Après l’univers des grottes évoquées (voire reconstituées) par l’art au Musée des Abattoirs de Toulouse, nous voici dans cette cavité aux volumes imposants qui accueille les œuvres des mêmes artistes : la grotte du Mas d’Azil en Ariège.
Voûte bien vaste ouverte par la rivière ancienne, où passent même les automobiles, sans se douter qu’elles longent les « favelas d’Azil » de Pascale Marthine Tayou, faites de centaines de petites maisons de carton, accrochées à la pente.
Bien au-dessus de la rivière, comme tracé à la craie, un dessin qui rappelle à la fois les thèmes des aborigènes d’Australie et le relevé topographique d’un réseau souterrain est projeté sur le plafond de la voûte.
Dans la fraîcheur et l’opacité du monde sous terre, Delphine Gigoux Martin a pensé à l’éclairage : deux lustres de tessons de bouteilles ont attiré les papillons pendant que l’ombre de chauves souris tourne sans cesse. La salle du chaos est immense, et permet l’installation de plusieurs œuvres. Les plus frappantes sont celles de David Altmejd. Sept êtres fantastiques, plus ou moins ailés, ressortent terriblement blancs, juchés sur des hauteurs différentes, en attente du visiteur qui vient chercher l’aire de départ pour le rêve. Paul-Armand Gette ne déroge pas à sa réputation, sa photo de figue ouverte fait bien écho à un thème exploré par les spécialistes de l’art pariétal : la représentation symbolique des sexes. Jean-Luc Parant a profité d’une pente naturelle pour installer au sommet un « Parantosaure », pondant des milliers d’œufs qui dévalent la pente. Les bronzes de Miquel Barceló sont posés sur le sol du petit musée et renvoient aux objets archéologiques de la vitrine.
Charley Case et Thomas Israel ont assimilé un des caractères de la peinture paléolithique : son apparence mouvante, lorsque la figure, qui a profité des reliefs de la paroi, semble bouger à la lumière vacillante des torches. Ici, point de torches, mais une vidéo intègre astucieusement dans le creux de la roche l’image d’une femme qui donne la vie. Sur une surface plus plane, passe une femme nageant. Une belle réussite. On retrouve dans un coin de la « salle des chamans » le travail de Serge Pey avec ses bâtons de mots et ses dessins à la craie. Les trois squelettes d’ours des cavernes de Mark Dion surgissent grâce à leur peinture fluo et Virginie Yassef nous fait vivre l’orage tellurique juste avant de revenir à la lumière du jour.
L’amateur d’art contemporain se déplace ici dans un milieu inhabituel : la température, qui reste basse, l’impression d’humidité, les odeurs de roche, l’irrégularité du sol. Les œuvres, du coup, se respirent autrement. Parfois, cet amateur devra s’échapper quelque peu de l’emprise des sympathiques guides de la grotte, dont le rôle premier est de conter la préhistoire…
DreamTime. Temps du rêve
Grotte du Mas d’Azil
09290 Le Mas d’Azil – Tél : 05 61 69 97 71
Jusqu’au 11 novembre 2009
Visites guidées de la Grotte et de l’exposition DreamTime :
En juillet et août,TLJ de 10h à 18h
En septembre, du mar. au dim. de 10h à 12h et de 14h à 18h
Visites libres de la Grotte et de l’exposition DreamTime :
En juillet et août, TLJ de 10h à 13h et de 17h à 18h30
En septembre du mar. au dim. 10h à 12h et de 16h30 à 18h
Visites guidées spécifiques « Art contemporain – DreamTime » :
En juillet et août TLJ à 17h
Tarifs : Adultes : 6,10 € (TR 4,60 €), enfants de 6 à 15 ans : 3,10 €
Cette exposition est présentée parallèlement à celle du Musée des Abattoirs de Toulouse (lire le billet du 1er juillet 2009), où sont présentés les travaux préparatoires ainsi que des œuvres existantes des mêmes artistes ou des productions conçues en écho à la grotte du Mas-d’Azil. Une contremarque « DreamTime » donnant droit au tarif réduit pour l’entrée de la Grotte est remise aux visiteurs du Musée des Abattoirs et inversement.