C’est le portrait d’une femme à la dérive, incarnée par Cate Blanchett, que Woody Alllen dessine cette fois. Avant de s’appeler Jasmine, elle fut une petite Jeannette qui n’a pas grandi dans le luxe, tout comme sa sœur Ginger, elle aussi enfant adoptée.
Mais, grandie belle et avisée, elle a fait un beau mariage, s’est rebaptisée Jasmine au passage, et son époux, riche au-delà de toute idée, lui a fait une vie en or massif. Jusqu’à ce que, à force de tromperies, à son égard comme au reste du monde, il finisse par se faire piéger. Prison et suicide s’ensuivent rapidement.
La quarantaine arrivée, voici Jasmine veuve, couverte d’opprobre et ruinée. En pleine dépression, elle quitte les quartiers chics de New-York pour se réfugier à San Francisco chez sa petite sœur. Ginger est caissière, a deux fils trop gros, une petit appartement, un ex-mari qui vivote et un nouvel amoureux dans le genre pas fin. Malgré tout ce qui sépare les deux sœurs, elle accueille Jasmine avec toujours autant d’admiration et une sincère affection.
Ces deux portraits de femmes sont merveilleusement brossés et interprétés. Malgré son inévitable bavardise, Woody Allen concentre sur elles toute la tension dramatique du film, sans fard ni anecdote inutile.
Les deux femmes, arrivées vers le milieu de leur vie, continuent à poursuivre le bonheur, l’une avec l’assurance de celle à qui la vie a souri, l’autre en se laissant porter par les rencontres et les événements. Mais c’est la première qui se trompe en ne recherchant que la fortune quand l’autre recherche la sincérité des sentiments. Un film moral en quelque sorte, dont les hommes, une fois de plus chez le réalisateur new-yorkais, ne sortent pas grandis.
Blue Jasmine
Un film de Woody Allen
Avec Baldwin, Cate Blanchett, Sally Hawkins
Durée 1 h 38
Date de sortie en salles : 25 septembre 2013