Et si on allumait la télé en juillet ?

l'homme qui danseLe programme peut commencer dès ce soir, mais sans aucune obligation….

Un lundi pourtant susceptible de satisfaire au moins deux générations. Les baby-boomers nostalgiques seront rivés sur France 2 de 21 h à plus de minuit : le diptyque de Denys Arcand sur les soixante-huitards-que-sont-ils-devenus, bavard et d’une complaisance à peine dissimulée, est diffusé ce soir, le deuxième (Les invasions barbares, 2003) en premier et le premier (Le déclin de l’empire américain, 1985) en dernier.

Leurs enfants se rabattront-ils sur M6, qui propose, à 22 h 15, Nos enfants chéris (2003), comédie de Benoît Cohen, avec Mathieu Demy et Romane Boringher entre autres ? Film générationnel aussi, où des trentenaires, qui avec son conjoint, qui avec ses gosses et qui avec son célibat, se retrouvent l’été dans une grande maison de famille. Je te trompe, tu me trompes, je pédale et je m’embrouille… à l’époque, un joli succès public mais certainement pas un immense souvenir de cinéma aujourd’hui.

Il faudra patienter jusqu’à mardi minuit pour être bousculé, avec le Je t’aime moi non plus (1975) de Serge Gainsbourg diffusé sur Arte.

Mercredi à 21 h 45, on fera un petit tour à Avignon pour voir L’acte inconnu, une pièce de Valère Novarina, en direct du Palais des Papes.
Les plus aventureux pourront enchaîner avec, toujours sur Arte, Ma mère (2003), le 2ème long métrage de Christophe Honoré, le réalisateur de Dans Paris et des Chansons d’amour, sur une mère qui initie son fils à la perversité.

Soirée cinéma à nouveau jeudi : en première partie, Tatie Danielle (1990) d’Etienne Chatillez sur France 3 concurrence à elle seule Marcello Mastroianni, Michel Picoli et Philippe Noiret dans La grande bouffe (1973), tandis qu’en deuxième partie de soirée L. 627 (1992) de Bertrand Tavernier sera diffusé sur France 3.

Mais c’est vendredi 13 que la journée promet d’être aussi épuisante que passionnante. Début du voyage à 14 h 15 avec France 5 qui nous fait vivre La conquête du K 2, ou comment, il y a plus de cinquante ans, le 31 juillet 1954, une équipe italienne réalisa la première du terrible K 2, le 2ème sommet du monde après l’Everest.
On pourra ensuite passer la soirée au théâtre : après Terrasse des festivals, le magazine de Philippe Lefait consacré cette semaine au festival d’Avignon, France 2 diffusera L’homme qui danse : la naissance de Ferdinand, captation du formidable spectacle de Philippe Caubère.
Des réjouissances d’ailleurs à suivre puisque la chaîne diffusera l’intégralité des six volets de L’homme qui danse tout au long de l’été .
On n’est pas couché …

P.S. : Autre rendez-vous à ne pas manquer, le 31 juillet, France 2 consacrera une soirée spéciale aux Chorégies d’Orange, avec la retransmission, depuis le théâtre antique, du Trouvère de Verdi, avec Roberto Alagna dans le rôle-titre et l’orchestre national de France.

Image : Philippe Caubère

Facebooktwitter

Volte-Face avec Jean Rochefort

Lundi 14 mai au Rond-Point a eu lieu un nouvel enregistrement de l’émission Volte-Face, qui sera diffusée sur France-Culture dans le courant de l’été. Olivier Barrot y recevait Jean Rochefort.

D’emblée, le ton est donné : Jean Rochefort, seul en face d’Olivier Barrot sur l’immense scène du théâtre, meublée en tout et pour tout de deux chaises grises placées au milieu, regarde autour de lui et constate :
« C’est d’une austérité, ici ! ».

La salle s’esclaffe aussitôt.
Tel est Jean Rochefort : une voix, un ton, un phrasé, une attitude, un sourire ; une moquerie livrée avec un sourire d’ange …

Ce soir-là, tout paraîtra simple, sincère, détendu ; et même le pantalon violet de Jean Rochefort aura l’air classe.

