Suite de la conférence sur l’histoire du livre au XVII° siècle.
Au cours du XVII° siècle, la carte de la production de livres se redessine, tant au niveau des pays d’Europe que sur le royaume de France.
L’arc de prospérité lombardo-rhénan perd de sa puissance : l’Italie du Nord – Venise – en particulier décline.
La production imprimée de l’Allemagne et du centre de l’Europe s’effondre : la Guerre de Trente ans a porté un coup aux grandes foires de Francfort et de Cologne, et donc à un important commerce du livre.
La nouvelle répartition des axes commerciaux va frapper durement la Suisse et Lyon.
En revanche, elle profitera aux Pays-Bas du Nord qui viennent d’acquérir leur indépendance, ainsi qu’à la France.
Les Pays-Bas du Nord sont le phare de la production éditoriale du XVII° siècle.
Dans ce pays de tolérance – calviniste mais accueillant vis-à-vis des autre religions – où une grande diversité d’auteurs et d’imprimeurs cohabitent, la dynastie Elzévir multiplie les publications de grande qualité : publications classiques, publications savantes, grands succès de la littérature française ; mais également publications prohibées en France.
La France devient pour sa part le centre de gravité de l’édition européenne et ce pour de multiples raisons :
Raisons géographiques : la façade atlantique est particulièrement favorisée dans les échanges commerciaux.
Démographiques : avec 20 millions d’habitants, la France est le royaume le plus peuplé d’Europe.
Des réseaux des villes répartis sur tout le territoire et ceux des collèges jésuites qui assurent un marché éditorial important, une capitale qui s’intensifie au cours du siècle.
Après les guerres, le royaume retrouve une stabilité politique avec la montée en puissance de l’absolutisme bourbon.
Culturellement, la Fance atteint une certaine maturité : seulement 20 % des éditions sont latines, ce qui est bien moindre que les productions des autres pays d’Europe.
Enfin, au XVII° siècle, la configuration du paysage éditorial se modifie profondément.
Si Paris demeure leader, les centres provinciaux de la façade Ouest connaissent un essor très important, qui repose notamment sur des facteurs institutionnels.
Ainsi, la multiplication des communautés (corporations) touche également les métiers du livre.
En l’absence d’avancée technologique et de faible accumulation du capital, les corporations jouent un rôle important en favorisant la solidarité entre imprimeurs, éditeurs, libraires.
Les juridictions locales, les Parlements de province encouragent la politique économique et appuient les corporations du livre, considéré comme un instrument de rayonnement, en éditant des législations favorables à ces métiers.
On voit ainsi les libraires venir s’installer, se nicher contre les Parlements.
Mais à contre-courant de cette expansion provinciale, on assiste progressivement à un mouvement de centralisation de plus en plus accentué.
La Fronde, avec la publication, dans un climat d’insubordination vis-à-vis du pouvoir central, de milliers de « mazarinades », pamphlets du cardinal Mazarin, sera le dernier accès de fièvre avant la marche vers la monarchie absolue.
Le livre sous l’emprise du pouvoir centralisateur du Roi-Soleil : suite et fin du livre au XVII° siècle demain …
Le livre au Grand Siècle.
Bibliothèque Nationale de France
Cycle Histoire du livre, histoire des livres
Conférence de Jean-Dominique Mellot,
Service de l’inventaire rétrospectif
Conférence du 8 mars 2007
Le découpage et le titre sont le choix de Mag