Tant que les poètes sont là… novembre ne nous aura pas, ni décembre, ni aucune autre nuit, si ce n’est la nuit étoilée qu’évoque Michel Orion lorsque, sur le col de Vence où il a passé son adolescence, il a écouté Léo Ferré et s’en est trouvé marqué à jamais.
Ce souffle poétique, celui-là même dont le grand Léo parlait peu de temps avant sa mort pour désigner ce qui resterait alors de lui, "comme un vent…", Michel Orion le ravive, le soir venu, dans l’adorable théâtre de l’ïle Saint-Louis, sur le quai d’Anjou, une salle "très baudelairienne" pour reprendre ses mots.
Une quarantaine de places, un accueil discret et charmant, puis c’est piano-voix, chanson et poésie, et cela pourrait durer toute la nuit.
Michel Orion chante Ferré, Baudelaire, mais aussi des textes et des notes de sa plume. Il a aimé Erik Satie, Boris Vian et cela se sent. De Satie, il raconte qu’à la fin de sa vie, retiré à Arcueil, il n’ouvrait plus les lettres qu’il recevait, mais qu’en revanche il y répondait toujours : "Anar, mais poli" remarque-t-il pour conclure.
Avec lui, l’on se sent si proche de ces artistes, si familier de la poésie, que l’on se dit que Baudelaire, Ferré et les autres sont hors le temps. Ils résonnent aujourd’hui comme ils résonnaient hier. Et ils vivront encore longtemps, à cette seule condition, que l’on sait infiniment gré à Michel Orion de faire respecter : qu’on dise la poésie, la chante, l’écoute. Encore et toujours, comme une grâce que l’on veut bien s’accorder à soi.
Michel Orion
Ferré, Baudelaire et moi
Théâtre de l’île Saint-Louis Paul Rey
39, quai d’Anjou – 75004 PARIS
M° Pont Marie ou Saint-Paul
Du mardi au samedi à 21 h, le dimanche à 17 h
Jusqu’au dimanche 28 novembre 2010
Places 15 € (étudiants de moins de 25 ans : 10 €)
Réservations au 01 46 33 48 65