Le premier long-métrage de Benh Zeitlin, un New-Yorkais d’à peine trente ans, nous emmène dans l’univers fascinant du Bayou en Louisiane, entre terre et eau, où vivent encore, hors du temps, une poignée de forcenés attachés au Bassin contre autorités et marées.
Malgré les ouragans qui dévastent leurs maigres cabanes, malgré les risques d’une nature sauvage rendue plus dangereuse encore par l’intervention des hommes, ils demeurent là, dans leur isolement, leur dénuement absolu, leur désœuvrement soigneusement défendu, leur orgueil fou.
Hushpuppy, dont la maman a disparu à la naissance, est élevée par son père, entre protection animale, éducation à la dure et abandon à soi-même.
Créative et dégourdie, elle en fait beaucoup. Mais elle se fait aussi, au fil de ses étonnements, de sa solitude, de ses rêves et de ses cauchemars. Petit bout de six ans, interprété par une Quvenzhané Wallis absolument extraordinaire.
Film profondément original et fort bien taillé, Les bêtes du Sud sauvage brille de mille facettes : moments d’action intense, plans prenant le temps de montrer la beauté du Bayou et instants suspendus auprès d’une fillette en proie à ses questions et à ses attentes s’imbriquent merveilleusement.
Mais toujours, et sans aucun bavardage, c’est une incommensurable inquiétude et un combat désespéré que Quvenzhané Wallis nous montre.
Il le fait avec une telle grâce, un lyrisme si élégant, que l’on oublie de pleurer, surpris par ce monde singulier, ébahi par la noblesse de ses crasseux habitants et porté par le courage de l’impressionnante petite Hushpuppy.
Les bêtes du Sud sauvage
Un film de Benh Zeitlin
Avec Quvenzhané Wallis, Dwight Henry, Levy Easterly
Durée 1 h 32
Date de sortie en salles : 12 décembre 2012