Olivier Barrot "présente" Jean Rochefort en référence à la prodigieuse génération de comédiens à laquelle il appartient : Jean-Paul Belmondo, Philippe Noiret, Claude Rich, Jeanne Moreau, Annie Girardot, Jean-Pierre Marielle … Il rappelle que ces talents sont apparus en deux ans, ce qui est inédit.

« Ce n’est pas les personnes, ce sont les époques qui changent. Nous sortions des années de guerre. Vivre était merveilleux, monter sur scène était un rêve. Nous avions une soif de vivre extraordinaire, une curiosité. Nous appartenions à une génération pleine de désirs ».

De plus, il semblait y avoir de l’intensité dans leurs relations.
« Oui. Et Belmondo était le leader, le personnage le plus exceptionnel, par sa merveilleuse inculture. Etre contemporain lui suffisait. Mais il était en réalité plus que contemporain, il était d’avant-garde. En 1950, alors que nous étions encore avec nos cravates, il était déjà en haillons … il était soixante-huitard en 1950 ! »

Petit retour en arrière pour évoquer le soir où Jean Rochefort a trouvé sa vocation. Il a passé son enfance à Nantes. Sa mère l’emmenait de temps en temps à Paris. A ces occasions, ils allaient au théâtre.
« J’étais allé trois ou quatre fois à la Comédie-Française avec ma mère. Au cours de ces soirées, j’étais heureux, mais je m’ennuyais un peu … Une fois, nous sommes allés voir un spectacle à la Gaîté-Montparnasse, où jouaient Yves Robert, les Frères Jacques, Grenier et Hussenot. Les Frères Jacques entrent et se mettent à chanter une chanson sur la fête foraine. Et moi, immédiatement, je vois la fête foraine. Je devais avoir dix-sept ans et je me dis "Je serai acteur, je serai acteur …" ».

Il se souvient ensuite de ses débuts sur scène dans les années 1950, puis de son travail avec Jean Vilar, livrant alors cette anecdote :
« Nous étions en tournée à Bruxelles. Après la représentation, je vois Jean Vilar devant une panière… Il vérifiait qu’il y avait bien toutes les chaussures de location dans la panière, avant que la troupe ne remonte dans le car.
J’avais trouvé cela dérisoire et ridicule.
Aujourd’hui, je trouve cela admirable. »

Puis Olivier Barrot et Jean Rochefort parcourent l’immense carrière cinématographique de l’acteur.
Cartouche de Philippe de Broca en constitue un moment particulièrement important. C’est au cours du tournage de ce film, en 1960, qu’il découvre sa passion pour l’art équestre :
« Belmondo se fichait du cheval, alors il restait bien assis. Mais pour moi, c’était une telle émotion, que j’étais toujours par terre … ! »

Des films de Philippe de Broca, dans lesquels il a beaucoup joué, il dit joliment : « Ses films ont beaucoup d’élégance ; ils ont une épaisseur pudique ».

En 1972, il travaille pour la première fois avec Yves Robert, dans Le Grand Blond avec une chaussure noire. C’est le début d’une longue histoire : il y aura Le retour du Grand Blond, Un éléphant ça trompe énormément, Nous irons tous au paradis … Ces films sont devenus des classiques.

« Ces films n’étaient pas que des films légers, ils étaient très travaillés, très écrits.
Jean-Loup Dabadie et Yves Robert avaient le talent de raconter cette époque-là, celle des trente glorieuses ; l’époque des résidences secondaires, des barbecues, de la consommation, du chômage zéro … Le bonheur était peut-être plus épais. Ces films ont encore du succès aujourd’hui parce qu’ils parlent de cette époque ».

Sur le tournage de Salut l’artiste, il se souvient de sa rencontre avec Marcello Mastroianni :
 »« J’étais très impressionné par Macello Mastroianni. Alors j’ai trouvé la solution : je l’ai appelé Marcel ! Cela m’a enlevé mon trac, je me suis détendu. Ensuite, nous avons eu tous les deux la sensation extraordinaire qu’on aurait pu être copains en classe de 6ème : on se voyait en culottes courtes ! » »

En 1973, il joue dans le premier long-métrage de Bertrand Tavernier L’horloger de Saint-Paul, avec Philippe Noiret.
« Tout à coup, avec Bertrand Tavernier, on avait l’impression qu’on pouvait tutoyer la caméra. Ce fut un grand virage car avant tourner était une cérémonie, c’était très protocolaire. Sa façon de tourner nous a libérés : se tromper n’était pas si grave, inventer sur l’instant n’était pas si grave … ce jeune homme a désacralisé la caméra.»

