Départ pour un lointain voyage avec une conservatrice de la Bibliothèque nationale de France … C’était mardi dernier, et il y en aura d’autres …
Attention ! avertit d’emblée Annie Berthier, l’histoire du livre n’est pas celle de l’écriture : point de livre sans support répondant à des critères précis.
Mais tout le monde est d’accord : il a bien fallu commencer par l’écriture avant d’inventer le livre.
L’écriture est née en Mésopotamie et en Egypte autour de 3300/3200 av. J.-C.
C’est alors l’un des éléments d’une série d’innovations majeures, au nombre desquelles la sédentarisation, le développement des villes, de l’architecture, etc. : le début de la civilisation historique.
L’histoire du livre – on y arrive – c’est ensuite et surtout celle du support du livre. A cet égard, l’invention du livre est caractérisée par des invariants. Le premier est que, pour fabriquer un livre, on se sert de ce qu’on a autour de soi.
Dans le bassin méditerranéen, ce sera le papyrus, fait avec la moelle du roseau aquatique du même nom.
Certes, on a pu d’abord graver sur des stèles. Mais une stèle gravée n’est pas un livre : on ne peut pas la porter !
C’est quoi, alors, un livre ? Un livre (en grec, on dira biblion, en latin liber), c’est : un assemblage portatif d’éléments présentant une surface plane sur laquelle il peut être écrit de façon durable.
Le texte était d’abord écrit sur des tablettes recouvertes de cire, sur lesquelles on gravait à l’aide d’un stylet. Il était ensuite recopié à l’encre sur le papyrus.
Le livre a eu ainsi d’abord la forme du rouleau.
Le parchemin , peau d’animal dépilée et effleurée, est arrivé très tôt aussi, à Pergame (d’où l’origine du nom). On a tendance à croire que le parchemin a remplacé le papyrus. En réalité, les deux ont coexisté pendant très longtemps.
La forme a ensuite évolué. Du rouleau, on est passé au codex : le livre est formé de feuilles pliées et assemblées en un ou plusieurs cahiers cousus et couvert d’une reliure.
C’est la forme que nous connaissons aujourd’hui.
Si le papyrus, le livre et la bibliothèque – avec la célèbre Bibliothèque d’Alexandrie qui en –50 contenait 700 000 volumes – viennent du Proche-Orient, le papier est en revanche un apport de l’Orient : la Chine a inventé le papier au X° siècle avant J.-C., et l’a utilisé dès le Ier siècle de notre ère. De ce point de vue, « l’avance » de l’Orient est énorme : en Occident, au Moyen-Age, on en était encore au parchemin…
La question de Mag :
Le support est-il important ? François Weyergans a fait cette sage réponse à un journaliste qui lui demandait avec affolement son avis sur le « livre électronique »:
« On a lu sur des parchemins, on a lu sur des peaux de chèvres, on pourra bien lire sur un livre électronique. Personnellement, je préfère le papier, mais je ne vais pas imposer mon amour du papier à la terre entière. Ce qui compte, ce n’est pas sur quoi on lit, c’est ce qui se passe dans la tête du lecteur au moment où il lit. »
Oui. Mais si on s’est mis au papier avec tellement de retard, peut-être peut-on profiter encore un peu de sa douceur … et laisser aux Chinois la primeur du livre électronique ?
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Moi, j’aime bien l’idée des bibliothèques de tablettes d’argile comme à Ur,
Ninive, Nippur, ou ailleurs en mésopotamie.
Certes ce n’est pas très portable mais en cas d’incendie, quelle avantage par
rapport aux codex : la tablette recuit et résiste, généralement.
En cas de titre épuisé, l’éditeur à Ninive lançait une "recuisson".
c trop bien