Drôle de Monde 2. Le Cirque du Grand Céleste

Drôle de Monde 2, Le Cirque du Grand CélesteVous entrerez d’abord sous un premier chapiteau, vaste juste ce qu’il faut, chaleureusement éclairé, on ne peut plus "rond". Dans cette douce température, vous pouvez prendre votre billet, un verre, pourquoi pas votre dîner ou tout simplement vous attabler pour attendre l’heure dite.

Puis l’on vous invitera à pénétrer dans un second chapiteau où l’on vous installera dans une ambiance tout aussi conviviale.
Le premier cercle se trouve dans les canapés, tout au bord de la piste ; les autres sur les gradins mais sans inquiétude, car des coussins de velours ne tardent pas à leur être envoyés.

C’est ainsi que la magie peut commencer (peut-être ne fait-elle que continuer).
Voici des artistes. Un chanteur au piano, à même la piste ; au fond, un orchestre.
La musique accompagnera toute la soirée, jouant au plus près des numéros, imprimant le rythme ou se faisant plus discrète. Part entière du spectacle, elle participe tant des moments endiablés que de l’épure des numéros.
Et c’est avec un extraordinaire talent que ceux-ci sont donnés.

Le jeu de Dom, la jeune acrobate-clown, pin-up blonde à la petite robe de plage, semble la simplicité-même. Il fonctionne en réalité à merveille, car il est d’une grande subtilité. La voici qui s’élève maladroitement le long du voile ; on la suit elle car elle fait rire à plaisir, jusqu’à ce que la performance vienne nous éblouir par surprise.
Jeunesse, haut comme trois pommes, est un diaboliste en habit de magicien, haut-de-forme compris. Il faut voir comme il fait valser ses diabolos, le virtuose. Traçant autour de lui des courbes magnifiques, ce sont des papillons blancs qui dansent dans la nuit.
Car avec Le Cirque du Grand Céleste, l’on est bien davantage dans l’évocation que dans la démonstration.
Regardez le jongleur, si calme, mais si déjanté, en complet décalage avec le jongleur classique. Il jongle avec une jambe en plus ; il jongle "sans tête" : avec son jeu tout en finesse, il est un poème à lui seul.
Et puis il y a Farid, l’acrobate avec un grand A, son large torse et son pantalon blanc. Bras et jambes sculpturaux, il bondit et tournoie sur la piste, avant de venir reprendre force contre le piano, sans se départir de son énigmatique sourire…

Dans ce spectacle, l’économie de moyens est sobriété voulue, la retenue laisse la place à la poésie, le sérieux et l’humour imposent une présence très forte, l’absence de forfanterie créé la communion avec le spectateur.
Il est fort à parier que la magie du Drôle de monde imaginé par le Cirque du Grand Céleste se prolongera tard dans votre nuit.

Drôle de monde 2. Le Cirque du Grand Céleste.
Prolongé jusqu’au 24 février 2008
Jeudi, vendredi et samedi à 20h30, dimanche à 16h
Durée 1 h 30
Accueil dès 19 h
Cirque du Grand Céleste, 22 rue Paul Meurice – PARIS 20ème
Tél : 01 53 19 99 13
Places de 14 € à 27 €
M° Porte des Lilas

Avec Ben Boyce, Farid Ben Yachrak, Jonatan Thomas, Richard Portier, Luc Guérin, Melina Stylianos, Dominique d’Angelo, Laurent Bachelier, Olivier Burlaud
Mise en scène : : Ben Boyce, Philippe Carles en collaboration avec les artistes
Musique : Ben Boyce

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Buffo au théâtre du Rond-Point

Buffo au théâtre du Rond-PointBuffo est un clown dont la présence – on pourrait presque parler d‘existence (ce qui ne déplairait pas à son auteur) – est si forte qu’elle tient la curiosité du spectateur en permanence en éveil.

