Les confidences entre Gloria, Babette, Lola et Aurore, révélées par le Goncourt 1998, ont du mal à nous intéresser vraiment. On peut penser qu’il s’agit d’une satire du milieu universitaire américain des années 90, mais tout cela paraît un peu court, n’évite pas la caricature abusive et ne fait que trop rarement sourire.
Gloria Patter est une militante Noire, spécialiste des « feminine studies » : « Gloria n’avait qu’à se pencher pour ramasser à pleine mains les avantages matériels et la bonne conscience que lui apportait son statut de femme et de Noire, de démocrate et d’anticolonialiste. Elle apparaissait et tout était dit ». Babette Cohen est une collègue, mais d’origine française d’Algérie, qui se trouve trop vieille : « Et comme elle exposait ce corps magnifique à travers la chemise transparente qui lui collait aux seins et aux cuisses, Aurore et Gloria ne la trouvaient pas vieille du tout, et même rudement désirable. N’importe quel homme qui aurait sonné à la porte –le facteur, un flic, un pompier et même le pasteur d’en face-, à qui on aurait ouvert à cet instant, se serait jeté sur Babette ».
Lola Dhol est une actrice en mal de tournage qui vient lire des textes au colloque organisé par ses deux amies : « Ces colloques de femmes remplis de femmes qui ne parlent que de femmes, où elle lisait en tant que femme des textes de femmes, c’était son cauchemar. Pas un homme à l’horizon. Plus un homme debout, plus un homme qui ne soit déchiqueté, émasculé, exécuté. » Enfin Aurore Amer est une romancière française, victime de traumatismes durant son enfance et passionnée par les animaux, sans doute proche de Paule Constant : « Une fois peut-être, parce qu’elle était passée très près d’un prix littéraire, elle avait senti ce grand branle-bas des émotions, comme le vent qui se lève sur un navigateur novice qui ne sait pas où il va placer sa voile ».
Ces quatre femmes ont (ou ont eu) des hommes dans leur vie. Ils sont désignés par leur profession (l’Aviateur, le Machiniste, le Fonctionnaire, le Médecin…), sauf leurs assistants ou secrétaires, homosexuels, dont on connaît les prénoms. Derrière ce pamphlet facile apparaît parfois un épisode plus touchant, comme le retour d’Algérie de la jeune Babette. Mais ces scènes sont trop rares dans un roman qui a manqué sa cible.
Andreossi
Confidence pour confidence. Paule Constant