Collection particulière. François Morel

francois morelFrançois Morel aime la chanson, cela se voit et cela s’entend.

Admirateur des grands maîtres, Brassens, Moustaki, Barbara, Ferré, Brel mais aussi de la jeune génération, Bénabar, Delerm et de l’inclassable Juliette, il se lance à son tour dans un récital, interprétant des textes de son cru.

Au programme, beaucoup d’humour bien sûr, mais aussi quelques ritournelles aux accents sentimentaux, voire nostalgiques sur le temps qui passe.

Les chansons s’enchaînent autour de petits numéros, écrits par Jean-Michel Ribes, des échanges verbaux avec Reinhardt Wagner, pianiste pince sans rire et bonhomme.

Voici un tour de chant qui s’inscrit dans la digne tradition des chansonniers, sans prétention, débordant de poésie et bonne humeur.

On a la joie d’y redécouvrir les talents de comédien de François Morel, aux mimiques et à la gestuelle enjouées et réjouissantes, qui fait ici la preuve qu’il sait aussi très bien chanter.

Collection particulière. François Morel
Textes des chansons François Morel
Texte et mise en scène Jean-Michel Ribes
Musique composée* et interprétée par Reinhardt Wagner (*sauf Les Documentaires : Vincent Delerm et Paulo Virginie : Juliette)
texte et mise en scène Jean-Michel Ribes
Théâtre du Rond-Point 2 bis, avenue Franklin D. Roosevelt – Paris 8ème
Salle Renaud Barrault
Jusqu’au 14 avril 2007
Du jeudi au samedi à 18 h 30, durée 1 h 15 environ

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René Lalique, Créateur d'exception 1890-1910.

lalique epingleDes moineaux à la gorge gonflée délicatement posés sur une branche, couverts de brillants : voici l’une des premières créations de René Lalique, lorsqu’il travaillait dans l’anonymat pour les grands joaillers Boucheron et Vever.

Déjà éclatent la finesse et le travail profondément créatif de l’artiste.

Né en Champagne en 1860, Lalique puise dans son enfance champêtre une constante inspiration.
Motifs végétaux, floraux et animaux les plus ordinaires demeureront présents tout au long de sa prolifique carrière, conférant à son œuvre une simplicité que ses autres inspirations – bien de son temps – n’altèreront pas.

Lorsqu’il fonde son propre atelier en 1887, il abandonne la joaillerie et a l’audace d’utiliser des matériaux moins nobles, comme l’ivoire et la corne, des pierre fines aux couleurs étranges comme l’onyx, le jaspe, l’agate, l’opale, qui lui permettent d’explorer sans limite le champ des couleurs et des formes, à la mesure de son génie créatif et de son imagination débordante.
Sensible aux inspirations de l’époque, son œuvre permet de retrouver les grandes tendances des arts décoratifs de la fin du XIX° et du tout début du XX°.

De l’éclectisme fin de siècle, avec la veine égyptienne qui persiste depuis les conquêtes napoléoniennes, à l’Art Déco du XX°, René Lalique se délectera un long moment dans le mouvement de l’Art Nouveau avec sa faune, sa flore, ses volutes, mais aussi un symbolisme très marqué avec le cygne, le serpent …
Des estampes japonaises qui circulent alors à Paris, il utilise les motifs de pivoines, chrysanthèmes, branches de prunier, pavots, ombelles, qu’il incruste dans des peignes de bois laqués.

De tous ces mouvements, il fait un miel qui lui est propre, reconnaissable entre tous (un coup d’œil sur les créations d’autres concepteurs contemporains permet de le vérifier) : délicatesse, grâce, originalité, mais aussi une délicieuse ambiguïté dans sa représentation – constante – de la femme.
Au lissé des visages à l’ovale parfait, à la nudité innocente des corps féminins, se mêle le doux effroi des animaux qui font frissonner, insectes, iguanes, crapauds, chauves-souris …

Au delà de la beauté pure de ses bijoux d’exception, René Lalique ouvre ainsi au visiteur attentif tout un monde de poésie, de fantasmes et de fantaisie, qui fait de cette exposition un véritable enchantement.

