Comment les hommes et les femmes vivaient autrefois dans le Haut-Couserans et plus largement dans les Pyrénées, à l’époque où n’existaient ni routes ni automobiles ?
En parcourant le passionnant Centre d’interprétation des vallées du Haut-Salat au château de Seix (Pyrénées ariégeoises), on réalise que pendant des siècles, les modes de vie pyrénéens n’ont pratiquement pas changé.
Il faut attendre l’avènement de la révolution industrielle pour que ce « modèle » stable vole en éclats, laissant la place à un milieu géographiquement et économiquement marginalisé, ne devant sa survie, pour une grande partie, qu’au tourisme.
Si des éleveurs sont toujours en activité (et mis régulièrement sur le devant de la scène depuis quelques années avec l’affaire de la réintroduction de l’ours), ils ne sont que la survivance d’un pastoralisme autrefois dominant et ne peuvent masquer une transformation économique et sociale profonde.
L’enseignement le plus frappant de ce voyage dans l’histoire est d’ordre géographique finalement.
A savoir que la chaîne pyrénéenne ne fut pas toujours une barrière géographique pour l’homme !
A l’époque où il ne se déplaçait qu’à pied ou à cheval, les communications étaient presque aussi lentes en plaine qu’en montagne. En outre, comme les abords des rivières étaient soumis aux crues et étaient peu habités, les hommes ont évité d’établir les routes au fond des vallées…
Aussi, pendant longtemps, la montagne fut un territoire unitaire où les hommes se partageaient une culture et une vie économique commune.
Et la naissance de la frontière pyrénéenne n’a eu à cet égard que peu d’impact : en empruntant les nombreux sentiers de montagne, qui traversaient champs et villages, il n’étaient pas plus compliqué pour les habitants de la montage de se rendre en Espagne que de gagner la plaine.
Les échanges commerciaux entre la France et l’Espagne – en partie réalisés par colportage – allaient de soi, les différentes productions des deux versants se complétant : bétail, grain et vin quittaient la France pour l’Espagne, quand huile, sel et laine faisaient le chemin inverse.
Ajoutons que certains sentiers peu surveillés permettaient à une contrebande active de faire circuler bétail français et tabac, monnaie et sel espagnol, en dehors de tout contrôle douanier…
Mais les déplacements ne se limitaient pas aux marchandises : le décalage dans l’année des travaux des champs entre le nord et le sud des Pyrénées conduisait les paysans à enchaîner les « saisons ».
Les liens entre les habitants, qui impliquaient également des solidarités traditionnelles entre les populations autour du pastoralisme, n’étaient pas uniquement d’ordre économique.
Les hommes et les femmes ont longtemps partagé une vie religieuse commune, se déplaçant et participant aux mêmes fêtes et manifestations.
L’art roman est le reflet de cette unité. Il s’est épanoui sur toute la chaîne et les édifices romans étaient souvent réalisés par les mêmes artistes qui circulaient de Toulouse à la Catalogne.
Quelle était la nourriture habituelle des montagnards ?
A quoi servaient les granges ?
Qu’appelle-t-on « estive » ?
Quelles tâches de travail incombaient aux femmes ?
Pourquoi les habitants ont-ils quitté la montagne ?
Le Centre d’interprétation répond à ces questions et à de nombreuses autres, mettant en lumière ce « jadis », qui a persisté jusqu’au XIXème siècle, héritier d’une société millénaire que le pastoralisme avait façonné de manière unitaire.
A côté des explications simples et claires, des photos anciennes, des films, des maquettes raviront toutes les générations.
Abrité dans le château de Seix joliment rénové pour l’occasion, le Centre d’interprétation des vallées du Haut-Salat, moderne et savant, fournit à tous les amoureux des Pyrénées une approche indispensable – et souvent émouvante – qui permet de mieux comprendre le monde montagnard d’aujourd’hui.
Centre d’interprétation des vallées du Haut-Salat
Château de Seix (Ariège)
Tél. : 05 34 14 02 11
Office du tourisme du Haut-Couserans
Tél. : 05 61 96 00 01 (Mlle Pauline Chaboussau)
Entrée libre
Visites guidées gratuites