C’est grâce à l’industriel lyonnais Emile Guimet (1836-1918), grand passionné de l’histoire des religions, que le musée des Arts asiatiques – à l’origine musée des Religions – a ouvert ses portes en 1889.
Il abritait au départ les oeuvres rapportées d’une mission scientifique lancée par Emile Guimet au Japon, en Chine et en Inde.
Devenu national en 1928, le musée a accueilli les sculptures khmères du musée Indochinois du Trocadéro, puis, en 1945, a échangé ses pièces classiques et égyptiennes contre les collections d’Extrême-Orient du Musée du Louvre.
Par la suite, de nouvelles acquisitions et donations n’ont cessé de l’enrichir, au point d’en faire l’institution offrant en Occident le panorama le plus complet des arts d’Asie.
Les travaux réalisés de 1998 à 2001 ont conduit à une réorganisation complète de la présentation des oeuvres, qui permet désormais différents parcours autour de la diffusion historique des religions et selon les grandes aires géographiques.
L’éclairage à la lumière naturelle de l’époque d’Emile Guimet a été restitué.
Aujourd’hui, le musée souhaite valoriser l’enrichissement particulièrement abondant et de qualité dont ses collections ont été l’objet entre 1996 et 2006, en mettant en place jusqu’au 13 décembre, l’exposition-parcours De l’Inde au Japon, dix ans d’acquisitions au Musée Guimet.
Beau motif pour aller se perdre dans ses salles magnifiques, en repérant, au fil de sa visite, les quelques 200 oeuvres spécifiquement signalées pour l’occasion.
Petit aperçu au gré des sections.
Terre de naissance du bouddhisme, c’est naturellement par l’Inde que débute le parcours, avec l’art religieux bouddhique.
On y découvrira, notamment, un beau torse de Buddha du style d’Amaravati (IIIe siècle) en calcaire marmoréen ainsi qu’un bodhisattva Maitreya (image) du Ier ou IIème siècle, sculpture en grès rouge représentant Maitreya, bodhisattva (1) messianique prédestiné à devenir le futur Buddha, dont le culte se répandit vers le début de l’ère chrétienne et fut adopté par toutes les sectes bouddhiques.
Si dans le royaume du Champa, le long de la côte orientale du Vietnam, se développe à partir du IXème siècle un art essentiellement bouddhique, la découverte de sculptures du VIIème siècles dans un temple dédié à Shiva témoignent d’une assimilation antérieure de la culture indienne.
Un étrange objet de culte, cylindre surmonté d’un visage, attire l’attention. Il s’agit d’un étui couvre-linga en or et argent (VIIIème siècle) : dans les sanctuaires consacrés à Shiva, l’image la plus sacrée, symbolique et abstraite affectait la forme d’un cylindre, le linga (qui signifie « signe »), pierre d’aspect phallique insérée dans un piédestal mouluré. Elle pouvait, comme le montre cet objet, être magnifiée par un élément d’orfèvrerie destinée notamment à protéger le linga.
Poursuite de l’exposition-parcours très bientôt avec notamment les arts décoratifs indiens, la peinture japonaise et chinoise…
1996-2006, de l’Inde au Japon dix ans d’acquisitions au musée Guimet
Musée national des Arts asiatiques
Exposition-parcours du 13 juin au 13 décembre 2007
6, place d’Iéna – Paris 16ème
M° Iéna, Boissière – RER Pont de l’Alma
Tlj sauf le mardi de 10 h à 18 h
Entrée 6,50 € (TR 4,50 €)
(1) bodhisattva : dans la religion bouddhique, sage ayant franchi tous les degrés de la perfection sauf le dernier qui fera de lui un bouddha.
Image : bodhisattva Maitreya Epoque kushâna. Fin du Ier siècle ou première moitié du II ème siècle. Inde du Nord. Uttar Pradesh. Région de Mathurâ. Grès rouge. © Thierry Ollivier / RMN