Piero Fornasetti : la Folie pratique. Musée des Arts décoratifs

arts_deco_fornasettiDes meubles, des assiettes, des porte-parapluies, des plateaux, des foulards, des paravents, des papiers peints… vous verrez tout cela, et mille encore, dans le nef du musée des Arts décoratifs à Paris où, jusqu’au 14 juin 2015 est présentée la première rétrospective consacrée à Piero Fornasetti en France.

Né en 1913, mort en 1988, le Milanais Piero Fornasetti fut un immense designer et décorateur du XX° siècle, inclassable et reconnaissable entre tous. La plus célèbre de ses créations est une série d’assiettes sur lesquelles s’étale en noir et blanc et en gros plan un visage rond et féminin : celui de la soprano Lina Cavalieri, qu’il a décliné en quelques 350 versions.

Si ce motif est typique du style de Fornasetti – l’imprimé, le noir et blanc -, il est loin de le résumer. La grande salle exclusivement dédiée aux plateaux dans l’exposition est à cet égard emblématique de la variété de ses motifs : architecture, fleurs, feuillages, couverts, oiseaux, poissons, serpents, instruments de musique, personnages de carnaval ou de troubadours issus de gravures anciennes… Tout y passe, le créateur – qui était tout à la fois dessinateur, imprimeur, sculpteur – semblait trouver l’inspiration aussi bien dans les sujets nobles (reliefs de l’Antiquité romaine, dessins d’architectures de Palladio, figures mythologiques…) que dans les plus triviaux (voir le foulard quadrillé de canes, qui fait ressembler l’ensemble à une tuyauterie géométrique…).

Il collectionnait avec soin les motifs trouvés dans les livres, catalogues etc. , les retravaillait et enfin tentait tout ce qu’il est possible de faire en matière d’imprimés et de supports (papier, céramique, verre, cuivre, textile). Habile autant avec le noir et blanc que les couleurs, qu’il choisissait fort belles (vert presque émeraude, rouge amarante, turquoise, beige or…), il savait faire claquer un point de rouge sur du noir et blanc, l’or sur le blanc, les bouquets multicolores sur fond noir.

como-palladianaThèmes, couleurs, motifs eux-mêmes, à plein de moments on pense à la Renaissance italienne. Pour autant, Fornasetti appartient aussi à son siècle. Il n’y a qu’à voir les meubles qu’il a décorés, dessinés par Gio Ponti, avec qui il commença à collaborer dès le début des années 1950. Inspirés du modernisme, ils présentent des formes épurées et légères, une certaine simplicité. Mais évidemment, l’omniprésence du motif ne place pas ces magnifiques cabinets et commodes dans la droite ligne moderniste du XX° qui a plutôt cherché à éliminé le décor au profit de la fonction.

Loin de cette austérité-là, les pièces de décor, les assiettes, les foulards de Fornasetti nous emmènent au contraire dans un univers où règnent le trompe-l’oeil, la fantaisie et l’imagination. La mise en scène de l’exposition à Paris (présentée à Milan en 2013) met merveilleusement en relief cette richesse créative, cette audace, ce goût du jeu, de l’érudition et du beau. Même le petit film, qui n’explique rien mais montre tout sur un rythme trépidant, est une réussite. Quant à la dernière salle, elle montre que Barnaba Fornasetti veille à perpétuer l’œuvre de son auguste père. Il a mille fois raisons, tant ce patrimoine-là semble inépuisable.

 

Piero Fornasetti : la Folie pratique

Musée des Arts décoratifs

107, rue de Rivoli – Paris 1er

Tél. : +33 (0)1 44 55 57 50
Métro : Palais-Royal, Pyramides ou Tuileries
Bus : 21, 27, 39, 48, 68, 69, 72, 81, 95

Du mardi au dimanche de 11 h à 18 h, le jeudi nocturne jusqu’à 21 h

Jusqu’au 14 juin 2015

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A cinq heures de Paris. Leon Prudovsky

A cinq heures de Paris

Voici une comédie romantique comme on aimerait en voir plus souvent. Ni poussive, ni cul-cul la praline, ni cousue de fil blanc. Sa légèreté évoque ce qui porte haut avant d’imprimer au cœur un pli de gravité : l’élan éprouvé ensemble par un homme et une femme, irrésistible et parfois contrarié.
Nous sommes en Israël, près de Tel-Aviv. Yigal est chauffeur de taxi, divorcé, père d’un garçon qui s’obstine à ne vouloir ni jouer au piano ni chanter malgré les injonctions assurées de son beau-père (ou à cause de celles-ci…). Il est un homme en retrait, discret, bon esprit, un peu contemplatif et surtout très valeureux combattant de la phobie qui l’empêche d’aller à Paris fêter la bar-mitsva de son fils : la peur de l’avion.
Un soir, il fait la connaissance de Lina, le professeur de musique de son fils. Elle est mariée, mais le mari en question a la bonne idée de se trouver au Canada pour y obtenir de son diplôme d’urologue. Il a hélas aussi celle, fixe et beaucoup moins bonne, de vouloir s’installer dans ce beau et froid pays avec son épouse.

La trame du film est naturellement ce qui va se nouer entre Yigal et Lina. L’histoire est déroulée avec subtilité, à l’image de la relation entre ces deux êtres délicats, plutôt résignés et dépourvus de violence, dont les cœurs se mettent à déborder avec naturel, simplicité et pudeur.
Si les deux principaux protagonistes sont très bien incarnés, les personnages qui les entourent, amis et famille ne le sont pas moins, presque tous assez complexes voire ambigus. Tous très attachants en somme, et c’est avec un plaisir croissant que l’on suit cette "aventure" qui n’y ressemble pas et laisse un doux parfum de mélancolie, l’effluve du bonheur vécu.

A cinq heures de Paris
De Leon Prudovsky
Avec Dror Keren, Helena Yaralova, Vladimir Friedman
Durée 1 h 30
Sorti en salles le 23 juin 2010

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