Jean Rochefort a aussi beaucoup travaillé avec Patrice Leconte. Il avoue avoir joué le rôle du Mari de la coiffeuse avec beaucoup de passion, ce personnage « résolument enfantin et inquiétant ».
Dans Ridicule, Olivier Barrot lui rappelle qu’il a été grimé d’une façon baroque, grotesque …
« On ne m’a pas grimé ! » s’exclame Jean Rochefort.

Lorsque le journaliste l’interroge sur Johnny Halliday, avec qui il a tourné dans L’Homme du train, il répond :
« Mes enfants, on peut en parler jusqu’à l’aube !
Johnny Halliday, quelle sincérité !
J’ai passé avec lui des moments extraordinaires, proches de la science-fiction … ». Et de raconter une merveilleuse anecdote d’une soirée au restaurant avec la star …

L’évocation de Jean-Pierre Marielle respire l’amitié inoxydable, faite de vieille complicité et d’humour …
« Marielle, c’est une amitié de soixante-ans ? » demande Olivier Barrot.
Réponse lapidaire : « Hélas ! »
Plus tard, il se souvient d’un très beau sourire, du sourire de bonheur de Jean-Pierre Marielle au cours du tournage des Grands Ducs. C’est lorsque Marielle aperçoit un début de tonsure chez Jean Rochefort : « Il l’attendait depuis cinquante ans ! » dit-il avec son rire irrésistible.

Pour finir, Olivier Barrot lui fera cette déclaration :

« On est bien avec vous ! »

Oui, trois fois oui.

Volte-Face avec Jean Rochefort
Emission diffusée l’été prochain sur France-Culture
Prochain enregistrement public de Volte-Face :
Ce soir au Théâtre du Rond-Point avec Nicole Garcia.
Entrée libre
Réservation indispensable au 01 44 95 58 81

Facebooktwitter

Volte-Face avec André Dussolier

André DussolierLe 23 avril dernier au théâtre du Rond-Point, André Dussolier fut l’invité de l’émission Volte-Face, qui sera diffusée sur France-Culture au cours de l’été.

Après la haute-voltige que nous avait fait suivre Fabrice Luchini (billet du 17 avril), c’est avec sérieux et application que le populaire et délicat comédien s’est prêté au jeu de l’interview mené par Olivier Barrot.

Beaucoup de sobriété de part et d’autre pour évoquer les moments et les rencontres qui ont marqué André Dussolier, mais aussi son travail avec Alain Resnais, et plus largement son métier.

Le comédien se souvient de la première fois qu’il est entré dans une salle de théâtre ; il n’avait alors que 10 ans :
« Ce fut une découverte incroyable car à l’époque je menais une vie assez convenue, dans la réalité ordonnée et triste, empreinte de beaucoup de règles, de la vie des adultes qui étaient autour de moi. Notre professeur de français nous a emmenés voir une pièce de théâtre. Ce fut un choc ! Sur scène, je voyais des gens qui disaient des choses qu’on ne disait pas à la maison, qui s’exprimaient en parlant fort, qui riaient … Tout à coup j’ai aperçu la possibilité de vivre et d’exprimer des émotions que dans ma vie assez solitaire je retenais. J’éprouve une grande reconnaissance car cette expérience a ouvert mon imaginaire. »

Tient-il de cette enfance marquée par trop de rigidité son faible attrait pour les troupes ? En tout état de cause, il ne restera pas longtemps à la Comédie-Française.
« Je ne voulais pas passer à côté des propositions qu’on me faisait par ailleurs, que des règles trop strictes m’empêchaient d’accepter si je restais au Français. »
Il a donc préféré prendre son indépendance.