Entre attente, perplexité, rire ou sourire, il suit les aventures de Buffo comme celles d’un bonhomme maladroit et enjoué en se demandant toujours "Et qu’est-ce qu’il va en faire ?".
Le voici qu’il se met au piano mais rencontre quelques difficultés : c’est que le piano est malade. Ni une ni deux, il se met à l’ausculter, écoute sa respiration, prend même sa température, et évidemment on y croit.
Il rencontre une dame-violoncelle. Que fait-il ? Il la drague, essayant au passage toute la palette des techniques d’usage, finalement avec succès puisqu’il lui fait un bébé : voici un adorable petit violon animé de son petit coeur. Il y a aussi le moment où Buffo apprend l’anglais, en une scène de My taylor is rich pour le moins cocasse, la leçon étant assénée par un disque… ingéré par Buffo.

L’on ne quitte donc guère l’absurde, suspendu aux gestes et aux mots du personnage (Buffo a son langage), mais également à ses sons, car le Buffo 2008 est particulièrement "organique".

Peut-être moins poétique que Tout Buffo, présenté au même théâtre du Rond-Point à l’occasion de la parution du livre  »Buffo » en 2005, le double scénique d’Howard Buten n’en est pas moins toujours aussi attachant.

Buffo de et par Howard Buten
Jusqu’au 3 février 2008
Théâtre du Rond-Point
2 bis, avenue Franklin D. Roosevelt, Paris-8ème
TLJ à 18 h 30 ; à 16 h le samedi ; relâche le lundi
Durée 1 h 15

Photo Buffo © Grégoire

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Questo buio feroce – Cette obscurité féroce. Pippo Delbono

Pippo Delbono, Questo buio feroce, Cette obscurité féroceLe spectacle s’ouvre sur un homme squelettique quasiment nu allongé par terre, un masque africain cachant son visage.

La lumière augmente progressivement sur le décor de grands murs blancs, jusqu’à devenir aveuglante.
Puis une infirmière entre, s’assoit dos à la scène et commence à compter Uno, due, tre… Défilent alors en claudiquant des malades, corps estropiés, fauteuil roulant, attèle, vieillard. D’autres victimes viendront encore évoquer le mal physique et moral, parfois en se tordant de douleur.

Sur l’immense scène blanche, les personnages se déplacent au ralenti, mais comme pour mieux faire avancer l’effroi. Questo buio feroce, "Cette obscurité féroce" : cette perspective de la mort qui recouvre tout le spectacle.

La pièce a pour origine le livre du romancier américain mort du sida Harold Brodkey, que Pippo Delbono a découvert par hasard lors d’un séjour en Birmanie.
Il en a tiré un spectacle qui peut déranger par les corps qu’il montre (y compris celui d’un enfant trisomique) et par la crudité de certaines scènes et de certains mots.

Mais ce qui dérange le plus profondément est ailleurs, dans l’évocation de la vie, qui est aussi au coeur de Questo buio feroce. Ballet de masques et de costumes brillants, apparences excessives, postures, cinéma et figuration, brefs plaisirs des sens et extrême solitude. Eclat d’une chanson qui ne peut que s’éteindre sur son artifice. Vanité absolue de la vie.
Alors peur de la mort, bien sûr, mais qui semble tenir dans le même mouvement le dérisoire de la vie.

Le spectacle n’est pas seulement dur ; il est aussi très plaisant à regarder et à écouter, car il déborde de couleurs, de musique et de langue italienne. Et son rythme précis et lent participe de la fascination qu’il exerce.
Dans le dernier tableau, une douzaine de personnages en noir, qui sont autant d’évocations de la camarde tournent autour de la scène en se tenant par la main, encadrés par deux arlequins – un enfant et un vieillard. Ce carnaval semble concentrer toute la pièce dans son étrange danse et en constitue un magnifique épilogue.

