Un garçon impossible, de Petter S. Rosenlund (né en Norvège en 1967) a été montée pour la première fois en 1997 au Théâtre Trøndelag. Distinguée par le prix Ibsen 1998, la pièce a depuis été présentée deux fois en France, au Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis par Stanislas Nordey, puis au Studio Théâtre de la Comédie Française dans une mise en scène de Frédéric Bélier-Garcia en 2000.
Un garçon impossible est cette saison donnée au Théâtre du Rond-Point dans la grande salle Renaud-Barrault. Le plateau réunit des comédiens de renom, au premier rang desquels Isabelle Carré, tandis que le chef d’orchestre n’est autre que Jean-Michel Ribes, le maître des lieux.
La pièce se déroule dans un hôpital (décor assez impressionnant en carrelages et plexiglas un peu glauques) où Cécilie, ravissante infirmière, jeune et blonde mais esseulée (Isabelle Carré) harcèle son amant, Henrik, médecin fat en costume trois pièces (joué par Eric Berger, le grand dadais de Tanguy chez Chatiliez). Naturellement, Henrik est tout autant harcelé, via téléphone portable, par son épouse désœuvrée et en mal d’enfant.
Sur cette ligne de départ (un schéma usé jusqu’à la corde), arrivent Sylvia (Hélène Viaux) et son fils Jim, âgé de huit ans (joué par le longiligne Micha Lescot) pour un prétendu problème d’audition : Jim n’entendrait pas la voix de son grand-père, mort, selon les précisions de Sylvia.
On change alors de registre, le bizarre fait son apparition. Impression confirmée : le grand-père (Jean-Yves Chatelais) est tellement trépassé que le voici qui déboule, tonitruant, plein de voix et de vie (et de vices, comme on ne tardera pas à l’apprendre).
Dans la foulée, tandis que Cécilie tente (avec beaucoup d’efficacité) de séduire le petit Jim, Sylvia annonce que le père du gamin n’est autre que Henrik, le médecin tout à fait empêtré. Pour finir, le môme liquidera tout le monde, car visiblement tous commencent à l’emmerder sérieusement.
Quel est le propos de cette pièce ? Le travail de Jean-Michel Ribes n’en donne qu’une vague idée. Mélange de vaudeville, de théâtre de l’absurde et de chronique du monde contemporain (quoique…) avec ses individus névrosés, pervers et violents : le spectateur a du mal à comprendre de quoi la pièce parle exactement, et surtout à en être touché.
La mise en scène, qui manque d’idée et se réfugie avec constance dans l’excès, n’est peut-être pas pour rien dans l’indifférence et l’ennui qui s’emparent progressivement du public.
L’humour est censé être grinçant. Est-il seulement ? Le fait est que personne ne rit. Quant à la noirceur de la pièce, elle semble étouffée sous les cris d’hystérie qui seuls, de bout en bout, semblent inspirer la direction d’acteurs.
Malgré l’envie de saluer les efforts des comédiens, dont on souffre de voir le talent ainsi quelque peu gâché, les applaudissements restent tièdes, avant, que, très vite, la salle pleine à craquer ne se désemplisse dans le silence et la désolation.
Un garçon impossible
De Petter S. Rosenlund
Traduit du norvégien par Terje Sinding
Mise en scène Jean-Michel Ribes
Avec Éric Berger, Isabelle Carré, Jean-Yves Chatelais, Micha Lescot, Hélène Viaux
Décors Patrick Dutertre
Théâtre du Rond-Point
2bis, av. Franklin D. Roosevelt – Paris 8ème
M°Franklin D. Roosevelt ou Champs-Élysées Clemenceau, bus 28, 42, 73, 80, 83, 93 Jusqu’au 28 février 2009
A 21 h, le dimanche à 15 h
Durée 1 h 20 sans entracte
Places de 10 € à 33 €
Photos © Brigitte Enguerand