Vous n’entrerez dans la nef du Grand Palais que pour une oeuvre seulement, constituée de cinq plaques d’acier plantées à la verticale sous la voûte. Mais vous y resterez plus longtemps que prévu, progressivement happé par cet étrange dispositif. L’installation qui au départ ne semble représenter que d’immenses stèles va peu à peu s’intégrer sous vos yeux en un vaste et changeant paysage.
La première impression est certainement celle de la déstabilisation : non, ces plaques ne sont pas plantées verticalement ; l’une tangue d’un côté, une autre de l’autre, quand une troisième penche encore selon un axe différent. C’est en tout cas ce qui apparaît à un moment donné, mais l’instant d’après, c’est-à-dire quelques pas plus loin, la perception visuelle a encore changé. Les éléments ne sont pas alignés, c’est un fait mais ce désordre est lui aussi bien variable…
Alors on n’en finit pas de se promener, prenant à la lettre le titre de l’installation, pour le seul plaisir d’embrasser successivement ces perspectives, voir tous ces paysages en un seul. Du haut du belvédère, ces monumentales sculptures semblent soudain toutes petites, elles qui nous ont fait presque peur lorsqu’on s’approchait d’elles, tête penchée en arrière, avec la sensation d’aller se cogner contre un gratte-ciel ! Mais c’était pour s’amuser ; tout comme quand, menton contre la plaque et oeil au somment de la stèle, on joue à oublier notre position verticale : la longue surface lisse qui s’étale devant nous pourrait très bien être horizontale, et nous avec !
Puis vient le moment d’aller s’asseoir sur l’un des nombreux bancs disposés autour de la nef. Ces jours-ci, en milieu de journée, les lieux sont baignés de soleil, l’ossature de fer et les sculptures dessinent des ombres, les visiteurs sont éloignés, minuscules dans ce vaste espace. Vous regardez le ciel, vous regardez le vert de l’architecture, vous regardez ces hautes plaques. Tout à l’heure en les caressant, le poli marbré de leur surface brune teintée de roux vous a rappelé l’écorce des arbres. Là maintenant, il vous semble entendre le bruit du vent dans les pins, celui des vagues ; vous regardez à nouveau les visiteurs en bermuda qui marchent calmement, prennent des photos et admirent. Vous n’êtes plus vraiment sûr d’être dans une salle d’exposition, au coeur de la capitale, mais dans un lieu indéterminé, qui s’invente sous vos yeux, en vous faisant basculer d’une intense contemplation à un vague et doux vagabondage.
Monumenta 2008 – Richard Serra, Promenade
Jusqu’au 15 juin 2008
Grand Palais – av. Winston Churchill, Paris 8ème
M° Franklin Roosevelt, Champs-Elysées-Clémenceau
Bus 28, 32, 42, 72, 73, 80, 83, 93
TLJ sauf le mardi
Lun. et mer. de 10h à 19h ; jeu. à dim. jsq 23h
Ouvert lundi 12 mai
Entrée : 4 € (TR 2 €)
Si vous voulez en savoir plus sur l’artiste, son parcours, son travail, la façon dont il conçoit et pense ses oeuves et celle-ci en particulier, Monumenta met à votre disposition, sur place, tout un arsenal destiné à rapprocher l’art contemporain du grand public : audioguide et fascicule gratuits, espace documentaire, DVD en boucle et médiateurs. Vous pouvez également visiter le site internet (lien-ci-dessus).
Image : Promenade, 2008 I (acier, cinq éléments de 1700 x 400 x 13 cm chacun) – photo Lorenz Kienzle – tous droits réservés Monumenta 2008, ministère de la Culture et de la Communication
C’est l’impression (d’après la description et les photos)de légèreté de ces plaques de plusieurs tonnes qui est le plus étonnant. Ces géants d’acier paraissent animés et effectivement se promener sous la grande voute.
Il faut aller voir cette expo à la tombée de la nuit par beau temps c’est génial. Ces plaques de 17 mètres de haut m’ont fait penser au départ au film 2001 l’odyssée de l’espace lorsque des blocs de pierres noires sortent de terre. Puis au fur et à mesure de cette promenade dans cette immense espace j’ai trouvé que ces plaques de métal allaient parfaitement dans ce décor et même que la couleur et au toucher ces plaques étaient chaudes et que l’ensemble de la nerf du grand palais parait froid avec la couleur verte et le verre de la verrière. De plus le DVD montre bien la philosophie de l’artiste et toutes les inspirations japonaises que l’on retrouve à mon sens dans l’oeuvre présentée. Il reste maintenant à aller au jardin des tuilerie ou sont implantés les deux C de Carla. Bref à voir.