On aime beaucoup cette exposition originale, qui allie à la beauté des textes celle de l’image. Elle réunit cinq artistes : un écrivain, Vincent Pachès, quatre dessinateurs, André François, Josse Goffin, Daniel Maja et Antonio Segui, et une graphiste, Béatrice Jean.
Le principe d’élaboration de ces œuvres est le même : Vincent Pachès envoie des textes aux illustrateurs, à partir desquels ils imaginent des dessins. L’écrit ne fait donc pas ici office de légende mais de point de départ à l’envol de l’imaginaire de l’illustrateur.
Les textes tiennent de l’aphorisme, du haïku, du poème, voire de l’hommage (dont le superbe hommage à Albert Camus, écrit dans la veine lyrique de l’auteur de Noces). Leur point commun : un regard tour à tour décalé, hilarant, cruel, enfantin, voire très tendre.
Les univers graphiques sont très contrastés, chacun des illustrateurs ayant un style bien affirmé. Daniel Maja, très connu dans la presse (il collabore par exemple depuis vingt-cinq ans au Magazine Littéraire) emporte loin le texte – et nous avec – de son trait riche, inventif, léger et poétique. Il est l’un des coups de cœur de l’exposition.
Autre coup de cœur, les œuvres résultant de la complicité de Vincent Pachès avec Béatrice Jean, avec qui il a fondé La Boîte à gants, maison d’édition spécialisée dans le livre d’artistes. Ici, l’image résulte de l’assemblage des mots eux-mêmes : soit que, répétés et serrés sur la feuille ils finissent par former un dessin, soit qu’un savant et élégant travail typographique donne au texte tout sa grâce.
Les autres dessinateurs ne sont pas moins bluffants : Antonio Segui avec ses illustrations noir et blanc, Josse Gofin avec ses dessins très colorés et parfois naïfs, André François (mort en 2005), rendu célèbre notamment par ses illustrations des grands auteurs du XXème siècle comme Prévert, Vian ou encore Queneau mais aussi pour son Bestiaire hebdomadaire dans le journal Le Monde.
Toutes ces œuvres surprenantes et pleines de fantaisie sont bien difficiles à décrire. On s’en rend compte en allant les découvrir dans le délicieux Hôtel de Sens qui abrite la Bibliothèque Forney à Paris (4ème), où sont réunis pas moins de 160 estampes, mais aussi des originaux et des livres d’artistes. Un régal pour les yeux comme pour l’esprit.
Les mots en quête d’images
Hôtel de Sens – 1 rue du Figuier 75004 Paris
Jusqu’au 29 mars 2014
Du mardi au samedi de 13h à 19h, entrée : 6 € / 4 € (tarif réduit)/ 3 € (demi tarif)
A visiter sur le web, le site de Vincent Pachès, le blog de Daniel Maja