Ce que mes yeux ont vu est ce que mes yeux verront si je prends la peine de regarder ce qu’il y a réellement, si je découvre ce qui est caché "derrière". Ainsi pourrait se résumer le propos de ce joli film un peu bancal, non exempt de défauts mais qui en définitive convainc et ne manque pas de séduire.
Lucie, étudiante en histoire de l’art, interprétée par Sylvie Testud, axe ses recherches sur Antoine Watteau. Son directeur de mémoire (Jean-Pierre Marielle), qui a effectué ses propres travaux sur le peintre du Gilles et des fêtes galantes, suit son travail de très près. Mais lorsque Lucie se trouve sur la piste qui pourrait l’amener à éclaircir le mystère de la femme que l’on retrouve sur différents tableaux du maître, toujours de dos, le professeur essaie de la détourner de ses recherches.
Ce que le film a d’original et de tout à fait réussi est de rendre l’enquête autour de la peinture de Watteau aussi haletante que n’importe quelle intrigue policière.
La faiblesse d’exploitation des personnages (Bartillat ne va guère plus loin que l’esquisse) est bienheureusement contrebalancée par l’apparition d’un jeune homme pour le moins hors norme. Vincent, joué par notre très cher James Thierrée, est sourd-muet. Il fait le mime (façon statuaire) dans la rue ; son comportement est étrange ; il semble obsédé par la jeune femme.
Dans une très belle scène, sur le trottoir d’une rue de Paris, il s’agenouille au dessus d’une bouche d’égouts et lui fait signe de faire de même. En dessous coule la Bièvre. Métaphore simple et efficace pour signifier ce qui est caché, ce qui est dessous. Et c’est lui qui mettra l’étudiante-enquêteuse sur le chemin de la vérité… avant de disparaître à jamais, emportant le mystère de son personnage avec lui.
Entre temps, il aura contribué à imprimer à ce film son originalité et une ambiance aussi singulière qu’attachante non dénuée de charme.
Ce que mes yeux ont vu. Laurent de Bartillat
Avec Sylvie Testud, Jean-Pierre Marielle, James Thierrée
Durée 1 h 28