Présentée au musée Guimet, Le thé, histoires d’une boisson millénaire est la première exposition consacrée en France à l’histoire du thé.
Passionnante, elle raconte la naissance et la diffusion de cette boisson dont la consommation est entrée dans les mœurs chinoises au début de notre ère, avant de se répandre en Asie orientale, au Moyen-Orient, en Europe puis en Amérique.
L’introduction rappelle quelques données fondamentales, notamment botaniques, dont on retient que le théier est de la famille des camélias, arbre qui au printemps se couvre de petites fleurs blanches au cœur jaune : voir la délicate peinture sur soie chinoise du XIII° siècle représentant une branche de théier impérial en fleurs. Cultivé dans des "jardins de thé" en altitude, sous des climats chauds et humides, il est taillé en buissons ne dépassant pas 1 m 20 de haut. Ses bourgeons et feuilles tendres sont récoltés au printemps.
Un album sur papier de riz du XVIII° siècle montre les différentes étapes de la fabrication du thé : flétrissage, roulage, oxydation stoppée par chauffage. La classification chinoise selon la couleur de l’infusion résulte non pas d’espèces de théiers différentes mais du traitement des feuilles : ainsi, le thé blanc n’est que séché, alors que le thé vert est torréfié et peu oxydé et le thé noir totalement oxydé et fumé. Quant au "thé" rouge d’Afrique du sud, il n’est pas, lui, issu du théier.
Enfin, toujours en tête de parcours, La tonne de thé, œuvre monumentale (ce poids de thé compressé) de l’artiste chinois Ai Weiwei, né en 1957, introducteur de l’art contemporain en Chine où il est revenu – et désormais interdit de sortie du territoire – après avoir passé dix ans à New-York, exprme l’importance du thé, boisson après l’eau la plus consommée dans le monde.
Après un petit film sur Tseng Yu Hui, unique maître de thé femme, l’histoire du thé nous est contée à travers ses trois grands modes de préparation successifs, correspondant à trois grandes périodes : le thé bouilli, le thé battu et le thé infusé.
A chacun de ces chapitres sont montrées la naissance puis la diffusion du précieux breuvage, à travers de magnifiques objets provenant du fonds Guimet (des premiers grès jusqu’au porcelaines du XVIII° européen, en passant par les fameux céladons et bleus-blancs chinois), des peintures calligraphiées et des textes de lettrés – dont une édition du fameux Classique du thé écrit au VIII° siècle par Lu Yu.
D’abord utilisé par les moines pour ses vertus thérapeutiques (maintenir en éveil), il est ensuite adoubé par les lettrés (concurrençant alors le vin comme moyen de stimuler l’inspiration) et par eux paré d’une dimension spirituelle fondamentale, l’érigeant au rang de liturgie, que les Japonnais adopteront et adapteront plus tard. Au XVI° siècle, le Japonais Sen no Rikyu, le plus célèbre des maîtres de thé, est ainsi le créateur des cérémonies de thé. Il voit dans la cérémonie, qui doit être gouvernée selon les quatre principes de sérénité, de simplicité, de respect et d’harmonie, un acte spirituel entre le maître de thé et ses invités.
En Occident, le thé a été introduit au XVII° siècle dans les milieux aristocratiques avant de se répandre progressivement dans les autres classes sociales. Ici comme ailleurs, il est considéré comme la boisson qui a le plus influencé les mœurs sociales.
Mais c’est surtout le raffinement qui entoure sa consommation en Chine et au Japon, par les objets comme par la dimension poétique du geste, que l’on retiendra de cette très belle et savante exposition.
Le Thé – Histoires d’une boisson millénaire
Musée Guimet
6, place d’Iéna- 75116 Paris – Tél.: 01 56 52 53 00
TLJ sauf le mardi, de 10h à 18h
Fermé les 25 décembre et 1er janvier, et fermeture des salles à 16h45 les 24 décembre et 31 décembre
Entrée de l’exposition 8€ (TR: 6€)
Nombreuses activités autour de l’exposition : programme à consulter sur le site
L’exposition est prolongée Jusqu’au 28 janvier 2013