René Lalique, Créateur d’exception 1890-1910
Musée du Luxembourg, 19 rue de Vaugirard – Paris 6ème
Jusqu’au 29 juillet 2007
Entrée 10 €
Catalogue de l’exposition, 264 p., 32 €

Image : épingle à chapeau Guêpes, or, émail, opale, diamant (vers 1890-1900)

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Le retour au désert (Bernard-Marie Koltès) à la Comédie-Française

koltesMathilde rentre d’Algérie avec ses enfants pour retrouver, dans une ville de l’est de la France, la maison familiale occupée par son frère Adrien, son épouse et son fils.

Adrien espère qu’il ne s’agit que d’une visite de passage, mais Mathilde lui signifie rapidement qu’elle entend au contraire s’y installer.

Ce sont ces retrouvailles que Bernard-Marie Koltès (1948-1989) raconte dans Le retour au désert, pièce écrite en 1988, qui fait aujourd’hui son entrée au répertoire de la Comédie-Française.

Il y est question d’histoire douloureuse, de relations familiales aigues, mais aussi d’héritage et de présent, notamment avec les enfants de Mathilde et d’Adrien.

Après des années de calme passées en Algérie, Mathilde revient avec beaucoup de violence en elle, le désir de mener la guerre à son frère, au passé et à cette province endormie.
Mais Adrien, malgré sa paisible vie bourgeoise, n’en contient pas moins de violence : la réapparition de sa soeur, qui vient perturber une existence trop et mal verrouillée, suffira à la révéler.
Le retour au désert est un texte fort sur la famille, la province, la bourgeoisie, le racisme, le silence qui étouffent. Mais c’est aussi une histoire d’amour passionnelle entre un frère et une soeur, qui entre cris et disputes, finit par émouvoir.

La mise en scène et la direction d’acteurs de Muriel Mayette sont particulièrement réussies : la volonté d’humour voire de cocasserie impriment à la pièce une légèreté opportune, qui n’amenuise en rien la violence et la portée du texte.

L’idée d’un long mur gris pour représenter à la fois l’intérieur opulent de la demeure familiale et le mur du jardin qui la ceint est simple et incroyablement efficace.
Quant au choix des comédiens, le spectateur n’y trouvera rien à redire, tous sont très bons, incarnent parfaitement leur personnage, y compris Aziz, le domestique algérien. (1)

Le retour au désert. Bernard-Marie Koltès
Mise en scène de Muriel Mayette
Avec Martine Chevallier, Bruno Raffaelli, Michel Vuillermoz, Julie Sicard, Michel Favory …
Comédie-Française, salle Richelieu, place Colette – Paris 1er
En soirée à 20 h 30, en matinée à 14 h
Jusqu’en juin 2007
Locations par courrier ou par téléphone au 0825 10 1680

(1) A cet égard, le procès que François Koltès, l’ayant-droit de l’auteur, fait au metteur en scène, Muriel Mayette, administratrice de la Comédie-Française, de ne pas avoir choisi un comédien arabe pour incarner le personnage d’Aziz, ce qui serait contraire au souhait de Bernard-Marie Koltès semble assez incompréhensible.
Procès dont les victimes sont non seulement Muriel Mayette et la Comédie-Française, mais aussi les spectateurs puisque la pièce, donnée jusqu’au mois de juin, ne sera pas reprise à l’automne.
Raison supplémentaire pour aller voir ce très bon spectacle sans tarder.

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Le retour au désert. Bernard-Marie Koltès

le retour au désertLe retour au désert, pièce de Bernard-Marie Koltès (1948-1989) fait cette saison son entrée au répertoire de la Comédie-Française dans une mise en scène réussie de son administratrice Muriel Mayette.
Ce fort et beau spectacle mérite vraiment d’être vu (voir le billet sur la pièce).

A ceux qui n’auront pas l’occasion d’assister à la représentation, on ne peut que conseiller d’en lire le texte, édité aux Editions de Minuit.

Le retour au désert est celui de Mathilde en province, dans une préfecture de l’est de la France, où elle vient ferrailler avec son passé, la bourgeoisie, la famille, son frère Adrien.

