Capestang est un bourg de quelques 3 000 âmes situé dans le département de l’Hérault, côté Aude, entre Narbonne, Béziers et le canal du Midi. Au milieu du village, la grande place est pavée de marbre rouge du pays et ombragée de platanes. Deux cafés se font face, le café de la Paix et le café de la Grille, celui-ci disposant en outre, enceint d’une belle grille ancienne, d’une confortable terrasse. Dans un coin, un feu y est allumé même par 36°, on se prend à penser qu’il est destiné à saisir quelque viande. On est encore, sur ces terres du Languedoc, dans le vaste Sud-Ouest qui aime accompagner ses vins goûteux de viande rouge, de charcuteries et de fromages. Ce sont des Minervois, des La Clape et des Corbières.
D’un côté de la place trône la splendide collégiale gothique Saint Étienne, datée de la toute fin du XIII° et du début du XIV°, qui a l’originalité de ne disposer que d’un chœur. Elle devait finir en cathédrale, mais les fonds ont manqué à un moment donné et la belle est restée sans nef. Chœur et clocher ne s’en dressent pas moins fièrement ; certains jours on peut même grimper en haut de ce dernier. On peut aussi se contenter de l’écouter égrener tranquillement les heures et les demies. Et, à la lumière du matin, visiter la collégiale, admirer la haute croisée d’ogives, les vitraux du XIX°, sans doute la réplique de ceux installés à l’époque gothique tant la catéchèse en est édifiante, étincelants de couleurs, et qui enchantent ce chœur qui se donne entièrement dès l’entrée.
De l’autre côté de la place, en glissant le long de l’antique grille, on arrive au château, qui nous renvoie au riche passé de Capestang et plus largement du Narbonnais. Edifié à partir du XII°, mais principalement au XIII° siècle, le château était l’une des demeures seigneuriales de l’archevêque de Narbonne, dont la province ecclésiastique, aussi vaste que prospère, s’étendait de la Garonne au Rhône et de la Méditerranée aux contreforts de la Montagne Noire et des Cévennes.
Si l’on y vient aujourd’hui, c’est pour admirer les poutres de la salle d’apparat décorées au XV° siècle sous l’archiépiscopat des Harcourt, Jean puis Louis. Le bestiaire regorge d’oiseaux de l’étang tout proche (dont le village tire son nom), tels coqs, échassiers, cigognes, mais aussi de lévriers et d’animaux fantastiques. Les scènes de société illustrent les danses et l’amour courtois de la noblesse autant que les activités quotidiennes des classes modestes. Les scènes religieuses quant à elles montrent les tourments de l’Enfer promis aux pécheurs et la Rédemption aux justes, mais aussi une Vierge à l’enfant et saint Jean l’Evangéliste, saint patron de l’archevêque Jean d’Harcourt.
Ces peintures sur bois ont été exécutées pour être vues de loin, étant donné la hauteur sous le plafond : couleurs vives cernées de noir, expressions marquées. Leur précision mais aussi leur état de conservation sont remarquables. Elles sont considérées comme un exceptionnel témoignage des plafonds peints du Moyen-Age finissant, que l’on redécouvre depuis finalement une période très récente.
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