Quant à Ariane Mouchkine, il aurait aimé travaillé avec elle mais …
« J’ai compris que si j’y rentrais, je rentrais dans une cellule monacale. "Attention, c’est plus Jean Villar et Gérard Philippe !" m’avait-elle prévenu.
C’est très beau une troupe, on se connaît très bien, on peut aborder des rôles différents, il y a une confiance, une facilité, une aisance. Mais en même temps c’est une grande humilité. C’est un sacerdoce ! »

Sa « troupe » à lui, finalement, c’est au cinéma, autour d’Alain Resnais qu’il l’a trouvée. L’admiration est immense.
« Sa façon de travailler est très proche de celle du théâtre ; il s’en est d’ailleurs nourri lorsqu’il est arrivé à Paris. Avec lui, on ne commence pas à travailler le premier jour du tournage, mais bien avant. Il nous remet d’abord des feuilles sur lesquelles sont inscrits des renseignements sur les parents et les grands-parents des personnages. Commence alors un travail d’imagination entre lui et nous. Ce qui fait que lorsque le tournage débute, on a beaucoup préparé au préalable et tout se passe très calmement.
On répète, mais les répétitions ne fossilisent pas le texte, elle nous donnent une structure qui n’enlève pas la liberté de jouer. Car il faut qu’on ait toujours l’air d’inventer le texte … »

Evoquant la carrière prolifique et variée d’André Dussolier, Olivier Barrot lui rappelle notamment la pièce Pour un oui ou pour un non de Nathalie Sarraute (« texte magnifique, variation sur le malentendu, où c’est le verbe qui vient brouiller … »). Cette pièce semble effectivement avoir marqué le comédien :
« Oui, l’un est d’un monde très social, l’autre est plus en retrait. Au fur et à mesure de la pièce, on en arrive à une loupe sur ce verbe, ce mot que dit l’un : "Ah, c’est bien ça." Et l’autre lui dit : "Tu es là dans ton monde, tu donnes des notes. Et moi je vis dans un monde où je ne veux pas de notes, où je ne veux pas qu’il y ait de références" ».

Dussolier l’éclectique aime aussi beaucoup Sacha Guitry, « cet esprit qui règne ». Il livre alors cette délicieuse anecdote sur son père, Lucien Guitry : « A la fin d’une représentation, un spectateur vient le voir et lui dit : "Ah, j’aime beaucoup la façon dont vous interprétez le texte." "Merci, merci beaucoup".
Au bout d’un moment "Et j’aime aussi beaucoup vos silences !".
Et Lucien Guitry de répondre : "Ce sont les miens !" ».

André Dussolier avoue savourer lui aussi les silences : y voyant « la possibilité de voir sur le visage tout ce qui passe entre les mots, un domaine de création disponible ».

Lorsqu’enfin Olivier Barrot lui fait remarquer qu’il a tout joué, qu’il semble être l’incarnation de l’acteur accompli (« c’est André Dussolier, ou l’acteur ! »), le comédien expliquera simplement :
« Quand on est jeune acteur, on joue proche de soi, comme on est.
Plus tard, tout nourrit le personnage. On peut endosser des personnages qui sont l’addition de ce qu’on a observé, du fruit de son imagination … On peut alors jouer des choses très différentes.
Mais à chaque rôle, il faut y retourner. J’ai toujours peur avant.
Mais on peut repousser plus loin ses limites, alors que quand on est jeune, ce qui est important, c’est d’exister aux yeux des autres, on a l’obsession de trouver sa place.
Au fil des ans, ce qui compte le plus, c’est le plaisir ; le plaisir de découvrir des acteurs, le plaisir de jouer, le plaisir de se faire plaisir. »

On ajoutera le plaisir du public à écouter et voir ce très grand comédien, très présent mais discret, et, quelque soit le rôle qu’il endosse, d’une constante et incomparable élégance.

Volte-Face avec André Dussolier
Emission diffusée l’été prochain sur France-Culture
Prochain enregistrement public de Volte-Face :
Le 14 mai au Théâtre du Rond-Point avec Jean Rochefort.
Entrée libre
Réservation indispensable au 01 44 95 58 81

Facebooktwitter

Volte-Face avec Fabrice Luchini

Fabrice LuchiniTout au long de la saison, le théâtre du Rond-Point et France-Culture proposent des enregistrements publics d’émissions qui feront l’objet de diffusions dans la grille d’été de la station.
Le principe : un invité, en dehors de toute promotion, vient répondre aux questions d’Olivier Barrot.