Dès le début de la pièce, qui met en scène les retrouvailles, Mathilde et Adrien ne parviennent pas à se saluer fraternellement. Très vite, les reproches débordent ; mais aussi, déjà, une sourde tendresse :

MATHILDE. – Tu es plus con qu’un gorille, Adrien. Tu préfères les caricatures, tu préfères les reproductions bon marché, la laideur à tout ce qui est beau et noble. Non, je ne la regarderai jamais comme ta femme. Marie est morte, tu n’as plus de femme.
ADRIEN. – Et toi, tu n’as pas plus de mari que moi de femme. D’où sortent-ils, ces deux-là ? Tu ne le sais pas toi-même. Ne me donne pas de leçon, Mathilde. Nous sommes frère et soeur, absolument. Bonjour, Mathilde, ma soeur.
MATHILDE. – Bonjour, Adrien.
ADRIEN. – Et moi qui croyais te retrouver avec la peau brunie et ridée comme une vieille Arabe. Comment fais-tu, avec ce foutu soleil d’Algérie, pour rester lisse et blanche ?
MATHILDE. – On se protège, Adrien, on se protège. Dis-moi, mon frère : tu ne te décides toujours pas à porter des chaussures ? Et quand tu sors, comment fais-tu ?
ADRIEN. – Je ne sors pas, Mathilde, je ne sors pas.

La gouvernante, Madame Queuleu assiste avec épouvante aux cris et déchirements de Mathilde et Adrien.
Dans les mots de Mme Queuleu, Koltes dresse un tableau cruel du silence, de la tranquillité, de l’étouffement de la province :

MME QUEULEU. – Eh bien, oui, frappez-vous, défigurez-vous, crevez-vous les yeux, qu’on en finisse. Je vais aller vous chercher un couteau, pour aller plus vite. Aziz, apporte-moi le grand couteau de la cuisine, et prends-en deux pour faire bonne mesure ; je les ai aiguisés ce matin, cela ira plus vite. Ecorchez-vous, griffez-vous, tuez-vous une bonne fois, mais taisez-vous, sinon je vous couperai moi-même la langue en la prenant à la racine au fond de vos gorges pour ne plus entendre vos voix. Et vous vous battrez en silence, du moins, personne n’en saura rien, et on pourra continuer à vivre. Car vous ne vous battez que par des mots, des mots, des mots inutiles qui fond du mal à tout le monde, sauf à vous. Ah, si je pouvais être sourde, tout cela ne me dérangerait pas. Car cela ne me dérange pas que vous vous battiez ; mais faites-le en silence, qu’on n’en sente pas les blessures, nous, autour de vous, dans notre corps et dans notre tête. Car vos voix deviennent chaque jour plus fortes et plus criardes, elles traversent les murs, elles font tourner le lait à la cuisine. Vivement le soir, quand vous boudez ; au moins, on peut travailler. Faites que le soleil se couche de plus en plus tôt, et qu’ils se détestent en silence. Moi, j’abandonne.

Mais les premières victimes de ce retour au désert, et de la relation passionnelle entre le frère et la soeur sont peut-être Fatima et Edouard, les enfants de Mathilde, et Mathieu, le fils d’Adrien :

FATIMA. – (…) Ton frère, il serait complètement à poil si tu le lâchais. Pourquoi ne veux-tu pas le lâcher ? Qu’est-ce que tu y gagnes, sinon de te désintéresser de tes enfants ? Car tu ne nous regardes même plus, tu es trop occupée à t’engueuler, et Edouard, le pauvre Edouard, a sa tête qui est en train de flancher, il y du jeu dans ses rivets, il ne marche pas droit et tu ne remarques rien. Tu t’en fous ?
Maman, je veux rentrer en Algérie. Je ne comprends rien aux gens d’ici. Je n’aime pas cette maison, je n’aime pas le jardin, ni la rue, ni aucune des maisons ni aucune des rues. Il fait froid la nuit, il fait froid le jour, le froid me fait peur davantage que la guerre.

Mathieu apprend qu’il va partir dans l’armée en Algérie. Dialogue très émouvant avec Aziz, le domestique :

AZIZ. – Tout le monde va à l’armée. Tu nais, tu têtes, tu grandis, tu fumes en cachette, tut te fais battre par ton père, tu vas à l’armée, tu travailles, tu te maries, tu as des enfants, tu bats tes enfants, tu vieillis et tu meurs plein de sagesse. Toutes les vies sont comme cela.
(…)
ADRIEN. – Comment c’est, l’Algérie ?
AZIZ. – J’ai oublié.
(…)
ADRIEN. – Et la guerre, comment c’est, Aziz ?
AZIZ. – Je ne sais pas, je ne l’ai jamais su, et je ne veux pas le savoir.
MATHIEU. – Moi non plus, je ne voudrais pas le savoir.
AZIZ. – Mon vieux Mathieu, ne sois pas triste. On ira ce soir chez Saïfi, tu oublieras ta tristesse.
MATHIEU. – Je ne veux pas oublier ma tristesse. Et la mort, comment c’est ?
AZIZ. – Comment veux-tu que je le sache ? Plus besoin d’argent, plus besoin de lit pour te coucher, plus de travail du tout, pas de souffrance, je suppose. Je suppose que ce n’est pas trop mal.
MATHIEU. – Je ne veux pas mourir.

