Le mot "tapisseries" évoque aujourd’hui pour beaucoup des vieilleries aux couleurs fanées et aux motifs historiques un peu assommants.
C’est ignorer que les manufactures des Gobelins, de Beauvais et de la Savonnerie continuent de produire chaque année, comme il y a quatre cents ans, des oeuvres d’art tissées d’après les modèles originaux d’artistes contemporains.
Telle est la découverte que nous offre l’exposition Les Gobelins 1607-2007, Trésors dévoilés, quatre siècles de création présentée à la Galerie des Gobelins jusqu’au 25 novembre prochain.
Le rez-de-chaussée réserve ainsi un déploiement spectaculaire de couleurs intenses, chatoyantes, où l’on peut admirer des tapisseries signées Alechinsky, Philippe Favier (magistral hommage à Miro) ou encore le tapis de Matali Crasset (Hommage à l’utopie de Ledoux, 2006).
Au pied de ces véritables tableaux, sont harmonieusement exposés des meubles issus de l’Atelier de recherche et de création du Mobilier national, dans d’heureux mariages de lignes et de tonalités.
Le 1er étage, réservé au passé, crée l’événement avec la Tenture Royale d’Artémise. Cet ensemble de quinze tapisseries tissées au fil d’or et d’argent d’après des dessins d’Antoine Caron avait été commandé par Henri IV pour être offert à Catherine de Médicis. Scindé dès le XVIIème siècle, il est présenté pour la première fois au public dans son intégralité.
A découvrir enfin, un échantillon du mobilier créé au fil des siècle pour orner les lieux du pouvoir. Ors, magnificence, splendeur : rien ne semble trop beau pour le décor des palais de l’Etat.
Si l’on contourne certaines pièces témoins de la folie des grandeurs de nos gouvernants – tel cet immense bénitier en cristal, cadeau à l’impératrice Eugénie – ce sera pour mieux d’approcher de splendides oeuvres du XVIIIème siècle : un adorable bonheur du jour en acajou, bronze et marbre, ou encore un cartonnier orné d’une pendule, avec marqueterie en bronze et écaille de tortue, signé André-Charles Boulle.
Un petit film (15 mn) met joliment en perspective l’héritage du passé et le savoir-faire des ateliers, en montrant le travail et les techniques des artisans qui, aujourd’hui encore, fabriquent et restaurent tapis, tapisseries et mobilier. Entre art et histoire, il met en valeur un délicat travail d’observation et de minutie passionné et passionnant.
Les Gobelins 1607-2007, Trésors dévoilés
Galerie des Gobelins
42, avenue des Gobelins – Paris 13ème
Jusqu’au 21 novembre 2007
Tlj sauf le lundi de 12 h 30 à 18 h 30
M° Gobelins, bus 27, 47, 83 et 91
On peut aussi visiter les ateliers des manufactures toute l’année, les mardi, mercredi et jeudi de 14 h à 16 h 30 (10 €, TR : 7,50 €)