Il y a le corps aux rondeurs sculptées par la natation de Cécile de France et le corps large tout en muscles de Patrick Bruel.
Ils sont Tania et Maxime, les parents du petit François.
Mais l’enfant est maladroit, chétif, et craint l’eau comme un chat.
D’emblée, le contraste est excessif.
On est dans les années 1950 ; le soleil brille fort au dessus des corps dorés et de la piscine rutilante.
Le sourire de la blonde Tania explose comme une volonté tenace devant son petit garçon angoissé et son sportif de mari qui ne peut s’empêcher de laisser un profond regret à voir le malingre fils qu’il a engendré.
C’est sur ce tableau familial déséquilibré, dont le fils, dans son corps rachitique, se vit comme un symptôme maladif face à ses sportifs parents, que s’ancre l’histoire de cette famille juive, celle de son secret.
Au fil d’allers-retours du passé au présent, du présent au passé et du passé au passé, la narration tourne autour de la période de la Seconde Guerre mondiale, et finit par y plonger : c’est pendant la période de l’occupation que le drame s’est joué.
C’est drame là, c’est une passion amoureuse, qui s’est nouée au soleil, dans une nature idyllique, pendant que d’autres juifs étaient déportés.
L’interdit est écrasant de conséquences ; indécent.
Claude Miller a extraordinairement tiré parti de la trame romanesque du livre de Philippe Grimbert en faisant le choix d’un esthétisme radical : acteurs magnifiques, costumes et décors d’époque extrêmement léchés, photo cristalline.
Sous un soleil obstiné, c’est une tragédie que le cinéaste a voulu montrer ; en cela, le film est, comme le roman, beau et émouvant, mais, certainement, beaucoup plus dérangeant.
Un secret
un drame de Claude Miller
Avec Cécile de France, Patrick Bruel, Ludivine Sagnier, Julie Depardieu, Mathieu Amalric, Nathalie Boutefeu…
Durée : 1 h 40
Le roman du psychanalyste Philippe Grimbert a été publié chez Grasset en 2004 et depuis été réédité en poche (Le Livre de Poche, 5,50 €).