Le retour au désert. Bernard-Marie Koltès
Les Editions de Minuit, 1988/2006
95 p., 8,50 €

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Lettera amorosa. René Char

Lettera amorosaDans ce petit livre mince au bleu brillant sont réunies deux versions illustrées du poème Lettera amorosa de René Char (1907-1988).

La première, rédigée en 1952, est accompagnée de seize œuvres de l’artiste dada Jean Arp, papiers de couleurs coupés et collés, parfois peints à la gouache. Ce manuscrit, par endroits raturé, est une première ébauche du texte.

En 1953, René Char rédige une deuxième version. Dix ans plus tard, Georges Braque l’illustrera.
Le poète et le peintre mèneront cette entreprise avec une passion et un soin partagés.

A l’occasion du centenaire de la naissance de René Char, les éditions Gallimard permettent à tout un chacun d’apprécier cette très belle oeuvre, en publiant ces livres et manuscrits rares en collection de poche.

Au fil de la lecture, sur une mise en page délicate, on admire les merveilleuses lithographies de Braque : le profil d’une femme, celui d’un couple, des motifs animaux et végétaux poétiques, dans une palette de violets, verts, jaunes, bleus splendides et lumineux.
De la très belle matière à rêver autour d’un texte magnifique.

Parfois j’imagine qu’il serait bon de se noyer à la surface d’un étang où nulle barque ne s’aventurerait. Ensuite, ressusciter dans le courant d’un vrai torrent où tes couleurs bouillonneraient.

Nos paroles sont lentes à nous parvenir, comme si elles contenaient, séparées, une sève suffisante pour rester closes tout un hiver ; ou mieux, comme si, à chaque extrémité de la silencieuse distance, se mettant en joue, il leur était interdit de s’élancer et de se joindre. Notre voix court de l’un à l’autre ; mais chaque avenue, chaque treille, chaque fourré la tire à lui, la retient, l’interroge. Tout est prétexte à la ralentir.
Souvent, je ne parle que pour toi, afin que la terre m’oublie.

Ce n’est pas simple de rester hissé sur la vague du courage quand on suit du regard quelque oiseau volant au déclin du jour.

Lettera amorosa. René Char
Illustrations de Georges Braque et Jean Arp
Poésie/Gallimard, 6 €

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Familia Tortuga. Rubén Imaz Castro

 Un vieil homme cherche un animal dans un jardin, ne le trouve pas.
Il rentre, fait le tour de la maison, entrouvre les portes des chambres encore occupées, énumère pour lui-même les tâches à faire et prononce le prénom de chacun des siens.

Puis il se met à préparer le petit-déjeuner.
Petit à petit, chacun des membres de la famille passe ou s’arrête dans la cuisine, qui est désormais celle de Manuel – comme toute la maison d’ailleurs : depuis la mort de la mère un an plus tôt, c’est le vieil oncle Manuel qui prend en charge la bonne marche du foyer.
Apparaissent donc le fils, José, adolescent, puis Luisa, l’aînée, dix-huit ans peut-être ; beaucoup plus tard, le père.

La journée qui ainsi commence et sera le temps du film, n’a rien de particulier, si ce n’est qu’elle est la veille des "un an de maman", comme le dit l’un des personnages : le premier anniversaire de la mort de la mère.
De cette disparition, on ne saura rien. De cette soeur, épouse, mère, on ne parlera pas.