Questo buio feroce – Cette obscurité féroce
Idée et mise en scène de Pippo Delbono
Jusqu’au 2 février 2008
Théâtre du Rond-Point
2 bis, avenue Franklin D. Roosevelt, Paris-8ème
A 21 h du mar. au sam., à 15 h le dim., représentation suppl. le sam. à 18 h 30
Durée 1 h 30 env. / En italien surtitré
Billets de 10 € à 33 €
Avec Dolly Albertin, Gianluca Ballaré, Raffaella Banchelli, Bobò,
Margherita Clemente, Pippo Delbono, Lucia Della Ferrera, Ilaria Distante,
Gustavo Giacosa, Mario Intruglio, Simone Goggiano, Nelson Larricia, Pepe Robledo, Gianni Parenti
Création au Teatro di Roma en octobre 2006

Tournée :
Du 5 au 7 février 2008 : Le Maillon – Strasbourg
Du 20 au 24 février 2008 : Prato
Les 27 et 28 février 2008 : Maison de la Culture d’Amiens
Du 4 au 8 mars 2008 : Théâtre National de Toulouse
Du 13 au 15 mars 2008 : Scène Nationale de Marseille
Du 18 au 20 mars 2008 : Le Duo de Dijon
Les 25 et 26 mars 2008 : Scène nationale de Saint-Nazaire
Le 29 mars 2008 : Scène nationale de Bayonne
Les 1er et 2 avril 2008 : Scène nationale de Clermont-Ferrand
Du 13 juin au 18 juin : Piccolo Teatro – Milano.

Image : Questo buio feroce © Gianluigi Di Napoli

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Guy Bedos : Hier, aujourd'hui, demain

Guy Bedos, Hier, aujourd'hui, demainEmotion au théâtre du Rond-Point samedi soir pour le dernier solo de Guy Bedos. Avant, pendant et après le spectacle, il fut longuement applaudi. Salle en grande partie acquise, certes, mais sa prestation a prouvé que la retraite de ce type de "one-man-show" qu’il a décidé de prendre arrive bien trop tôt.
Son humour féroce, voire carrément noir parfois est toujours souverain.

Mêlant sketches déjà connus, tels Si j’étais une femme… à une revue de presse forcément fraîche, le regard de l’humoriste sur la situation politique était évidemment très attendu.

Il n’a pas déçu, se déchaînant presque autant contre une gauche muette et/ou rachetée par la droite ("comme des joueurs de football", comparant à cette occasion les méthodes du Président à celles de Bernard Tapie) que contre les dirigeants actuels.
Hortefeux ? " Il sent trop le blanc ". Boutin ? " Je laisse Christine Boutin, catholique pratiquante, face à son miroir ". Il décoche aussi quelques flèches contre Johnny Hallyday " Réfugié fiscal suisse, belge, monégasque, on ne sait plus très bien ", et autres artistes de " la Concorde ", remarquant qu"on a les soutiens culturels qu’on mérite ".
Mais le point rouge de sa cible reste bien sûr celui qu’il appelle "le nain", " little big ", " Tom Pouce " ou encore " Nabot-léon ", le plus savoureux de ces qualificatifs étant sans doute " le cocu ontologique "

Guy Bedos affirme vouloir se consacrer désormais au théâtre, au cinéma et à l’écriture. C’est un choix que l’on regrette, tant il est peu évident que dans le domaine de la satire politique la relève soit assurée. (1)
" Sur ce point, ma vie est un échec absolu. Je n’ai jamais cessé de combattre le racisme, les discriminations, les injustices sociales, de plaider pour les déshérités et les sans-papiers. Or plus je radote, plus je m’énerve, et plus la situation empire (…) Je suis allé voir Mitterrand, Jospin, Chevènement, Sarkozy, et ça n’a servi à rien. Dans le privé et les salons dorés, tous ces hommes m’ont donné raison, et ils ont toujours fait le contraire. " expliquait-il récemment dans le Nouvel Observateur (2).
Que répondre à cela ?
Que son humour est nécessaire et qu’il nous manque déjà.

