Alice au Pays des Merveilles. Tim Burton

Alice au pays des merveilles, Tim Burton, Johnny Depp

L’univers merveilleux de Lewis Carroll étreint par celui non moins magique de Tim Burton, cela ne pouvait que fonctionner. Le mariage est librement et plutôt bien honoré.
Entraînée par un lapin à gilet loin d’un monde qui l’ennuie à périr, Alice âgée de 19 ans retrouve au pays des merveilles le Chapelier délicieusement fou, la terrifiante Reine rouge et son opportuniste valet, les animaux qui parlent, chat invisible, chenille fumeuse d’opium, chien fidèle…
Alice grandit, rapetisse, grandit à nouveau, jusqu’à ce que la belle Reine blanche la remette à sa taille, pour le plus grand bonheur de notre adorable Chapelier-Depp. Mais elle n’a pas été projetée de l’autre côté du miroir pour conter fleurette, et une mission de haute épée l’attend pour rétablir la justice parmi ces créatures extraordinaires.
Même si les scènes de combat reposent sur des dispositifs vus mille fois, tout le reste régale sa faim : mélange d’images filmées des vrais comédiens et de dessins animés, explosion de couleurs, de clins d’oeil et de jeux avec les mots rafraîchissants, le tout transporte jusqu’à sa fin avec entrain, et bien sûr, puisque c’est à la mode, en trois dimensions… lunettes glissantes sur le nez.

Alice au Pays des Merveilles
Réalisé par Tim Burton
Avec Johnny Depp, Mia Wasikowska , Michael Sheen
Durée 1 h 49

© Walt Disney Studios Motion Pictures France

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Une réflexion au sujet de « Alice au Pays des Merveilles. Tim Burton »

  1. Le titre de ce nouvel opus de Tim Burton pourrait être "Alice, 13 ans après". En effet, Alice retourne dans le monde merveilleux de son enfance, à l’heure où elle est appelée à entrer dans le monde des adultes pour se marier et mener une vie bien comme il faut dans l’aristocratie so british de la belle époque.Là elle va retrouver tous les personnages de sa jeunesse délurée : lapin blanc, chenille bleue, chat Chess invisible, chapelier fou…C’est reparti pour une aventure encore plus folle : sauver le pays merveilleux de l’emprise de la reine rouge, incarnée par Helena Bonham Carter.

    Un grand Tim Burton, très inspiré par ce conte fantastique qui lui offre l’occasion de laisser libre cours à son imagination délirante. La 3D est saisissante de réalisme. Les couleurs sont chatoyantes, le sens des détails poussé à l’extrême, la force des symboles toujours présente (échiquier; chrysalide; couleur blanche métaphore de l’innocence et de la pureté; couleur rouge symbolisant la colère, le mal et le monde des faux-semblants…). Ce film est un pur enchantement. L’originalité de Tim Burton tient à sa relecture de l’œuvre de Lewis Carroll à l’aune de sa propre perception du monde, contribuant un peu plus encore à construire sa légende à travers son propre univers (cf "Charlie et la Chocolaterie", "Noces funèbres"…). on notera de nombreux clins d’œil à ses oeuvres passées, notamment "Sleepy Hollow" avec les têtes coupées, "Les noces funèbres" avec les paysages cendrés. Cela commence très fort avec une descente interminable dans les entrailles de la terre.En pénétrant le cœur de la terre, elle re-découvre son chemin et à peine de retour dans le monde du réel (le monde matériel), elle affirme sa perception. En plongeant au cœur d’elle-même, elle parvient à terrasser le Jabberwocky et à trouver sa voie.

    Sur plan psycho ou psychanalytique, on s’interroge : rêve-t-elle ou se voile-t-elle la face devant ce monde des adultes où elle a du mal à trouver sa place ? A travers ce périple, elle apprend à se connaître, véritable quête initiatique avec ses couloirs et ses tunnels, refusant sa propre identité au tout début de son arrivée dans le Pays des Merveilles, mettant en doute la perception de ses anciens amis ("Ce n’est pas la vraie Alice", "Suis, je Alice ? Loin de là"….)
    La gemmelité-dualité est toujours omniprésente dans cet opus : Reine Blanche / Reine rouge; Jumeaux, Chenille / Papillon, laquelle Chenille d’ailleurs est adepte de substances hallucinogènes…La réflexion sur la folie et sa normalité vaut aussi le détour : "suis-je fou ? Oui. Tous les gens bien le sont". Joli renversement de valeurs.
    Bref, un grand moment de cinéma, un pur Bonheur.

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