Car chacun sort de la maison pour se plonger dans ses soucis et joies personnels : plutôt que d’aller en cours, Luisa préfère rejoindre son fiancé, petit dealer qui ne sait pas le cœur tendre qu’il tient entre ses bras ; José pousse dans son adolescence ; le père tente de se tirer de sa situation financière délicate ; Manuel s’affaire sans relâche à la maison.
Tous vont et viennent, s’activent, chacun à sa manière et à son rythme ; parlent peu et ne se livrent jamais.
Mais ces personnages expriment une palette de sentiments et d’émotions subtile, une tristesse qui se tait et, pudique, se dissimule derrière une vie bien remplie et parfois gaie.
Une gravité qui cohabite avec une soif de vivre, de se construire – pour les enfants -, de reconstruire – pour le père – de continuer – pour le vieil oncle, pour n’apparaître qu’au détour d’un geste, d’un regard, d’un mot.

Avec la famille "tortue" – métaphore aux multiples facettes, toile de fond du film dont la trame reste toujours très fine -, Ruben Imaz crée d’un trait léger et délicat un univers, une ambiance, des personnages. Ils sont tous formidablement bien interprétés. Luisa Pardo, dans le rôle de la fille, est impressionnante, Dagoberto Gama, dans celui du père, excellent (il jouait le rôle du capitaine amateur de musique dans El Violin), tout comme Manuel Plata López (qui est le propre oncle du réalisateur).
Épargnant au spectateur toute démonstration, Ruben Imaz le fait entrer dans son monde et l’y attache par une force d’évocation des sentiments parfaitement maîtrisée.

On ne peut que remarquer le talent du jeune cinéaste mexicain (âgé de 27 ans) et se féliciter du choix du jury du festival des cinémas d’Amérique Latine de Toulouse. Grâce au Grand prix Coup de Cœur, ce premier long métrage, sélectionné l’année dernière par Cinéma en Construction, pourra être distribué en France.

Il est projeté à Paris ce soir mardi 27 mars :
A 17 h 30 au Latina, 20 rue du Temple, 75004 Paris – M° Hotel de Ville
et à 19 h à l’Institut du Mexique, 119 rue Vieille du Temple – 75003 Paris

Familia Tortuga (Famille Tortue)
Rubén Imaz Castro
Mexique, 2006, 2 h 09
Avec José Ángel Bichir, Luisa Pardo, Manuel Plata López, Dagoberto Gama

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Le livre au Grand Siècle. Sous l'emprise de la Monarchie absolue (4/4)

Suite et fin de la conférence sur l’histoire du livre au XVII° siècle

vierges sagesL’épisode d’insubordination de La Fronde précipite la reprise en main par le pouvoir central des Parlements de province, et donc des libraires.

Louis XIV et ses ministres remettent de l’ordre dans les métiers du livre parisiens (l’instauration d’un numerus clausus fait disparaître les petits ateliers), y placent des « personnages de confiance ».
Sébastien Cramoisy, un des plus grands imprimeurs-libraires du XVII° siècle sera imprimeur du roi, de la Compagnie de Jésus, des Hôpitaux, et le premier directeur de l’Imprimerie royale à sa création en 1640 ; Antoine Vitré est également imprimeur-libraire du roi et du clergé.
Cette nouvelle élite de libraires parisiens exerce auprès du roi un véritable lobby pour écarter au maximum la concurrence de la province.
Pour favoriser ses protégés, la grande Chancellerie royale utilise alors l’arme des privilèges de librairie : concédés par le roi, ils assurent à leurs bénéficiaires un monopole temporaire.
Mais les Parlements de province en avaient octroyé également : Louis XIV, avec l’aide de ses intendants tente d’y mettre bon ordre et renouvelle les privilèges royaux pour des durées de plus en plus longues.
A la fin du XVII° et au XVIII° siècle, la continuation des privilèges sera la norme : transmissibles, ils assureront aux éditeurs parisiens une véritable « rente éditoriale ».

Un autre aspect de la politique culturelle centralisatrice de Louis XIV est l’institution d’une série d’établissements stables destinés à encadrer la vie de l’esprit, à Paris en particulier : l’Académie française, créée par Richelieu en 1635, l’Académie royale, le réseau des Académies royales, l’Observatoire de Paris, la Comédie française.
Ils s’ajoutent à des institutions plus anciennes comme le Collège royal, le Jardin du Roy, où travaillent des savants chargés de l’histoire naturelle.
Louis XIV instaure également les pensions, qu’il octroie à des gens de lettres, des savants ; la censure préalable (l’Académie française est une pépinière de censeurs mis à la disposition de la Chancellerie pour examiner les livres) ; la confiscation des périodiques (les journalistes et rédacteurs sont choisis par le roi, notamment au sein de la même Académie …).