Hier, aujourd’hui, demain. Guy Bedos
Théâtre du Rond-Point
Textes de Guy Bedos et Jean-Loup Dabadie
Mise en scène Roger Louret

(1) Exception faite d’une poignée d’artistes dont un des représentants les plus cinglants pourrait être Didier Porte
(2) Le Nouvel Observateur du 13 au 19 décembre 2007, entretien avec Jérôme Garcin

Photo : Guy Bedos © Sandrine Roudeix

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Anatole. Arthur Schnitzler au théâtre de Menilmontant

Anatole, Arthur Schnitzler, theatre MenilmontantC’est toujours un plaisir de retrouver Arthur Schnitzler qui, de son écriture simple et élégante dépeint à merveille la société viennoise de la fin de XIXème siècle.
Dans Anatole, l’écrivain, dramaturge et médecin autrichien (1862-1931) décrit les amours d’un homme du monde, coureur de jupons devant l’éternel, épris de trop de femmes pour en respecter vraiment une seule.

Le spectacle qu’en propose la compagnie Populart Theatre restitue tout l’humour et toute la finesse de la pièce.

Anatole, impeccablement interprété par André Salzet, croit aimer les femmes mais en joue, gonflant sa gorge et se berçant lui-même des beaux mots qu’il débite et des stratagèmes qu’il invente. Ses compagnes, sincères amoureuses ou déjà anciennes amies, débordent de vie et de spontanéité. Le jouisseur narquois, mais souvent un peu perdu, amateur de petites femmes du peuple, a pour ami un Max beaucoup plus prosaïque.
Celui-ci, fidèle conseiller et témoin ne se départit jamais de son pragmatisme, et tente, en un réjouissant contrepoint aux discours mousseux du dandy, d’insuffler une certaine sagesse. Ses répliques, énoncées d’un ton pince-sans-rire, sont irrésistibles. Michel Feder y est parfait.

Claire Mirande, qui joue tous les personnages féminins, le plus souvent avec une cocasserie enjouée, se révèle véritablement dans la dernière pièce, par un jeu délicat, dont surgit, sous une nuit bleutée, un très beau moment d’émotion.

Anatole de Arthur SCHNITZLER
Théâtre de Menilmontant
15, rue du Retrait – Paris 20ème (M° Gambetta)
Du mercredi au dimanche à 19 h, jusqu’au 31 décembre 2007
Avec André SALZET, Claire MIRANDE et Michel FEDER
Mise en scène Laurent CARUANA

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Les Diablogues. Morel et Gamblin au théatre du Rond-Point

Les Diablogues, au théâtre du Rond-PointDeux bonshommes en costumes gris sur fond de cosmos, deux fauteuils et la lumière pour décor.
Epure et jeux de mots : c’est parti pour 1h30 de saynètes enchaînées, ping-pong verbal dont les joueurs sont François Morel et Jacques Gamblin.

A l’origine du texte, des sketchs radiophoniques que Jean Tardieu commande en 1953 à Rolland Dubillard. Elles sont données quotidiennement sous le nom de Grégoire et Amédée. En 1975, l’auteur les adapte en pièce : voici Les Diablogues.

Ces dialogues mi-cocasses mi-absurdes nous plongent dans des situations qui n’existent que par le verbe, dans un monde qui se révèle par l’exploration du langage.

La densité de certaines scènes confère par moments au spectacle une profondeur prenante, telle celle où les compères essaient de comprendre pourquoi l’un dit "Je ne supporte pas de me promener sous la pluie". Ils déroulent alors les questions comme autant de pelotes, dans une tentative d’avancée un peu désespérée. Le duo, qui a le langage pour seul bagage, prend ainsi quelque reflet touchant.
La conviction et l’engagement des deux comédiens dans cette aventure sont forcément communicatifs, si bien que l’on finit par prendre du plaisir à suivre les joutes verbales, pourtant très datées et assez inégales.
Et l’on rit même parfois, sous l’effet de l’irrésistible talent comique de François Morel à qui cette absurdité sied plutôt bien. Jacques Gamblin, lui, en tout point son opposé – y compris physiquement, petit format sec et nerveux – joue sur le "tragique" des situations. Mais rien de sérieux dans tout cela. La soirée est à conseiller pour découvrir l’auteur si on ne le connaît pas et pour la performance des comédiens. Mais peut-être ne faut-il pas en attendre davantage.

