Le 1er juillet dernier, la commune de Soueix-Rogalle a créé l’événement dans le Haut-Couserans (Ariège) : après sept ans de recherches et deux ans de travaux, le musée de la Boutique des colporteurs a ouvert ses portes au coeur du village.
L’objectif ? Faire revivre un moment fort de l’histoire des vallées pyrénéennes : celui de "l’âge d’or" des colporteurs.
Les colporteurs étaient des vendeurs ambulants qui, dès le Moyen-Age, transportaient leus marchandises dans de petites caisses de bois accrochées autour du cou – d’où le nom de "col-porteurs" – ou sur le dos.
Ici, cet "âge d’or" est en réalité le reflet d’une certaine pauvreté : en raison de la surpopulation pyrénéenne au milieu du XIXème siècle, l’économie agricole ne permettait pas à tous de vivre correctement, poussant les moins fortunés à diversifier leurs moyens de subsistance. Ainsi, à la morte saison, nombreux étaient ceux qui partaient sur les chemins du sud-ouest, voire par-delà les montagnes et les mers jusqu’en Espagne, en Algérie et même au Canada et en Amérique Latine, apportant nouvelles, nouveautés et petits objets dans les coins les plus reculés.
Ils s’approvisionnaient à crédit et remboursaient leurs fournisseurs une fois de retour au pays, en fonction des ventes réalisées, ou même après les récoltes.
A Soueix, le magasin Souquet était l’un des fournisseurs essentiels des colporteurs de la vallée : en pleine activité de 1824 à 1960, on y trouvait en effet de tout.
Grâce à la donation à la commune du bâtiment qui l’hébergeait par ses héritiers en 2005, puis au travail de reconstitution par une équipe de passionnés, ce pan de l’activité de la population pyrénéenne du XIXème siècle (les colporteurs ont disparu avant la Première Guerre Mondiale) reprend forme et vie dans le Musée.
Dans les pièces adjacentes à la Boutique proprement dite, est racontée la vie des colporteurs : près du cantou (le grand âtre), des voix de souviennent de ce métier qui, durant des mois, était aussi un mode de vie à l’économie. Par exemple, on ne dormait pas à l’auberge, mais chez l’habitant/client en échange de quoi on laissait parfois quelques babioles. En 1852, afin de contrôler cette profession dont les autorités se méfiaient depuis le siècle précédent, a été instauré le permis de colportage. Un exemplaire en est exposé, ainsi que des caïchos ou marmottes (les caisses des colporteurs), remplies de bijoux, d’articles de mercerie, d’objets de dévotion…
Enfin, on pénètre dans la magnifique Boutique Souquet, une seule pièce couverte du sol au plafond de tiroirs et d’étagères de bois abrités derrière le grand comptoir en U. La caisse trône toujours au centre et, dans la petite pièce à côté, le coffre-fort et les pièces comptables : de grands registres où sont soigneusement consignées, d’une plume déliée et régulière, les commandes, la liste des débiteurs, etc.
On laissera le visiteur s’émerveiller du contenu des rayonnages (ainsi que des surprises sonores en ouvrant les tiroirs) et des cloches de verre posées sur le comptoir : épices, flacons de droguerie, pièces de quincaillerie et de vaisselle, draps, boutons, chapelets et bien d’autres trésors, tous en vente ici-même entre le milieu du XIXème et le milieu du XXème siècle.
Musée des colporteurs
Rue Principale
09140 SOUEIX-ROGALLE
En juillet-août, tous les après-midi de 14h30 à 19h
A côté : « Aux saveurs du terroir » (épicerie fine, petite restauration et salon de thé)
Entrée adulte : 2 €, enfant : 1 €
Pass’patrimoine : 5 €, entrée comprise pour la Boutique des Colporteurs, le Château de Seix et l’Exposition des Montreurs d’ours d’Ercé