Progressivement, le roi devient donc le mécène unique de la vie culturelle nationale.

De leur côté, les auteurs – Boileau, les frères Corneille, Molière, les frères Perrault …– ont approuvé cette dépendance, qui était le moyen pour eux d’obtenir le plus grand rayonnement possible et la garantie d’une reconnaissance sociale.

Si les auteurs classiques ont joué le jeu, l’absolutisme royal va conduire les plus audacieux à se réfugier dans les marges. Deux possibilités s’offrent alors aux non-conformistes : la clandestinité provinciale (ce sera le cas de Pierre Le Pesant de Boisguilbert, lieutenant général de police de Rouen, écrivain fondateur de l’économie politique, mais aussi du Maréchal Vauban) ou la clandestinité étrangère.
Se font ainsi publier à l’étranger : Antoire Arnauld, dit « le Grand Arnauld », théologien, chef de file du parti janséniste ; Richard Simon, fondateur de la critique biblique ; Antoine Furetière, abbé, écrivain et lexicographe : son dictionnaire, concurrent du dictionnaire royal, est mal vu en France. Il confie donc le manuscrit aux Pays-Bas.
C’est pourquoi son Dictionnaire universel, pionnier de la lexicologie française est d’abord édité à l’étranger !

A Rouen, avec l’aide des pouvoirs locaux, les imprimeurs-libraires essaient de battre en brèche les privilèges parisiens : sont ainsi mis sur le marché, en toute illégalité, des ouvrages peu chers, copies des éditions parisiennes, mais aussi des éditions prohibées.
Cette opposition, à la fin de la monarchie de Louis XIV, entre les imprimeurs locaux et l’Imprimerie royale entraîne des perquisitions, saisies, procès, embastillements …

Jusqu’à ce qu’en 1709 l’abbé Bignon, directeur de la Librairie près le chancelier de France, considérant que cette situation va finir par perturber le royaume, décide d’instaurer des tolérances, qui sont des permissions tacites, des autorisations d’imprimer délivrées par la direction de la Librairie, sans pour autant que la mention de celle-ci y figure.
Cette situation, un peu hypocrite, durera tout au long du Siècle des Lumières, notamment sous la direction de Malesherbes.

Le livre au Grand Siècle.
Bibliothèque Nationale de France
Cycle Histoire du livre, histoire des livres
Conférence de Jean-Dominique Mellot,
Service de l’inventaire rétrospectif
Conférence du 8 mars 2007
Le découpage et le titre sont le choix de Mag

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Le livre au Grand Siècle. Vers le livre populaire (2/4)

bosse_imprimerie_petiteSuite de la conférence à la Bibliothèque nationale de France sur l’histoire du livre au XVIIème siècle.

Le XVII° siècle est une période de disettes, épidémies, pénuries, de conflits religieux, militaires, de stagnation, voire de dépression économique.

La Guerre de Trente ans a dévasté le centre de l’Europe, en particulier l’Allemagne et ses grandes foires de Francfort et de Cologne, et par voie de conséquence son important commerce du livre.

Malgré ce contexte, l’offre d’imprimés va augmenter de façon spectaculaire au cours du Grand Siècle.

Cette croissance de l’imprimé concerne le livre bien sûr mais également les « gazettes » (la Gazette du médecin et journaliste Théophraste Renaudot est l’ancêtre de nos périodiques), affiches, faire-parts, avis publicitaires, formulaires, billets d’inhumation (qui étaient placardés sur des arbres pour inviter la population aux obsèques).

Les colporteurs se déplaçaient dans les campagnes, faisant circuler livres et autres vecteurs. De ce fait, même les gens qui ne savaient pas lire étaient imprégnés de l’imprimé.
L’extraordinaire développement de la production et de la diffusion du livre s’accompagne d’une réduction de son format – le format in octavo devient le plus courant – et cette tendance concerne les genres les plus valorisés au XVII° siècle : la littérature profane (théâtre essentiellement) et la littérature religieuse.

La littérature religieuse prend une importance toute particulière au XVII° siècle, avec un léger décalage par rapport au concile de Trente : après la Contre-Réforme, des publications de toutes sortes voient le jour (catéchismes, livres de prières) et, ce qui est nouveau, s’adressent de plus en plus aux laïcs.
L‘Introduction à la vie dévote, de saint François de Sales fait l’objet d’une quarantaine d’édition au cours du siècle et devient un véritable « best-seller ».

