Publié à titre posthume en 1881, Bouvard et Pécuchet est le dernier roman de Gustave Flaubert (1821-1880).
Il raconte l’histoire de deux gratte-papiers qui se rencontrent par une chaude journée d’été. L’un arrivant de la Bastille, l’autre du Jardin des Plantes, ils s’assoient au même moment sur le même banc devant l’eau couleur d’encre du canal Saint-Martin. Là, ils partagent leur dégoût des affaires comme du divertissement, des femmes en particulier ("frivoles et acariâtres") et du genre humain en général. D’accord sur tout, ils conviennent qu’ils seraient bien mieux à la campagne. C’en est fait : "éprouvant le charme des tendresses à leurs débuts", ils deviennent non seulement amis mais encore inséparables.
A la faveur d’un héritage reçu par Bouvard, les deux compères s’installent dans une ferme normande et mettent leurs rêves à exécution, se lançant successivement dans l’élevage, l’agriculture, l’horticulture, l’arboriculture. Ils étudient également la médecine, la chimie, l’astronomie, puis encore la littérature et la philosophie.
Hélas, entre inspiration des plus improvisées et consultation aveugle des encyclopédistes, ils ne mènent à bien aucune de leurs expériences. D’échec en échec, ils finissent par éprouver l’ennui profond de la campagne et, tous rêves fracassés, se résolvent à revenir à leur travail de copistes à Paris…
Cruelle comédie sur la vanité humaine, Bouvard et Pécuchet est ici adapté avec toute la précision, la truculence et la force satirique flaubertiennes.
Excellents, Philippe Blancher et Roch-Antoine Albaladéjo ponctuent le jeu direct d’extraits du récit bien ciselés. Le rythme est trépidant et la mise en scène inventive. Deux tabourets tournants, deux portants et deux pupitres métalliques suffisent à recréer tous les décors : les rues de Paris, les restaurants, les escaliers d’immeubles, puis la maison de campagne et sa pendule qui égrène les heures, le parc et ses peupliers au balancement incessant… Tous ces univers-là, ces ambiances, ce quotidien fait d’enthousiasmes autant que de déceptions, les deux comédiens les restituent avec beaucoup de malice, faisant de cette terrible farce une interprétation savoureuse .
Bouvard et Pécuchet
D’après Flaubert
Adaptation et mise en scène : Vincent Colin
Avec Roch-Antoine Albaladéjo et Philippe Blancher
Et la voix de Edith Scob
Théâtre Lucernaire
53 rue Notre-Dame-des-Champs, Paris 6ème
Du mardi au samedi à 20h, dimanche à 15 h
Durée : 1h environ
Le spectacle est prolongé jusqu’au 26 mai 2013