Les Diablogues. Rolland Dubillard
Avec François Morel et Jacques Gamblin
Mise en scène Anne Bourgeois
Théâtre du Rond-Point
A 18 h 30, durée 1 h 30
Jusqu’au 31 décembre 2007

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Les Voisines. Théâtre de Nesle

Les voisines au théâtre de NesleLa dernière scène peut être vite oubliée, elle ne gâche pas le bon moment passé en compagnie de ces Voisines. Le théâtre dans le théâtre, ça ne s’écrit pas sur un coin de table ; ça s’inscrit dans un contexte. Or, cette soirée a le contexte léger.

Succession de tableaux mettant en scène des femmes en proie à des difficultés nécessitant sans délai le secours de sa prochaine, la pièce brode avec humour sur l’épineuse question des hommes et de leur virilité : c’est toujours trop ou pas assez.

Il y a celui qui se prend pour un saint, celui qui en honore deux ; celui qui préfère une blonde, celui qui se prend pour un chien…
Pour résoudre ces cas fort problématiques, solidarité féminine oblige, ces dames trouveront bien des arrangements…

Les scènes cocasses voire farfelues tirent leur force du talent comique des comédiennes, en particulier celui de Chantal Delatour, Christine Herivan et Nathalie Geoffroy.
Un regret toutefois : que ces potentialités ne soit pas suffisamment exploitées. L’auteur-metteur en scène a tendance à faire jouer chacune d’entre elles de façon relativement monolithique d’une saynète à une autre.
C’est dommage, car il est bien évident qu’il y a "de la réserve", du talent, quoi !

Les Voisines
Comédie de Franck d’Ascanio
Théâtre de Nesle
8, rue de Nesle – Paris 6ème
Mercredi, jeudi, vendredi et samedi à 21 h
Jusqu’au 24 novembre 2007
Places : 15 € / 20 €

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Jean Rochefort dans "Entre autres" au théâtre de la Madeleine

Entre autres, Jean Rochefort au théatre de la MadeleineIl faut voir Jean Rochefort dire le texte de Frambroise ! de Boby Lapointe, enjoué et coquin, juvénile avec sa mèche retombant sur son grand front de 77 ans.
Il faut le voir chanter Félicie aussi, les yeux plein de malice et le corps ondulant, entraînant sans forcer le public avec lui.
Il faut l’écouter lire Primo Levi, ému et recueilli, refusant tout enchaînement musical vers le texte suivant. L’écouter ressusciter la voix nasale de Michel Audiard, le temps d’un coup de fil professionnel plus que savoureux.
Se laisser gagner par son regard d’enfant quand il évoque une rencontre avec Jacques Prévert, l’admiration encore intacte un demi-siècle plus tard.

Certes, il concède, parce que cela l’amuse apparemment beaucoup, de mémorables imitations du caméléon, du singe ou du coït du lion. Il est tordant dès qu’il le veut ; il le sait, ce qui le dispense d’en rajouter.

Mais le spectacle de Jean Rochefort, ouaté par les quelques notes attentives de l’accordéon de Lionel Suarez est avant tout un hommage aux grandes plumes et aux artistes qu’il a aimés. De Philippe Noiret à Michel Serrault en passant par Fernand Raynaud, le comédien convoque une armée de talentueux disparus, en se gardant de manifester une quelconque nostalgie. Il fait d‘Entre autres une harmonie de teintes douces, assourdies par la tendresse des souvenirs, que sa visible sincérité et son élégance mettent merveilleusement en lumière.

Entre autres. Jean Rochefort
Lionel Suarez à l’accordéon
Théâtre de la Madeleine
19, rue de Surène, Paris 8ème
du mardi au samedi à 21h
matinée le dimanche à 15h
Places de 15 € à 50 €

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L'Epilogue : La mort d'Avignon. Philippe Caubère

L'Epilogue à l'Homme qui danse, La mort d'AvignonLa voici la der des der, la fin de l’Epilogue, la révérence de l’Homme qui danse.