Sont ainsi venus s’épancher depuis l’automne, Pierre Arditi, Denis Podalydès, Jean-Louis Trintignant notamment.

Lundi 2 avril, ce fut au tour de Fabriche Luchini de se livrer au face-à-face avec le journaliste, sous les yeux d’un public fourni, dans la grande salle Renaud Barrault.

L’interview consistera, selon un style qui lui est traditionnel, mais peut-être davantage encore qu’à accoutumée, en l’envoi de longues citations de la part d’Olivier Barrot.

Fabrice Luchini laissera la plupart d’entre elles sans suite.
D’autres seront l’occasion pour le comédien de parler de son métier ; en particulier de ce qui a fait son succès populaire au théâtre, les lectures de grands textes.

Ainsi, lorsqu’il se souvient qu’il a commencé ses lectures de Voyage au bout de la nuit en 1985, au théâtre du Rond-Point précisément, Olivier Barrot rappelle le commentaire de Michel Bouquet : "Si les lectures inventées par Fabrice Luchini marchent si bien, c’est parce que le public en sort renseigné sur lui-même", citation qui sera l’occasion de réflexions et d’échanges sur l’art, le divertissement, l’abrutissement et le chef d’oeuvre, avec, au passage, le "on va nous divertir jusqu’à l’écoeurement" d’Alain Finkielkraut.

Quant Barrot évoque Laurent Terzieff : "Fabrice a besoin de faire le don de lui-même et ce don passe par le texte (…). Il y a chez lui comme un envahissement de l’être par le verbe", l’artiste commente, plein d’admiration : "Laurent Terzieff m’a fait sortir le meilleur de moi-même ; et en plus, il me rend au meilleur de moi."

Une citation inspira particulièrement Fabrice Luchini, qui actuellement donne dans sa Carte Blanche des lectures de Paul Valéry : "Longtemps, la voix humaine fut base et condition de la littérature".
"Tout est suspect sauf le corps" ajoute-t-il, rappelant ainsi Jouvet.

Plus tard, il reviendra à Jouvet en expliquant :
"C’est quoi d’être sur scène ? C’est être porteur d’une énergie. Jouvet disait "Le succès justifie tout mais n’explique rien". J’essaie de ne pas détruire l’énergie que contient un auteur. je passe de ce qui est imprimé et mort et j’en restitue l’énergie. Pour cela, il ne faut pas que l’acteur s’assouvisse et il ne faut pas non plus qu’il ne soit rien (…). Pour dire un texte, il faut s’être approprié les phrases. Ne pas dire les mots, mais être d’où part le texte. Il faut retrouver l’impulsion organique que l’auteur a eue lorsqu’il a écrit."

Et lorsque le journaliste s’étonne que certains des textes que Fabrice Luchini choisit de porter sur scène ne sont absolument pas dramaturgiques, le comédien a cette réponse :
"Comment oraliser ce qui n’est pas littéraire ? L’écriture de Céline restitue l’oralité…
Mais pour donner de l’intensité dramaturgique à des textes très secs comme ceux de Valéry, il faut oser la pensée dans ce qu’elle a de sec, sans dramatiser ; ensuite, il faut voir comment la pensée peut devenir chair".

En définitive, Fabriche Luchini aura davantage répondu à ses propres interrogations et aux auteurs qui l’inspirent qu’aux questions-fleuves d’Olivier Barrot.
Se méfiant comme de la peste de l’excès de commentaires et de toutes les postures, en particulier intellectuelles, refusant les positionnements imposés, il préfère, en toute liberté, rendre hommage aux textes et aux auteurs qu’il révère, en un mot au "style".
C’est certainement pour ces raisons-là qu’il nous plaît.

Volte-Face avec Fabriche Luchini
Emission diffusée l’été prochain sur France-Culture
Prochain enregistrement public de Volte-Face :
Le 23 avril au Théâtre du Rond-Point avec André Dussolier.
Entrée libre
Réservation indispensable au 01 44 95 58 81

Facebooktwitter