Dans un domaine très voisin, la littérature scolaire accompagne l’enseignement dispensé par les collèges jésuites qui se mettent à couvrir tout le royaume mais également par les écoles paroissiales (en particulier en Champagne, Normandie, Bassin parisien).

En favorisant les progrès de l’école, donc de l’alphabétisation, les exigences religieuses ont en effet joué un grand rôle dans le développement du livre.
Elles l’ont rendu beaucoup plus accessible aux milieux modestes et créé, avec de nouveaux lecteurs, de nouveaux besoins : des livres moins longs à lire, moins intimidants, moins chers.

Ainsi, la Bibliothèque Bleue voit le jour dans la ville de Troyes grâce à l’imprimeur-libraire Nicolas Oudot, puis à Rouen, deux provinces proches de Paris et en pointe de l’alphabétisation.
Sont publiés dans cette collection à l’emballage minimaliste (papier médiocre, broché avec une couverture bleue ou grise qui lui donne son nom) : des ouvrages pratiques, des farces médiévales, des livres de dévotion, livres de saints.
Cette édition de colportage s’adresse non seulement aux populations des campagnes mais aussi aux milieux urbains, à leurs artisans.

Livre brefs, aux prix très faibles : il s’agit bien des premiers « livres populaires ».

Le livre au Grand Siècle.
Bibliothèque Nationale de France
Cycle Histoire du livre, histoire des livres
Conférence de Jean-Dominique Mellot,
Service de l’inventaire rétrospectif
Conférence du 8 mars 2007
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Le livre au Grand Siècle. De nouvelles cartes (3/4)

Suite de la conférence sur l’histoire du livre au XVII° siècle.

vierges follesAu cours du XVII° siècle, la carte de la production de livres se redessine, tant au niveau des pays d’Europe que sur le royaume de France.

L’arc de prospérité lombardo-rhénan perd de sa puissance : l’Italie du Nord – Venise – en particulier décline.

La production imprimée de l’Allemagne et du centre de l’Europe s’effondre : la Guerre de Trente ans a porté un coup aux grandes foires de Francfort et de Cologne, et donc à un important commerce du livre.

La nouvelle répartition des axes commerciaux va frapper durement la Suisse et Lyon.
En revanche, elle profitera aux Pays-Bas du Nord qui viennent d’acquérir leur indépendance, ainsi qu’à la France.

Les Pays-Bas du Nord sont le phare de la production éditoriale du XVII° siècle.
Dans ce pays de tolérance – calviniste mais accueillant vis-à-vis des autre religions – où une grande diversité d’auteurs et d’imprimeurs cohabitent, la dynastie Elzévir multiplie les publications de grande qualité : publications classiques, publications savantes, grands succès de la littérature française ; mais également publications prohibées en France.

La France devient pour sa part le centre de gravité de l’édition européenne et ce pour de multiples raisons :

Raisons géographiques : la façade atlantique est particulièrement favorisée dans les échanges commerciaux.
Démographiques : avec 20 millions d’habitants, la France est le royaume le plus peuplé d’Europe.
Des réseaux des villes répartis sur tout le territoire et ceux des collèges jésuites qui assurent un marché éditorial important, une capitale qui s’intensifie au cours du siècle.
Après les guerres, le royaume retrouve une stabilité politique avec la montée en puissance de l’absolutisme bourbon.
Culturellement, la Fance atteint une certaine maturité : seulement 20 % des éditions sont latines, ce qui est bien moindre que les productions des autres pays d’Europe.

Enfin, au XVII° siècle, la configuration du paysage éditorial se modifie profondément.
Si Paris demeure leader, les centres provinciaux de la façade Ouest connaissent un essor très important, qui repose notamment sur des facteurs institutionnels.

Ainsi, la multiplication des communautés (corporations) touche également les métiers du livre.
En l’absence d’avancée technologique et de faible accumulation du capital, les corporations jouent un rôle important en favorisant la solidarité entre imprimeurs, éditeurs, libraires.
Les juridictions locales, les Parlements de province encouragent la politique économique et appuient les corporations du livre, considéré comme un instrument de rayonnement, en éditant des législations favorables à ces métiers.
On voit ainsi les libraires venir s’installer, se nicher contre les Parlements.

