Une digne héritière des Borgia voudrait régner sur le monde en cette fin du XVIe siècle. Elle se nomme Fausta et manigance, assassine, capture, torture sans aucun complexe. Le moyen d’arriver à ses fins : prendre le pouvoir dans l’institution où les femmes sont le plus exclues, la papauté. Fausta sera Papesse ou ne sera rien.
Quelle idée formidable de ce Michel Zevaco dont Sartre lui-même reconnaissait le génie, et dont il lisait avec avidité les feuilletons lorsqu’il était jeune ! Fausta est consciente qu’elle ne peut vaincre que si elle ne cède à aucun de ceux qui détiennent le pouvoir, les hommes. Elle restera donc vierge et renoncera à tout sentiment qui pourrait l’affaiblir devant un homme.
Dans ce quatrième volume des aventures de Pardaillan (« Fausta vaincue »), la lutte, très ambiguë bien sûr entre Pardaillan et Fausta est à son comble. Enfin, il reste tout de même 6 autres volumes pour juger vraiment, parce que c’est le dernier seulement qui s’intitule « La fin de Fausta » ! Il fallait bien plus de 4000 pages pour nous faire vivre 60 ans d’histoire sur un rythme échevelé, aux rebondissements rocambolesques, truffée d’exploits accomplis au fil de l’épée, mais aussi en riant sous cape.
Pardaillan, qui essaie de ne pas prendre vraiment parti dans ce tourbillon de rivalités où se mêlent religions, batailles autour du trône de France, influences italiennes avec Catherine de Médicis, est amené à intervenir dans les grands événements de notre histoire nationale : c’est quand même lui qui a tué le Duc de Guise, qui a soufflé à Henri IV la formule célèbre « Paris vaut bien une messe » !
Certes Zévaco s’amuse avec l’Histoire, mais surtout il nous offre la joie de la lecture, qui s’appuie sur l’imagination pour évoquer les questions de toujours : pouvoir, désir, liberté. Et quel personnage que cette Fausta ! Alors qu’elle a tenté de tuer pour la énième fois Pardaillan : « Je suis vraiment au regret madame, que vos vœux n’aient pas été mieux accueillis par le Ciel. Puis-je, avant de nous quitter, vous être bon en quoi que ce soit ? Fausta devient blême. Son orgueil souffrit plus qu’il n’avait jamais souffert. Elle fut écrasée par cette générosité simple et souriante, qui lui apparut comme un prodigieux dédain ».
Les Pardaillan
Michel Zevaco
Bouquins Robert Lafont