On peut commencer la visite par entrer dans la grotte de Xavier Veilhan.
Si la structure extérieure paraît étrange, hérissée de liteaux de bois, l’intérieur est tout à fait une grotte : on s’arrête dans la très faible clarté avant de traverser en silence et lentement.
L’idée du musée des Abattoirs est très alléchante : une exposition en diptyque qui se présente en même temps (avec des œuvres différentes mais les mêmes artistes) dans la grotte du Mas d’Azil en Ariège et au musée d’art contemporain toulousain.
Avant de parcourir les quelques 80 kilomètres qui séparent les deux sites, poursuivons la visite devant les peintures et totems aborigènes. Car c’est sous la thématique du temps du rêve des Aborigènes d’Australie que nous découvrons comment les artistes d’aujourd’hui évoquent l’univers de la grotte.
Les peintures aborigènes, schématiques, aux cercles concentriques ou cheminements sinueux, aux couleurs souvent de terre, sont habiles à rappeler le monde onirique. Les préhistoriques d’Ariège rêvaient-ils les animaux qu’ils dessinaient sur les parois ? Sans doute, et Pascale Marthine Tayou reprend un thème fréquent de l’art pariétal paléolithique : ses animaux dessinés sur les murs sont parsemés de sexes masculins érigés, et son évocation de dessins de Picasso nous fait penser que lui-même s’est inspiré des images de la préhistoire. L’artiste a dressé des totems aux têtes de poupées en tissu fichées sur des pattes en pâte de verre, le tout hissé sur des troncs d’arbre verticaux.
David Altmejd a pris le contre-pied de l’obscurité naturelle des profondeurs. Tout est construit en miroirs : grands panneaux pour les parois, personnages de plusieurs mètres de haut constitués de fragments de miroirs, ou constructions géométriques complexes toujours terriblement réfléchissantes. Cet univers hyperlumineux peut renvoyer à ces grottes où la calcite miroitante se révèle à la lumière des lampes.
Une des plus intéressantes installations est celle de Charley Case : une modeste caravane toute noire est encadrée de murs sombres aux reproductions de dessins de la préhistoire. Des petites fenêtres présentent des vidéos pendant que le bruit caractéristique de gouttes d’eau qui tombent avec de l’écho nous entête. Au-dessus, la voie lactée. La caravane apparaît comme le lieu d’arrivée, au fond de la grotte, et devient le point de départ pour un autre univers. Une sorte de fenêtre fente nous permet de voir, sur le plancher de la caravane, la vidéo d’une femme sur qui l’eau passe.
D’autres artistes, et non des moindres ont laissé des traces ici : Miquel Barcelo par l’humour, Paul-Armand Gette par l’érotisme, Jean-Luc Parant par les boules, bien sûr. Mais on retiendra particulièrement le travail de Serge Pey, poète performeur, qui a dressé plusieurs groupes de ses bâtons où sont écrits ses textes quasi microscopiques. Sur les murs, des reproductions des bisons d’Altamira ou du sorcier des Trois Frères, mais surtout l’histoire écrite à la main de la « Venus Hottentote », devenue Saartje Baartman et exhibée devant les foules européennes au début du 19ème siècle, disséquée ensuite par Cuvier… Nous avons commencé par le temps du rêve aborigène et finissons par le rêve cauchemar occidental.
DreamTime – Temps du Rêve
Grottes, Art Contemporain & Transhistoire
Jusqu’au 30 août 2009
les Abattoirs, 76 allées Charles-de-Fitte – 31300 Toulouse
Tel. 05 62 48 58 00
M° Saint-Cyprien République, bus : n°1, arrêt les Abattoirs
Vélo Toulouse : 2 stations à quelques dizaines de mètres du musée
Parking Roguet, place Roguet, 2 places handicapés réservées rue Charles Malpel
Mercredi, jeudi et vendredi de 10 h à 18 h, samedi et dimanche de 11 h à 19 h
Du 8 juillet au 6 septembre 2009 du mercredi au dimanche de 11 h à 19 h
Gratuit le 1er dimanche de chaque mois
Entrée 7€ / 3,5€, demi-tarif sur présentation du ticket de l’exposition du Mas d’Azil
Gratuit le 1er dimanche de chaque mois.
Grotte du Mas-d’Azil (09)
Du 16 mai au 14 novembre 2009
Ouvert tljs 10h-12h / 14h-18h – Eté : 10h-18h