La première partie de l’Epilogue, La Ficelle était d’un dénuement tel qu’elle avait laissé le spectateur déçu, triste, presque en colère.

Dans La mort d’Avignon, le vrai final, Philippe-Ferdinand nous dit au revoir avec l’art et la manière qui sont siennes : avec panache et en beauté.

1978, la Cour d’honneur du Palais des Papes : Georges Wilson et Paul Puaux racontent au jeune Ferdinand l’Avignon d’autrefois et raniment avec autant d’humour que d’émotion le souvenir de Gérard Philipe et celui de Jean Vilar.
Puis c’est au tour de notre jeune comédien d’entrer sur scène pour une interprétation – ou plutôt un massacre – de Lorenzo dans Lorenzaccio.
Sur les gradins, ils sont tous là : de Gaulle, Sartre et Mauriac, Johnny Halliday, Claudine et sa gouvernante. Toutes deux ont vieilli ; elles sont venues en chemise de nuit, elles vont prendre froid… la faute au mistral, qui va finir par tous les emporter avec lui.

Les personnages, la cour du Palais, le mistral : Philippe Caubère seul en scène les fait tous exister. La magie opère encore et toujours, jusqu’aux derniers mots de l’artiste, très beaux. Dans la nuit qui est tombée tout à coup, la missive sonne juste, elle vient de loin, elle est bouleversante.

La mort d’Avignon écrit, mis en scène et joué par Philippe Caubère.
Les jours pairs La Ficelle, les jours impairs La Mort d’Avignon
Théâtre du Rond-Point
2 bis, avenue Franklin D. Roosevelt, Paris-8ème
M° Franklin-Roosevelt, Champs-Elysées-Clemenceau
Tél. : 01-44-95-98-21
Jusqu’au 2 novembre, du mardi au samedi à 20 heures
Durée : 2 h environ sans entracte
De 10 € à 33 €

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Chacun sa croix ! à la Comédie Bastille

Chacun sa croix à la Comédie BastilleSur le plateau du Jura, enneigé et isolé, un petit village ne compte plus que sur l’épicerie, l’église et la mairie pour survivre.
Le curé et le maire : les voici réunis autour de la table pour résoudre une cruciale question : trouver quelqu’un pour reprendre l’épicerie.
C’est ce moment que Rosa, jeune fille fraîchement sortie de prison, choisit pour demander de l’aide et du travail à son visiteur de prison, qui n’est autre que Jean-François, notre curé de campagne… La nouvelle épicière semble toute trouvée.
Il faut ajouter que Rosa en pince un peu pour Jean-François, qu’elle prenait pour une homme tout à fait « civil », que le petit sacristain, de son côté, en pince pour Rosa et que la bonne du curé, Jeanine, n’est pas indifférente au plumage et au ramage du maire-instituteur qui, évidemment, le lui rend plutôt bien.

Pièce bien écrite et mise en scène avec ressort, Chacun sa croix a tous les atouts pour divertir et amuser efficacement le spectateur.
Côté distribution, rien à redire si ce n’est une mention spéciale à Carole Massana (Jeanine), comédienne singulière et passionnante, dotée d’un physique, d’une force et d’un talent comique exceptionnels, et à Julien Cafaro, qui fait des merveilles dans le rôle du maire-instituteur mou et indécis, malmené par un curé, lui, tout à fait énergique.
Mais la fin de la pièce verra la situation basculer en quelque sorte, quand le maire-instituteur nouvellement fiancé à Jeanine va se trouver tout ragaillardi alors que le prêtre, troublé, résiste aux charmes de l’ex-taularde avec un peu moins de détermination…

Chacun sa croix !
Comédie Bastille
Une pièce de Jean-Christophe Barc
Mise en scène : Thierry Lavat
Avec : Julien Cafaro, Didier Constant, Manon Rony, Carole Massana, Erwan Creignou
Du mardi au samedi à 21h30, matinées samedi et dimanche à 17h
Prix des places : 26 euros

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