L’histoire est au départ un choc de culture ; elle se nourrit d’échanges, donne lieu à des tâtonnements et ne finit pas.
Il y a d’abord l’ouverture : après des siècles d’autarcie, le Japon, sous l’ère Meiji (1868-1912) s’ouvre à l’Occident.
D’un côté, des objets et des estampes japonaises débarquent en Europe. L’engouement est immédiat ; la mode du Japonisme vogue très vite, et bientôt naît l’Art Nouveau, sa stylisation, sa prédilection pour les motifs floraux et végétaux…
En même temps – c’est ce que l’exposition visible à la Maison de la culture du Japon à Paris jusqu’au 26 janvier prochain met en évidence – au Japon, des artistes aspirent à sortir de leur culture ancestrale.
A partir de la fin du XIXème siècle, ils débarquent en petit nombre à Paris, puis de plus en plus nombreux dans la première partie du XXème siècle.
Ils ont découvert la peinture à l’huile seulement à l’ère Meiji grâce à l’ouverture économique de l’archipel. Ils viennent voir en Europe ce que les Occidentaux ont fait de ce qui est pour eux un nouveau matériau.
Ici, c’est l’impressionnisme, c’est Van Gogh, Cézanne, puis Picasso, Kandinksy… Les mouvements bouillonnent, les recherchent aboutissent à des formes d’expression picturale nouvelles.
Les plus belles oeuvres des avant-gardes d’hier sont depuis longtemps devenues des canons pour l’amateur d’art occidental du début du XXIème siècle.
Découvrir aujourd’hui ce que peignaient les artistes japonais à la même époque lorsqu’ils ont cherché à "occidentaliser" leur peinture provoque une étrange sensation tant ces tableaux semblent maladroits, faire pâle figure. On y lit les inspirations les plus diverses qui vont du Greco au surréalisme en passant par l’école de Fontainebleau, l’impressionnisme, Ingres, Manet, Renoir ou Picasso, traduisant la foule des maitres occidentaux que les artistes japonais ont découverts d’un seul coup. Le résultat semble bien souvent "en dessous" de leurs inspirateurs. Ce ne sont donc pas toutes les oeuvres en tant que telles qui méritent le détour, mais plutôt les recherches qu’elles traduisent, menées par des artistes qui ne connaissaient que l’estampe japonaise et se sont soudain ouverts à tout ce qui se faisait en Europe, dans une période de frénésie picturale particulièrement vive, et qui, en quelques décennies, se sont appropriés ces "modèles" totalement nouveaux pour eux.
Restent en tout état de cause des oeuvres belles et très intéressantes, telles celles, mi-académiques, mi-impressionnistes, du premier d’entre eux, Kuroda (1866-1924), chez qui la culture du levant demeure bien visible, avec ses tonalités claires et fondues, ses verts céladon et jaunes pailles éthérés, ses silhouettes impassibles et ses motifs végétaux décoratifs.
L’exposition est aussi l’occasion d’admirer les tableaux magnifiques de Foujita (1886-1868), la délicatesse de ses couleurs et de ses sujets, sa manière de souligner les contours d’un trait fin, oeuvres qui résonnent comme autant d’odes à la féminité et à la sensualité, au fantastique, au rêve et aux contes.
De Kuroda à Foujita – Peintres japonais à Paris
Maison de la culture du Japon à Paris
101bis, quai Branly – Paris 15ème
M° Bir-Hakeim, RER Champ de Mars
Jusqu’au 26 janvier 2008
Du mar. au sam. de 12 h à 19 h, le jeu. jusqu’à 20 h
Fermeture annuelle du 23 déc. au 3 janv. inclus
Entrée 6 € (TR 3 €)
Catalogue de l’exposition : 40 € (Ed. Fragments international)