Dans La prisonnière, le narrateur, épris d’Albertine, la tient chez lui en liberté très surveillée.
Sa jalousie maladive nourrit son amour. Il voudrait en finir, mais ne peut s’en passer.
Il souffre sans cesse, mais continue de l’aimer, devenant à son tour prisonnier.
Et ces décorations fugitives étaient d’ailleurs les seules de ma chambre, car si au moment où j’avais hérité de ma tante Léonie, je m’étais promis d’avoir des collections comme Swann, d’acheter des tableaux, des statues, tout mon argent passait à avoir des chevaux, une automobile, des toilettes pour Albertine. Mais ma chambre ne contenait-elle pas une oeuvre d’art plus précieuse que toutes celles-là ? C’était Albertine elle-même.
Celle qu’il admire, c’est celle qu’il a cru longtemps impossible à atteindre, et qui est désormais installée chez lui :
Je la regardais. C’était étrange pour moi de penser que c’était elle, elle que j’avais crue si longtemps impossible même à connaître, qui aujourd’hui, bête sauvage domestiquée, rosier à qui j’avais fourni le tuteur (…) était ainsi assise, chaque jour, chez elle, près de moi, devant le pianola, adossée à ma bibliothèque.
Il finit, dans certains moments d’extase, par la voir telle la statue d’une église, mais sans jamais oublier les promesses de plaisirs de ce corps qui lui plaît tant :
Le pianola qui la cachait à demi comme un buffet d’orgue, la bibliothèque, tout ce coin de la chambre semblait réduit à n’être plus que le sanctuaire éclairé, la crèche de cet ange musicien, oeuvre d’art qui, tout à l’heure, par une douce magie, allait se détacher de sa niche et offrir à mes baisers sa substance précieuse et rose.
Bon week-end à tous…
"Sa jalousie maladive nourrit son amour" ?
Son amour ou son désir de possession ?
Et pourtant, le narrateur aime véritablement Albertine… même si la
jalousie née de son désir de possession est un ressort important (sans être le
seul) de son amour !