Raphaël, les dernières années. Musée du Louvre

Donna Velata, RaphaëlEn une petite centaine d’œuvres, dont plus de la moitié de tableaux, l’exposition du Louvre se concentre sur les dernière partie de la riche carrière de Raphaël (1483-1520), de 1513 à sa mort.
Y sont également montrées des œuvres de ses élèves les plus actifs, Giulio Romano et Gian Francesco Penni. En effet, Raphaël, alors au faîte de son art et de sa célébrité, était à la tête d’un atelier d’une cinquantaine de collaborateurs. S’il se faisait beaucoup aider afin de répondre à ses innombrables commandes, il demeurait toutefois le seul inventeur des œuvres. Et même sur celles qu’il faisait exécuter, il apportait sa touche finale afin de les parfaire. La confrontation des peintures du maître à celle de ses élèves grâce à ce très beau parcours est déterminante sur ce point : aucun d’eux ne l’égala en finesse de touche, en douceur d’expression, en présence du sujet. Les sections consacrées à Romano comme à Penni, si elles réservent de belles surprises, font surtout ressortir, en définitive, la perfection de l’art de Raphaël.

Après un apprentissage auprès du Pérugin à Pérouse, dont il a appris et ennobli la manière dans le rendu si doux des visages, en 1504 Raffaello Santi part à Florence compléter sa formation, où il admire l’art de ses aînés, Michel-Ange et Léonard de Vinci qui y sont au même moment, et se jure de les égaler.
Mais dès 1508, le pape Jules II fait venir le jeune Raphaël à Rome pour décorer les nouvelles chambres du Palais du Vatican. A la mort de Jules II en 1513, son successeur Jean de Médicis – Léon X – reconduit l’artiste pour poursuivre la décoration du Vatican tant son travail séduit.

Si le pape est son principal mécène, bien d’autres commanditaires se pressent autour de lui, pour des retables et autres panneaux religieux, mais aussi pour des portraits. Conformément à la conception humaniste, Raphaël était un artiste complet qui, loin de limiter son art à la peinture, l’exerçait également dans l’architecture ou encore la tapisserie. L’exposition présente d’ailleurs de magnifiques exemplaires de tapisseries conçues par Raphaël, telles Dieu le Père, l’une des trois réalisées pour le décor du lit d’apparat du pape, venue de Madrid – hélas, dans un espace un peu trop réduit qui ne permet pas toujours d’admirer ces œuvres immenses avec le recul nécessaire.

L’exposition permet de vérifier le propos de Vasari, comparant Raphaël à une éponge : outre l’influence de son maître le Pérugin, celle de Léonard de Vinci est d’autant plus remarquée que l’on a encore frais à l’esprit le souvenir de la fameuse Sainte-Anne, objet d’une éblouissante exposition au Louvre cette année également, dont Raphaël semble s’être grandement inspiré pour un certain nombre de ses Madones. Et, face à ses portraits, comment ne pas penser aussi au Titien : l’on retrouve dans les compositions en buste de trois-quarts devenues classiques et dans le soin rendu au soyeux et à la finesse des étoffes le souvenir du maître vénitien que Raphaël n’a pas dû manquer d’admirer.

Raphaël, Madone à la roseC’est d’ailleurs dans ces deux sections, l’une consacrée aux Vierges et l’autre aux portraits que l’on retrouve les œuvres à la fois les plus belles et les plus touchantes de Raphaël : la Madone à la rose du Prado (partenaire de l’exposition) et surtout l’inoubliable Madone de l’Amour divin du musée Capodimonte à Naples. Outre leur perfection esthétique, ces tableaux véhiculent, à travers l’expression des visages, les mouvements des corps et les couleurs, d’immenses sentiments de tendresse.

Côté portraits, l’on retrouve ceux du Louvre, comme le célèbre Balthazar Castiglione, copié par les plus grands, ou encore le mystérieux Portrait de l’artiste avec un ami auteur, mais l’on découvre aussi, venu de Washington, l’audacieux portrait de trois-quart dos du jeune banquier florentin Bindo Altoviti et surtout la splendide Donna velata, peut-être amante du peintre, conservée à Florence.

De quoi prolonger encore l’immense admiration que l’un des artistes les plus connus, les plus reproduits au monde suscitait déjà de son vivant, au point qu’il fut l’un des rares artistes enterrés au Panthéon à Rome, avec pour épitaphe, signée du cardinal Bembo : "Ci-gît Raphaël, qui durant sa vie fit craindre à la Nature d’être maîtrisée par lui et, lorsqu’il mourut, de mourir avec lui."

Raphaël, les dernières années
Musée du Louvre
De 9 h à 18 h lun., jeu., sam., dim. ; mer. et ven. jusqu’à 21 h 45
Entrée pour l’exposition : 12 euros
Jusqu’au 14 janvier 2013

Images :
Raphaël, Portrait de femme, dit La Donna Velata, vers 1512-1518. Huile sur toile. H. 82 ; l. 60,5 cm. Florence, Galleria Palatina, Palazzo Pitti, inv. Pal. no. 245 © 2012 Photo Scala, Florence – courtesy of the Ministero Beni e Att. Culturali
Raphaël, La Sainte Famille avec le petit saint Jean Baptiste, dite Madone à la rose, vers 1516. Huile sur bois transposée sur toile. H. 103 ; l. 84 cm. Madrid, Museo Nacional del Prado, P-302 © Museo nacional del Prado, Madrid

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