Petit déjeuner avec Mick Jagger. Nathalie Kuperman

Nathalie Kuperman, Petit déjeuner avec Mick Jagger, l'OlivierPour mieux les connaître et découvrir leurs secrets, Olivier Cohen a demandé à des auteurs d’écrire sur leurs héros préférés.

Tel est l’objet de la collection "Figures libres", où le héros joue le rôle de "révélateur, à la manière de cette encre sympathique qui ne devient lisible que lorsqu’on approche d’une source de chaleur le papier qui lui sert de support" explique joliment le fondateur des Éditions de l’Olivier.

Exercice de style réussi et bouleversant pour Petit déjeuner avec Mick Jagger de Nathalie Kuperman, roman qui contient le "roman" – mais pas seulement – que se fait Nathalie Kuperman, treize ans, seule dans l’appartement de sa mère, en attendant que Mick Jagger vienne prendre son petit-déjeuner avec elle.
"Je voudrais non pas qu’il tombe amoureux de moi, mais qu’il me laisse la possibilité de lui expliquer qui je suis, pourquoi je vis et en quoi il incarne ma vie. Je pensais que le petit déjeuner était le moment idéal pour évoquer, calmement, les aspects de mon attachement".
Ainsi s’inventent les histoires et ainsi Nathalie, perdue de solitude entre une mère toujours fatiguée, éternellement absente, et un père qui a fichu le camp à Berlin, s’invente une histoire d’amour avec la rock star.

Tout a commencé le soir où, en dansant comme une folle sur une chanson de Mick Jagger, elle a découvert l’ivresse et l’espoir de l’amour. Elle a ensuite acheté un disque, puis un poster : "Ce n’est pas tant sa beauté que la possibilité de son visage près du mien qui m’a fait découvrir la possibilité de l’amour".
Alors Nathalie se met à y croire, à lui parler, à entendre sa voix, tant est fort le besoin de trouver un élan vital, pour fuir sa peur du sommeil maternel et son dégoût du sexe qui s’est imprimé pour toujours en elle lorsqu’elle avait huit ans et qu’un salaud bien habillé lui a demandé, finaud : "Sais-tu ce que spermatozoïde veut dire ?" avant de la tripoter tranquillement.

Pour s’ancrer dans la vie, la vraie vie, Nathalie s’accrochera au moindre détail, telle sa découverte du café pour remplacer son bol de chocolat matinal : "L’odeur du café qui vient de passer est celle du miracle". Une façon de devenir adulte, bien sûr, mais dans la solitude et la souffrance d’une vie réduite en miettes dès l’enfance. Une vie que Nathalie Kuperman, dans ce roman aux accents autobiographiques, tente en vain de recoller, comme le poster de son héros que sa mère a réduit en mille morceaux, le transformant en un puzzle dont il restera à jamais des pièces manquantes.

Petit déjeuner avec Mick Jagger. Nathalie Kuperman
Éditions de l’Olivier, collection "Figures libres" (août 2008)
128 p., 14 €

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