Après avoir adoré sa belle Ellie toute sa vie, Carl, devenu veuf, se retrouve fort grincheux. D’autant que d’impitoyables promoteurs menacent de faire main basse sur son pavillon et que deux infirmiers l’attendent de pied ferme pour l’emmener fissa en maison de retraite. Qu’à cela ne tienne, Carl, comme s’il avait récupéré la malice et l’opiniâtreté de feue son épouse, s’envole un beau matin dans sa demeure, tous deux portés par une nuée de ballons multicolores.
Carl ne le sait pas encore, mais, outre lui-même et sa maison, un troisième personnage est à bord : Russel, boy-scout dodu, un peu idiot et très bavard, dont l’objectif est d’aider une personne âgée, afin d’obtenir la décoration pour « bonne action » qui lui manque…
Les voici donc navigant dans les cieux direction l’Amérique du Sud, précisément là où Ellie et Carl rêvaient d’aller depuis tout petits, quand ils se sont rencontrés. A l’arrivée, de surprises en surprises, les aventures ne feront que commencer.
Mené à très bon train, le dixième long-métrage du studio d’animation Pixar (Nemo, Ratatouille, Wall. E, …), réalisé par Pete Docter, regorge d’humour, gags inattendus et répliques bien envoyées.
Surtout, il déborde d’inventivité, poussant les possibles à leur maximum, là où seule l’imagination peut aller, faisant surgir le magique à tout instant. Mais au delà de l’amusement, de la narration et du merveilleux qui emportent, Là-haut est un film qui touche les « grands », n’évoquant en fait que des sujets graves. Derrière les couleurs des ballons et du plumage flamboyant de l’oiseau Kevin, se cache beaucoup de noirceur. Ainsi, même si elle est racontée très vite, on voit que durant leur vie commune, Ellie et Carl ont été maintes fois arrêtés dans leur élan. Russel le petit scout agaçant est au fond malheureux comme les pierres à cause d’un père absent. L’explorateur Muntz, ancienne célébrité désavouée, et retrouvé en Amérique du Sud inspire bien de la pitié malgré sa méchanceté.
Si tous les êtres de cette histoire sont des déçus de la vie, des rêveurs que la réalité à laissés dans la peine ou dans l’aigreur, le film délivre malgré tout dans ses dénouements un message vivifiant, sinon apaisant. Le voyage de Carl en Amérique du Sud, entrepris comme une promesse faite à Ellie et réalisée post mortem, lui permet finalement de faire le deuil de sa chère disparue ; et une fois ce deuil fait, de belles choses pourront certainement à nouveau advenir…
Là-haut
Un film d’animation de Pete Docter
Avec les voix de Charles Aznavour, Tom Trouffier, Guillaume Lebon, Richard Leblond
Durée 1 h 35
Bonjour Mac, racontez donc nous son histoire, et son lien avec les airs !
comme d’habitude, j’avoue ne pas avoir vu le film. mais c’est l’affiche qui m’incite à réflexion, voire au débat. Cela, d’autant plus que celle d’une exposition récente organisée par la cité des sciences de la Villette (visible dans le RER B) s’inspire également de l’iconographie de "bâtiments volants".
Il s’avère que cette thématique d’édifices flottants dans les cieux me rappelle le contenu d’une recherche en anthropologie historique et médiévale (non publiée) que j’ai menée entre 1998 et 2000).
Avez-vous déjà entendu parler de Magonia et de l’évêque carolingien, Agobard de Lyon ?
Cordialement,
Mac
Bonjour,
je vais essayer d’être bref pour résumer 80 pages de recherches.
L’évêque Agobard de lyon (769-840) est le premier à transcrire le nom de Magonia. Etymologiquement, il s’agit d’un mot latin, puisque magon signifie "ville". Agobard est donc confronté à des sorciers tempêtaires qui déclenchent des "vents lévatrices", des averses et du tonnerre pour faire tomber les récoltes. C’est alors que "naviguant dans des nefs voguant sur les nuages" surgissent de mystérieux petits hommes étrangers à la sainteté" pour rapporter à Magonia les fruits que la grêle à fait tomber et perir. Bien entendu, en échange, les "nautes aériens" distribuent des cadeaux à ceux qui ont déclenché les tempêtes. Mais personne ne donne plus de détails sur ce que pourrait être Magonia !
Reste que le problème de l’évêque c’est que certains payent des anti-tempesteurs pour sauvegarder leur récolte et qu’il s’agit là d’une dîme qui ne profite pas à l’église ! Ainsi, à partir du texte et en s’appuyant sur les travaux (en fait sa thèse) de l’ethnologue FAVRET-SADA ("Les mots, la mort, les sorts"), j’ai démontré que l’on se retrouvait bel et bien dans les schémas traditionnels de la sorcellerie.
L’ethnologue et folkloriste Paul SEBILLOT parlait "d’une fabuleuse contrée de l’air appelée Magonia…", mais
par la suite, Magonia ne reste pas une croyance "statique" puisque dès la fin du siècle dernier (fin des années 60), de nouveaux éléments vont venir se greffer à cette croyance médiévale. En s’écartant des sources latines originales traduites par des médiévistes de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, il faut s’intéresser au livre de l’ufologue Jacques valléee (Passport to Magonia). La croyance d’origine est alors rattachée à celle de la venue d’hypothétiques extra-terrestres, et la traduction du texte par VALLEE est assez fantaisiste(d’ailleurs tout semble largement pompé sur l’almanach de la ville de Lyon de 1837).
En 1986 un auteur identifie même Magonia à un nuage.
Mais Il faut appliquer les principes du tableau mythographique suggeré par A. MOLES pour comprendre et identifier les mécanismes sociaux qui animent et structurent cette croyance : A) dans l’imaginaire médiéval : pouvoir magique insolite comme "l’élévation" et le vol
B) dans l’imaginaire contemporain "quatrième dimension".
Je passe enfin sur diverses récupérations médiatiques contemporaines (la carte Imagine R fait sa promotion sur un fond bleu avec le ciel et des nuages) mais on retrouve toujours ce symbolisme d’ailleurs fabuleux, de liberté et de voyage (voir aussi DANTE).
Voilà, j’ai laissé de côté nombres de détails collectés lors de mes investigation, mais j’espère avoir comblé votre curiosité. N’hésitez pas à me contacter.
Cordialement,
Mac