Peu connues hors de leur pays d’origine, ces très belles oeuvres de l’art sacré slovaque du XIVème au XVIIIème siècles témoignent d’une histoire locale originale.
Contrairement au reste de l’Europe, cette région, pointe extrême du catholicisme en territoire orthodoxe, isolée du reste du continent en raison de nombreux conflits, n’a pas connu la Renaissance.
Ainsi l’art médiéval a subsisté jusqu’au XVIIIème siècle, époque où le gothique a directement cédé sa place au Baroque.
Puisant leur inspiration aux sources du gothique français et allemand, les artistes slovaques en ont donné de magnifiques interprétations, en particulier sur des sculptures en bois polychromé et doré et des meubles liturgiques.
Le thème de la Vierge à l’enfant est très présent. De ces statues de dimension modeste, au visage rond et bien dessiné, au nez fin, se dégage une grande douceur.
Les statues du Christ sur la croix, corps tordu et traits sobrement expressifs, sont également remarquables, notamment une statuette datée de 1400, dont la simplicité et l’économie de moyens n’ont d’égal que la beauté.
Au fil de l’exposition, le travail de sculpture sur bois suscite systématiquement l’admiration, que ce soit pour le rendu des draperies, la polychromie mais aussi pour l’émotion que l’on ressent à contempler ces oeuvres.
L’influence orientale est très visible, avec l’emploi de motifs géométriques et en arabesques, l’utilisation de l’or, notamment sur des stalles en bois peint du XVème siècle et une porte en fer forgé de la même époque.
Les exemples baroques en fin de parcours, style importé à partir de 1650 par des artistes venus d’Italie et d’Autriche, ont tendance à faire regretter ce gothique tardif slovaque. Les oeuvres deviennent massives et puissantes, comme pour mieux imposer la puissance de l’Eglise catholique. L’autel de près de quatre mètres de haut, daté de 1676 est presque caricatural avec son accumulation de statues et d’éléments décoratifs, présentant en son centre d’une façon quelque peu exubérante la scène de Daniel assis dans la fosse au milieu des lions rendus inoffensifs par l’intervention divine.
Une sculpture de Saint-Martin à cheval partageant son manteau réserve la surprise par sa représentation du pauvre bénéficiaire du don, éclopé au visage émacié et au regard implorant, dont on croit entendre le cri s’échapper de sa bouche grande ouverte. Saisissant.
Trésors de Slovaquie orientale – Du Moyen-Age au Baroque, XIVe – XVIIIe siècles Ensemble conventuel des Jacobins
Jusqu’au 24 mars 2008
TLJ de 10 h à 19 h
Entrée par l’église des Jacobins
Rue Lakanal – 31000 Toulouse
M° Capitole, Esquirol
Tarif 5 € (TR 2,50 €)
Image : Saint Ladislas, Statue en bois polychrome, 1520 (Kosice, Musée de Slovaquie Orientale)