Mais à contre-courant de cette expansion provinciale, on assiste progressivement à un mouvement de centralisation de plus en plus accentué.
La Fronde, avec la publication, dans un climat d’insubordination vis-à-vis du pouvoir central, de milliers de « mazarinades », pamphlets du cardinal Mazarin, sera le dernier accès de fièvre avant la marche vers la monarchie absolue.

Le livre sous l’emprise du pouvoir centralisateur du Roi-Soleil : suite et fin du livre au XVII° siècle demain …

Le livre au Grand Siècle.
Bibliothèque Nationale de France
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Conférence du 8 mars 2007
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19èmes Rencontres Cinémas d'Amérique Latine de Toulouse. Palmarès

rencontresGrand Prix Coup de Coeur: FAMILIA TORTUGA
de Rubén Imaz Castro (Mexique, 2h09, 2006)

Le Grand Prix Coup de Cœur est un prix d’aide à la distribution en France, d’une valeur de 6100 euros qui se répartissent sur trois domaines : dotation de 3000 euros pour le distributeur, aide au sous-titrage d’une copie, d’une valeur de 2500 euros offert par Titra Film et aide à la traduction de ce sous-titrage d’une valeur de 600 euros par Fila 13.

Mention spéciale pour le film : MADRIGAL
de Fernando Pérez (Cuba, 1h52, 2006)

Composition du Jury : Cristián Sánchez Président du Jury, réalisateur (Chili), Jacques Bouquin, chef opérateur (France), Lina Echeverri, productrice (Colombie), Sebastián Lelio, réalisateur (Chili) et Gilles Rousseau, Forum des Images (France)

Prix du Public Intramuros : CIUDAD EN CELO de Hernán Gaffet (Argentine, 1h44, 2006)

Prix Découverte de la Critique Française : CAPITAL, TODO EL MUNDO VA A BUENOS AIRES de Augusto González Polo (Argentine, 1h50, 2007)
Composition du Jury : Christophe Chauville (Repérages), Heike Hurst (Jeune Cinéma) et Dominique Martinez (Positif)

Prix Fipresci de la première œuvre : LA MAREA de Diego Martinez Vignatti (Argentine, 1h23, 2006) Composition du Jury : Lotfi Ben Khalifa (Le Temps, Tunisie), Dana Duma (Caiete Critice, Roumanie) et joan Millaret Valls (L’Enllaç, Espagne)

Prix SIGNIS du documentaire : EL TELÓN DE AZUCAR de Camila Guzmán Urzúa (Cuba/France, 1h23, 2007)
Mention spéciales pour les films documentaires : SABA de Thereza Menezes et Gregorio Grazios (Brésil, 15mn, 2006) et LOS PRÓXIMOS PASADOS de Lorena Muñoz (Argentine, 1h06, 2006)
Prix SIGNIS du court-métrage : 30 ANS de Nicolas Lasnibat (Chili, 20mn, 2006)
Composition du Jury : Anca Berlogea (Roumanie), Ernesto Cabellos (Pérou) et Nathalie Roncier (France)

Prix Courtoujours : VENUS de José Alvarez (Mexique, 20mn, 2005)
Composition du Jury : Felipe Zalamea (étudiant en Sciences économiques – Président du Jury), Maeva Chaplin (étudiante en Arts Appliqués), Mélanie Kaba (étudiante en philosophie) et Norbert Lapierre-Galtier (étudiant en psychologie)

Rail d’Oc : LA PUNTA DEL DIABLO de Marcelo Paván (Argentine, 1h30, 2006) Le Jury était composé de cheminots cinéphiles

Par ailleurs le Prix de Cinéma en construction 11 Toulouse a été attribué au film POR SUS PROPIOS OJOS de Liliana Paolinelli (Argentina) et une mention spéciale a été accordée au film EL ASALTANTE de Pablo Fendrik (Argentina).

Coups de cœur absolument partagés pour FAMILIA TORTUGA, le premier long métrage du Mexicain Rubén Imaz Castro et pour le documentaire de Camila Guzmán EL TELÓN DE AZUCAR. On y reviendra.

Tous les détails des 19èmes Rencontres Cinémas d’Amérique Latine de Toulouse et du palmarès sur :
cinelatino.com

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