entendre Flic ou voyou… on replonge dans l’ambiance hivernale de Police Python… normal c’est du Philippe Sarde. Mais alors que je revois le CHOIX DES ARMES avec un vieux camarade, à peine Montand retrouve-t-il la piste de Mickey, que le lecteur DVD de l’ordinateur plante ! Scandale, car le DVD est neuf ! Quelle frustration ! Par chance, une semaine plus tard, la collection Polar inaugure son premier numéro par LE CHOIX DES ARMES, que je m’empresse d’acheter… Etait-ce prémonitoire ? C’est la "Série Noire", car Alain Corneau nous quittes peu avant la rentrée.
Dommage, ce sont ces types qui ont fait mon cinéma…
Mac